Commentaire : Pour suivre le dossier, voir la Partie I

Rappelons-nous, en 2014, dans les médias :
  • ♪ ♫ L'année 2014 est la plus chaude jamais enregistrée ♪ ♫ ; sauf que depuis 18 ans, le GIEC reconnaît lui-même qu'il n'y a pas de réchauffement... pas grave hein. ♫
  • ♪ ♫ L'Arctique menace de disparaître ♪ ♫, et si l'Arctique connaît présentement sa superficie la plus étendue depuis une décennie, c'est que... ben ça signifie autre chose, un point c'est tout. ♫
  • ♪ ♫ Les ours polaires sont en danger ♪ ♫ et si la population de ces plantigrades a quintuplé en 40 ans, c'est qu'on les confond sans doute avec des peluches laissées par les esquimaux.
  • ♪ ♫ Une augmentation du CO2 amènera famine et misère ♪ ♫ ; le CO2 expiré par les psychopathes qui s'y entendent pour affamer et appauvrir, on est d'accord. Pour le reste, il paraîtrait que ce vilain gaz augmente en réalité le rendement de cultures.
  • ♪ ♫ La sécheresse en Californie est sans précédent ♪ ♫, eh bien... non.

pipeau
© Inconnu
Les îles du Pacifique englouties ?

Durant la COP21, on a beaucoup entendu les interventions insistantes, parfois tonitruantes, du ministre des affaires étrangères des Îles Marshall, Tony de Brum, qui a joué un rôle primordial lors des dernières négociations de Paris. Ce dernier qui a fédéré les exigences d'une quantité de responsables de pays situés sur des îles, a été qualifié, entre autres, d'"improbable héros de la COP21" par le journal "l'Opinion".

Les îles Marshall sont situées dans le Pacifique, au Nord Est de l'Australie et au Nord Est de la zone représentée sur la carte ci-dessous. Il s'agit d'un ensemble d'environ un millier d'îles réparties sur une trentaine d'atolls coralliens hébergeant près de 70000 habitants. Ces îles sont, en moyenne, situées à 2m au dessus du niveau de l'océan. Tony de Brum a constamment exigé que le seuil de hausse de température (espéré) soit abaissé jusqu'à 1,5°C pour sauver son territoire d'un engloutissement dont il perçoit, dit-il, les prémisses dès à présent et qu'il juge imminent. Ceci lui fut concédé, sans trop de difficultés, dans la rédaction de l'accord final.

Il existe un organisme officiel basé en Australie qui surveille le niveau des mers notamment autour des principales îles environnantes. Cet organisme, dépendant du BOM (Bureau of Meteorology australien) qui est appelé "Pacific Sea Level Monitoring Project" donne les "Monthly Sea Level and Meteorological Statistics" c'est à dire les relevés mensuels du niveau des mers et des statistiques météorologiques", en particulier autour des îles Marshall et de ses voisines dans l'océan Pacifique.

iles marshall
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Voici les graphiques officielles au sujet de la "hausse" du niveau des mers aux Îles Marshall :

Ils montrent les variations du niveau des mers autour des zones indiqués. Ci-dessous, le graphique concernant la où se trouve la capitale des îles Marshall : Delap-Uliga-Darrit qui héberge quelques 28000 habitants. La courbe en rouge montre l'évolution du niveau de l'océan pendant les maximas de 1992 à nos jours. La courbe en bleu donne cette évolution pendant les minimas et la courbe verte représente les variations de la moyenne.

Comme on le voit, depuis 1992, c'est à dire depuis 24 ans, le niveau des mers est pratiquement constant à quelques centimètres près. La variation totale est nettement inférieure aux fluctuations observées. Ce graphique montre même une baisse de niveau vers la fin de la période qui est peut-être due à un effet collatéral du puissant El Niño actuel. En effet, celui de 1997-1998 semble avoir provoqué une baisse visible dans ces graphiques. Bref, on ne voit rien d'alarmant dans tout cela.

 zone de Majuro
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La situation est sensiblement la même (à l'exception de la baisse de ces deux dernières années) à Funafuti (Tuvalu) souvent revendiquée comme l'archétype des archipels menacés par la montée des eaux. Tuvalu se trouve au centre de la carte présentée ci-dessus.

Tuvalu
© Inconnu
Tony de Brum a argumenté et obtenu satisfaction pour ses exigences auprès des participants à la COP21 en arguant des projections informatiques des rapports du GIEC sur de la hausse des océans. Il ne doit sans doute pas consacrer beaucoup de temps à la lecture des graphiques et des articles scientifiques qui concernent spécifiquement les pays situés sur des atolls coralliens dont il est un des ministres. S'il l'avait fait (lui ou ses conseillers), il aurait appris que, du fait de leur nature particulière, les atolls coralliens ne sont pas menacés de submersion comme le montrent de nombreux travaux tels ceux des spécialistes de la question, Paul Kench et ses collègues, que j'ai cités dans des billets précédents.

Leurs travaux, très documentés, ont été repris récemment par la revue Science sous le titre " Le réchauffement pourrait ne pas submerger les îles". Science rappelle que :
"Kench note que les récifs coralliens peuvent croître de 10 à 15mm par an - c'est à dire plus rapidement que la hausse des océans qui est attendue à la fin de ce siècle. [...] Aussi longtemps que les coraux sont en bonne santé et gênèrent un approvisionnement abondant en sable, il n'y a pas de raison qu'une île corallienne ne puisse pas croître et continuer à le faire".
National Geographic semble avoir compris le message. On trouvera ici une explication analogue tirée de Charles Darwin sur ce sujet, publiée en...1869.

En bref, il est démontré (et, en partie, connu depuis Charles Darwin) que la croissance des coraux et l'accrétion des débris coralliens apportés par les vagues sur les atolls contribuent, en permanence, au rehaussement de leur surface et que cet effet est plus rapide que la hausse (prévue) du niveau marin. Mais comme à la COP21, à l'évidence, il s'agissait,plus de politique que de science, peut-être doit-on plutôt se souvenir de la maxime plaisante de Mark Twain qui disait : "Never let the truth get in the way of a good story." Soit "Ne laissez jamais la vérité se mettre en travers du chemin d'une bonne histoire"...

Conclusion

Tous les articles que je vous ai présentés ci-dessus sont très récents et comme on peut le constater, la science progresse sans désemparer. Le socle des connaissances issues des observations rendues disponibles aux chercheurs s'enrichit en permanence et, comme on le voit, il est fréquent que les analyse plus complètes viennent réfuter les "certitudes" précédentes (comme c'est le cas pour les sécheresses qui devaient "rendre les déserts plus secs" et l'emblématique "fonte" de l'Antarctique... qui, en réalité, ne fond pas mais se renforce).

Malheureusement, il apparaît que les agences de presse officielles (notamment l'AFP), les médias normalement chargés d'informer le public, les cabinets ministériels chargés d'informer les politiques, ne disposent ni des bases ni de l'expérience nécessaires pour prendre en compte le caractère fondamental de la démarche scientifique. Celle-ci procède, en réalité, par une suite d'erreurs et de corrections. Richard Feynman, le prix Nobel de Physique dont la pertinence est unanimement reconnue, ne disait il pas que "Faire de la science, c'est ne pas faire confiance aux experts" ?

Concernant les certitudes en matière de science, Feynman disait aussi :
"Nous avons observé qu'il est d'une importance cruciale que, de manière à progresser, nous devons accepter de reconnaître notre ignorance et laisser la place au doute. Le corpus de la connaissance scientifique est constitué d'un ensemble de propositions présentant différents niveaux de certitudes - il y en a qui sont plutôt incertaines, d'autres qui sont plutôt certaines mais aucune n'est absolument certaine."
Ainsi, le jour où le microcosme médiatico-politique aura enfin compris que les scientifiques, aussi nombreux et unanimes soient-ils - ils se sont souvent trompés collectivement dans le passé - ne sont pas des gourous infaillibles, que rien n'est inscrit dans le marbre et que tout peut être remis en question du jour au lendemain, aurons-nous fait un grand pas en avant. Peut-être alors assisterons-nous à des COPXX qui ne seront pas des désastres scientifiques comme l'a été la COP21 et ne verrons-nous plus nos agences de presse et nos médias faire de la science une véritable caricature.

En complément de mes meilleurs voeux pour 2106 adressés à vous toutes et tous, mes cher(e)s lecteurs(trices), c'est le souhait que je formule pour les années à venir.