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Dix-sept membres militaires ou vétérans portent plainte contre le Pentagone pour protester contre le « fléau » des violences sexuelles pratiquées dans l'armée américaine, raconte AOL News. Ils accusent deux secrétaires d'Etat (Donald Rumsfeld et Robert Gates) de tolérer, d'ignorer ou d'encourager implicitement les agressions sexuelles, notamment en n'ordonnant pas de mener des enquêtes et en ne mettant pas en place les quelque réformes votées par le Congrès.

Parmi eux, 15 femmes et deux hommes qui viennent de tous les niveaux et départements de l'armée. Il s'agit d'une « class action », un recours collectif, une procédure judiciaire où quelques personnes représentent tout un groupe de personnes plus important qui porte plainte. Dans leur dossier consultable en ligne, les 17 plaignants détaillent les violences qu'ils auraient subies.

Kori Cioca, membre des garde-côtes, s'est fait longuement harceler par son supérieur. Après s'être fait insulter et cracher au visage à la suite d'une erreur dans son travail, elle s'est plainte au supérieur hiérarchique de son chef. Sa démarche a provoqué la colère de son supérieur, qui s'est mis à la violenter de plus belle, jusqu'à finalement la violer en décembre 2005.

Ses collègues et supérieur lui ont dit que si elle portait plainte, elle serait traînée devant la cours martiale pour mensonge. Elle a également subi des représailles de la part de ses collègues.

Myla Haider, ex-enquêtrice criminelle dans l'armée, s'est aussi fait violer par un de ses collègues. « Le système fonctionne à partir de mythes sur le viol », explique-t-elle. Les mentalités sont si imprégnées d'un esprit machiste que les agresseurs sont plus vus comme des confrères que comme des criminels.

Comme elles, les plaignants déclarent tous « avoir été victimes de représailles [par des soldats]» pour faire pression sur eux, voire d'«avoir reçu l'ordre de ne pas faire de rapports sur les viols dont ils avaient été victimes ». Ils tentent de faire tomber ce système « où des agresseurs sexuels obtiennent des promotions ».

S'ils mènent l'affaire devant des tribunaux civils et non militaires, c'est justement pour tenter de sortir de la complaisance de l'institution à l'égard des agresseurs. Les plaignants considèrent avoir été blessés deux fois, une par leur agresseur direct, et une autre par l'institution militaire.