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Photo: AFP/Filippo Monteforte/Giuseppe Aresu
Silvio Berlusconi et Karima El Mahroug, surnommée Ruby
Le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, sera jugé à compter du 6 avril dans le cadre du Rubygate. Le Cavaliere est formellement accusé d'avoir payé une prostituée mineure et d'avoir abusé de sa fonction en intervenant pour obtenir sa libération.

Si la justice conclut qu'il a bel et bien payé les services sexuels de la jeune Marocaine Karima El Mahroug, surnommée Ruby, M. Berlusconi sera passible d'une peine d'emprisonnement de trois ans. Si elle juge qu'il a abusé de sa fonction, il sera aussi passible d'une peine de 12 ans de pénitencier.

En annonçant la tenue du procès, la juge Cristina Di Censo s'est rendue aux arguments du parquet de Milan. Ce dernier lui demandait de recourir à une procédure accélérée permettant le jugement immédiat de Silvio Berlusconi, étant donné « l'évidence de la preuve ».

« Nous ne nous attendions pas à autre chose », ont dit les avocats du chef de gouvernement italien, cités par la chaîne de télévision en continu Sky TG24.

Un porte-parole du parti de Berlusconi, Daniele Capezzone, a quant à lui imputé cette décision défavorable à son patron à un complot des médias et de la gauche.

« Il n'y a ni crime ni victime, mais un procès tambour battant et surtout un procès mené depuis des semaines dans les médias. Il est évident que la gauche défaite aux élections et au Parlement tente d'utiliser la justice » contre Sylvio Berlusconi, mais « ils ne prévaudront pas », a-t-il dit.

M. Berlusconi et Karima El Mahroug ont tous deux nié avoir eu des rapports sexuels dans des soirées de débauche, dites bunga bunga, qui défraient les manchettes de la presse italienne depuis des semaines. L'accusation allègue que le Cavaliere a payé les services de la jeune femme entre février et mai 2010.

L'accusation d'abus de fonction repose sur le fait qu'un proche de M. Berlusconi est intervenu pour faire libérer la jeune femme après qu'elle eut été interpellée par la police pour vol dans la nuit du 27 au 28 mai 2010.

Le chef du gouvernement italien a dit croire que la jeune femme était la nièce de l'ex-président égyptien Hosni Moubarak et qu'il voulait préserver de bonnes relations entre les deux pays.

M. Berlusconi ne sera pas nécessairement présent à son procès. Une loi lui accordant l'immunité pénale lui permet de s'absenter s'il a un « empêchement légitime ».

Les participations aux conseils des ministres, aux réunions entre État et régions, aux sommets internationaux ou à des réunions préparatoires ou essentielles à la fonction de chef de gouvernement sont considérées comme des raisons valables pour ne pas se présenter.

Le Rubygate est le troisième scandale sexuel qui implique M. Berlusconi. Il y a d'abord eu l'affaire Noemi, en mai 2009, au terme de laquelle sa femme a demandé le divorce, alléguant les relations inappropriées du Cavaliere avec une mineure. Peu après a éclaté l'affaire D'Addario, où une prostituée a raconté une nuit torride avec le Cavaliere.

Le Rubygate s'ajoute à trois autres procédures pénales visant M. Berlusconi. Le chef du gouvernement italien est accusé de corruption de témoin (affaire Mills), de fraude fiscale dans l'acquisition de droits de retransmission télévisée (affaire Mediaset) et d'abus de confiance (affaire Mediatrade). Toutes ces affaires doivent reprendre au cours des prochaines semaines.

M. Berlusconi, 74 ans, a eu de multiples démêlés avec la justice depuis son entrée en politique, en 1993, mais il n'a jamais été condamné définitivement. Il a été condamné à trois reprises en première instance en 1997 et en 1998 pour corruption, faux en bilan et financement illicite d'un parti politique. Il avait écopé d'un total de 6 ans et 5 mois de prison ferme. Il a depuis été acquitté ou a bénéficié de la prescription de ces délits.