Le point sur la situation dans plusieurs pays du Maghreb et du Moyen-Orient où la mobilisation continue, dans l'ombre des troubles libyens.

Alors que le colonel Kadhafi répond aux manifestants en Libye, après une semaine de mobilisation, la vague de contestation sociale et politique se poursuit au Maghreb et au Moyen-Orient, où elle est réprimée, parfois dans le sang, par des régimes autoritaires.

Yémen

Un millier de protestataires ont passé leur deuxième nuit consécutive sur une place attenant à l'Université de Sanaa, rebaptisée "Place de la Libération" à l'instar de celle qui fut l'épicentre du soulèvement au Caire, sans être inquiétés par les partisans du régime.

Mais le matin, des heurts ont opposé les protestataires, dont le nombre s'est élevé à quelque 4000, à des partisans du Congrès populaire général (CPG, parti au pouvoir) rassemblés sur une place distante de quelques centaines de mètres.

Cinq personnes ont été blessées dans ces heurts au cours desquels les partisans du président Ali Abdallah Saleh ont fait usage de matraques et de poignards, avant que la police n'intervienne pour disperser les deux camps.

Bahreïn

Une manifestation massive a envahi Manama mardi pour demander la chute du gouvernement de ce petit royaume du Golfe gouverné par une dynastie sunnite. La police était absente mais un hélicoptère survolait la marche.

Au soir de cette journée de mobilisation, qui s'est terminée sans incident, l'opposition a réitéré son exigence d'une monarchie constitutionnelle dans cet archipel où règne la lignée sunnite des Al-Khalifa depuis plus de 200 ans. Mais les manifestants scandaient "le peuple veut la chute du régime" et "A bas les Al-Khalifa".

Arabie saoudite

Le développement de cette crise est suivie avec inquiétude par l'Arabie voisine, dont les provinces orientales, riches en pétrole, et où vit une forte communauté chiite, sont reliées à l'archipel par un pont de 24 kilomètres. A Ryad, l'agence officielle saoudienne Spa a d'ailleurs annoncé que le roi de Bahreïn, Hamad ben Issa Al-Khalifa, était attendu vendredi en Arabie saoudite, le jour même du retour dans son pays du roi saoudien, Abdallah.

Le souverain saoudien, en convalescence au Maroc depuis le 22 janvier, va regagner le royaume mercredi après trois mois d'absence, a annoncé mardi le palais royal. L'âge du roi Abdallah et le caractère exceptionnel de l'annonce de son hospitalisation avaient alimenté des rumeurs sur l'avenir de la direction du royaume, un acteur clé dans la politique au Moyen-Orient et premier exportateur mondial de pétrole.

Algérie

L'état d'urgence instauré en Algérie en février 1992 pour lutter contre la guérilla islamiste sera levé par une ordonnance dont l'entrée en vigueur est "imminente", a annoncé mardi un communiqué du Conseil des ministres.

"Un projet d'ordonnance abrogeant le décret législatif du 6 février 1993 portant prorogation de l'état d'urgence, institué par décret présidentiel du 9 février 1992, a été adopté mardi par le Conseil des ministres", selon le texte. "Ce projet d'ordonnance entrera en vigueur dès sa publication imminente au Journal officiel", précise le communiqué.

Cette levée était demandée par les manifestants et le président Abdelaziz Bouteflika l'avait promise début février.

Maroc

La police marocaine a dispersé avec fermeté lundi soir un petit groupe de manifestants qui voulait organiser un sit-in à Rabat. Une cinquantaine de personnes, dont des jeunes, s'étaient rassemblés au lendemain de manifestations dans de nombreuses villes pour réclamer des réformes politiques. L'un des initiateurs de la manifestation du 20 février, Oussama Khlifi, avait appelé à la tenue de sit-in quotidiens pour poursuivre la mobilisation.

Tunisie

La Tunisie a officiellement réclamé lundi à l'Arabie saoudite l'extradition de Leïla Trabelsi, l'épouse du président déchu Ben Ali, et engagé la bataille de la dissolution du puissant Rassemblement constitutionnel démocratique, RCD, le parti de l'ex-dirigeant.

Les autorités ont annoncé l'arrestation de l'assassin du prêtre polonais retrouvé égorgé vendredi près de Tunis: il s'agit d'un menuisier tunisien qui travaillait dans l'école où le religieux a été découvert mort.

Egypte

Plusieurs nouveaux ministres ont prêté serment mardi dans le cadre d'un remaniement ministériel en Egypte, une douzaine de jours apès la chute du président Hosni Moubarak, a annoncé la télévision d'Etat.

Onze ministères changent de mains, dont ceux du Pétrole, de la Culture, de la Santé, du Commerce et du Tourisme. Le ministère de l'Information, très controversé, disparaît.

Un vice-Premier ministre est nommé, Yahia Elgamal, un professeur de droit constitutionnel octogénaire réputé indépendant, au côté du Premier ministre reconduit Ahmad Chafic, issu de l'armée. Le ministre des Affaires étrangères Ahmed Aboul Gheit, celui de l'Intérieur Mahmoud Wagdi et celui des Finances Samir Radwane restent à leur poste.

Le maréchal Hussein Tantaoui reste ministre de la Défense. Il dirige par ailleurs le conseil suprême des forces armées, à qui le président Hosni Moubarak a remis ses pouvoirs en démissionnant le 11 février dernier après 18 jours de révolte populaire.

Le ministre égyptien des Finances Samir Radwane a par ailleurs déclaré avoir demandé l'appui de la Grande-Bretagne pour obtenir l'annulation de la dette de son pays auprès de l'Union européenne.