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© Archives NRA droite, les anciens réacteurs – désormais à l'arrêt – où ont eu lieu les accidents de 1969 et 1980
Dans un documentaire, l'ancien patron d'EDF reconnaît que du plutonium a été rejeté dans la Loire, à Saint-Laurent-des-Eaux lors d'un accident en 1980.

Les quelques mots de l'ancien dirigeant d'EDF entre 1967 à 1987 ont déclenché une réaction en chaîne malgré trente-cinq années écoulées. Dans un documentaire diffusé par Canal + lundi soir, Marcel Boiteux a admis que du plutonium, métal radioactif et toxique, a été rejeté dans la Loire après le grave accident intervenu en 1980 à la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux sur la commune de Saint-Laurent-Nouan (Loir-et-Cher).

« Ce n'est tout de même pas grand chose », répond-il tout de même au journaliste venu lui montrer un document interne d'EDF de l'époque sur le sujet.

L'actuel président d'honneur d'EDF argumente :
Oui, bien sûr, ce n'est pas bien, mais ce n'est pas grave. C'est illégal de tuer son voisin quand vous êtes en voiture et que vous rencontrez la voiture d'en face et que vous tenez mal votre volant. En cas d'accident, il se passe des choses illégales, quand on est conscient.
Les aveux ont poussé le député Vert de Paris, Denis Baupin a écrire à Ségolène Royal, ministre de l'Environnement. « Cela ne pouvait rester sans suite, explique-t-il. Est-ce que ça a été fait dans le dos de l'État ou pas... Je veux qu'on aille regarder dans les archives afin de déterminer si les services de l'État ont appris des choses avec ce documentaire ou s'ils étaient au courant. » EDF appartenait alors à 100 % à l'État.

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Sollicité par la NR, le cabinet de Ségolène Royal a réagi ce mercredi. De manière assez ferme puisque le communiqué précise que la ministre :

"a saisi les dirigeants d'EDF actuel et de l'époque et diligenté une enquête des inspections compétentes (conseil général de l'économie et conseil général de l'environnement et du développement durable) » afin de « faire toute la lumière sur les circonstances [...] et l'information dont ont bénéficié, alors, les autorités de contrôle".

Elle précise que cet accident « est connu et mentionné », notamment par le gendarme du secteur, l' Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et que « depuis 1980, d'importants progrès ont été accomplis en matière de transparence dans le domaine de sûreté nucléaire ».

Mais pour les opposants à l'énergie de l'atome, c'est un nouveau voile posé sur l'industrie nucléaire. « Au mois de février, EDF a fourni de fausses informations à l'ASN sur un arrêt de la centrale de Fessenheim, reprend Denis Baupin. J'ai eu, il y a quinze jours, le président de l'ASN en audition à l'Assemblée nationale qui doit transmettre ce dossier à la justice. J'ai donc tendance à penser que les mauvaises habitudes ont la vie dure. »