C'est le pendant froid du courant chaud équatorial El Niño: la Niña devrait prendre le relais dans les eaux du Pacifique d'ici quelques mois et, à son tour, chambouler les équilibres climatiques de la planète.

Pas de répit pour le climat cette année... A peine le phénomène El Niño terminé, d'après les experts de la NOAA (Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique), voici que l'arrivée de sa petite soeur est annoncée. La Niña, courant froid équatorial du Pacifique, devrait apparaître dans les semaines à venir pour subsister pendant les six derniers mois de 2016. Mais comment fonctionne ce phénomène? Quelles sont ses conséquences sur les équilibres climatiques de la planète?

Comment La Niña apparaît-elle?

La Niña est indissociable de son grand frère. El Niño a installé pendant des mois des eaux anormalement chaudes en surface du Pacifique, du coeur de l'Océan jusqu'aux côtes latino-américaines, le long de l'équateur. Mais il commence à faiblir et les eaux froides, cantonnées depuis des mois dans les couches les plus profondes (comme le montre le schéma ci-dessous), commencent à remonter.


Ce mouvement de balancier, les climatologues le guette en particulier dans dans la région "Niño 3.4", située au coeur du Pacifique équatorial. C'est là que la tendance des anomalies de températures s'inverse et que les températures plus basses que la normale vont finir par trahir l'apparition de La Niña. Ce mouvement de balancier a un nom: il s'agit de l'ENSO (El Niño-Southern Oscillation).

La période de transition "neutre" est plus ou moins longue. Cette année, d'après les données recueillies par la NOAA, il y a désormais 75% de probabilité que La Niña soit installée dans les eaux du Pacifique à la fin de l'été.

Est-elle source de phénomènes extrêmes?

La Niña fait moins trembler qu'El Niño, en général. Ses autres surnoms, El Viejo ou anti-El Niño, renvoient toujours à son terrible grand frère. Ses conséquences sont en effet souvent moins dévastatrices. Sa survenue n'est même pas automatique d'ailleurs. "Seules 14 El Niña ont été notées, pour 23 El Niño, dans notre registre historique, qui remonte à 1950", note la NOAA.

Globalement, La Niña fait baisser le mercure dans l'Asie du Sud-Est et dans l'ouest de l'Amérique latine, tandis que l'est de l'Australie a plus chaud et voient les pluies s'intensifier. Elle a aussi tendance à minimiser la mousson en Inde mais à la renforcer en Asie du Sud-Est. Sa survenue correspond à des années où les ouragans sont moins nombreux dans le Pacifique mais plus intenses dans l'Atlantique nord. Plus loin encore, l'hémisphère nord pourrait connaître un hiver plus froid, selon La Chaîne Météo, mais bien d'autres facteurs que La Niña peuvent encore influer sur la distribution des masses d'air.

La Niña sera-t-elle aussi puissante qu'El Niño cette année?

Certes, La Niña ne suit pas automatiquement El Niño, mais les années où ce courant chaud équatorial a été particulièrement puissant, sa soeur n'a pas manqué le rendez-vous. Après la version Godzilla d'El Niño qui a contribué à la montée record des températures au cours de l'hiver 2015-2016, à quoi faut-il donc s'attendre pour le cru 2016 de La Niña?

A une réponse forte, selon les experts qui ne peuvent guère détailler sa force ni sa durée, et ne peuvent se référer qu'à des modèles pour le moment. La Niña sera-t-elle très puissante comme en 1988-1989? Durera-t-elle plusieurs années comme après El Niño en 1982? Faiblira-t-elle vite pour laisser la place à une nouvelle vague d'El Niño? D'après la NOAA, le scénario le plus probable ressemble à la période 1999-2001, avec un courant froid modéré à fort, mais surtout très long, qui avait suivi El Niño de 1998.