Commentaire : Fallait-il que son environnement et sa compréhension de la nature soit à ce point dégradés pour que l'humanité en soit réduite à se battre pour choisir, non pas ce qui est réellement bon pour elle, mais plutôt ce qui lui fait le moins de mal. Il y a matière à débattre quand à la pertinence même de la « voie agricole », celle que nous avons choisie il y a quelques milliers d'années. Si ce n'est pas le thème de l'article, on pourra toujours garder cela à l'esprit.

Il est scientifiquement prouvé qu'il y a un lien entre ce que nous mangeons et notre santé. Il est scientifiquement prouvé que l'industrie agro-chimique moderne, par les produits qu'elle fournit aux agriculteurs, initie des pratiques qui lessivent et détruisent les sols, appauvrissent et polluent nos aliments. Pourquoi alors ne pas favoriser une agriculture utilisant peu ou pas d'intrants chimiques, afin d'obtenir des récoltes saines et nourrissantes - récoltes que nos ancêtres, en terme de qualité, auraient d'ailleurs trouvé tout à fait ordinaires - afin d'être en bonne santé ? Cela ne nous permet-il pas, aussi, de manifester notre respect, et pourquoi pas notre gratitude, envers cet Univers qui nous nourrit, envers ces êtres vivants, plantes et animaux, qui ne semblent pas avoir signé de contrat stipulant une quelconque obligation à devoir sacrifier leur vie pour des bipèdes exigeants et inconscients ?


L'un des meilleurs arguments pour manger bio, c'est que cela peut considérablement diminuer votre exposition aux pesticides et à d'autres substances chimiques nocives utilisées en agriculture conventionnelle.
Légumes Bio
© InconnuAlors que l'un des arguments en faveur des cultures génétiquement modifiées était qu'elles réduiraient l'utilisation de pesticides, ces promesses se sont avérées complètement fausses. Depuis l'introduction des cultures génétiquement modifiées, l'utilisation de pesticides a grimpé en flèche, et avec elle l'exposition aux pesticides à travers l'alimentation, car ces récoltes sont plus fortement contaminées.
La réglementation bio interdisant l'utilisation de pesticides ou herbicides synthétiques, il va de soi que les aliments bio sont moins contaminés, et des études ont d'ailleurs confirmé que les personnes ayant une alimentation principalement bio présentent moins de toxines dans l'organisme. Si l'on considère le fait qu'une exposition à long terme aux pesticides est associée à la stérilité, à des malformations congénitales, des perturbations endocriniennes, des troubles neurologiques, et au cancer, il est également logique de conclure que moins notre corps contient de substances chimiques toxiques, et meilleure est notre santé.

En fait, l'une des clés d'une bonne alimentation et d'un style de vie sain en général est l'absence de substances chimiques toxiques.

L'exposition aux pesticides est reconnue comme une menace majeure pour la santé

En décembre 2014, j'ai interviewé André Leu à propos de son livre The Myths of Safe Pesticides (« Les mythes des pesticides sans danger »). Plus récemment, un rapport de la Fédération Internationale de Gynécologie et d'Obstétrique (FIGO), qui représente les obstétriciens et gynécologues dans 125 pays, a averti que l'exposition aux substances chimiques représente aujourd'hui une menace majeure pour la santé et la fertilité humaine.

Les pesticides sont l'une des catégories de substances toxiques mentionnées dans le rapport. Les pesticides étaient également mentionnés dans une nouvelle déclaration scientifique du groupe de travail de l'Endocrine Society, portant sur les produits chimiques perturbateurs endocriniens. Ce groupe de travail signale que les effets sur la santé des produits chimiques perturbateurs endocriniens sont tels que chacun doit prendre des mesures proactives pour les éviter - en particulier les femmes cherchant à être enceinte, les femmes enceintes et les jeunes enfants.

Lorsque les enfants mangent bio, leurs taux de pesticides diminuent

L'une des études les plus récentes à propos de l'alimentation biologique et de son impact sur la concentration de pesticides dans l'organisme a été publiée dans le numéro d'octobre de Environmental Health Perspectives. L'étude portait sur 20 enfants vivant à Oakland, en Californie et sur 20 autres vivant à Salinas, en Californie, cette dernière étant une importante communauté agricole.

Les quatre premiers jours, tous les enfants ont eu une alimentation conventionnelle. Les sept jours suivants, ils ont reçu uniquement une alimentation bio, puis de nouveau une alimentation conventionnelle pendant cinq jours. Voici ce qu'a publié le New York Times :
« Environ 72% de leurs échantillons d'urine, analysés chaque jour, contenaient des traces de pesticides. Parmi les pesticides les plus fréquemment détectés, deux ont diminué de près de 50% lorsque les enfants suivaient le régime bio, et la quantité d'un herbicide courant a diminué de 25%. Les taux de trois autres pesticides fréquemment détectés n'étaient pas particulièrement plus bas pendant le régime bio. Les taux étaient généralement plus haut chez les enfants de Salinas que chez les enfants d'Oakland. »
Les personnes qui mangent bio présentent un taux d'organophosphorés plus bas de 65 %

Les organophosphorés (OP) sont parmi les pesticides les plus couramment utilisés dans les exploitations américaines. Au cours de l'une des plus importantes études de ce type, les chercheurs ont étudié l'alimentation de près de 4.500 personnes vivant dans six villes américaines, évaluant le niveau d'exposition aux organophosphorés par les aliments. Les taux d'organophosphorés des participants ont été estimés en utilisant les données de l'USDA (Département de l'Agriculture des États-Unis) sur les taux moyens de pesticides trouvés dans les fruits et légumes que chaque personne indiquait consommer habituellement.

Pour vérifier la précision de leurs estimations, ils ont comparé leur calculs d'exposition aux pesticides aux taux réels de métabolites de pesticides (sous-produits de dégradation) excrétés dans les urines d'un sous-groupe de 720 participants. Comme on s'y attendait, les personnes qui consommaient des produits cultivés conventionnellement présentaient des concentrations élevées de métabolites de OP, alors que celles qui consommaient des produits bio avaient des concentrations nettement plus faibles. Celles qui mangeaient « souvent ou toujours » bio présentaient des taux de résidus de pesticides d'environ 65% plus faibles que celles qui consommaient moins de produits bio.

Selon Cynthia Curl, auteure principale :
« Si vous me dites ce que vous mangez habituellement, je peux vous indiquer votre taux probable d'exposition aux pesticides. L'étude suggère qu'en consommant des versions biologiques des aliments riches en résidus de pesticides, cela peut faire une différence mesurable. »
L'herbicide le plus couramment employé a été jugé cancérogène

Le glyphosate, l'ingrédient actif du Roundup, meilleure vente d'herbicide de Monsanto, est l'un des herbicides les plus couramment utilisés dans le monde, tant sur les plantations conventionnelles que sur les plantations génétiquement modifiées. On estime qu'environ 450 millions de tonnes sont répandues chaque année sur nos récoltes, ce qui signifie qu'un américain moyen consomme chaque année plusieurs centaines de kilos d'aliments contaminés au glyphosate.

En mars 2015, le glyphosate a été reclassé comme « cancérogène probable », groupe 2A, par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), une division de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). L'EPA (Environmental Protection Agency - Agence pour la protection de l'environnement) de Californie a suivi le mouvement et a récemment émis un avis d'intention d'étiqueter le glyphosate comme « connu pour être cancérigène ».

Des travailleurs agricoles poursuivent Monsanto en justice pour les avoir exposés au glyphosate

Depuis la décision du CIRC, le personnel agricole a commencé à intenter des procès à Monsanto pour les avoir exposés au glyphosate par le passé. Enrique Rubio, un travailleur agricole américain, affirme que les neuf ans passés à répandre du glyphosate sans autre protection qu'un masque en papier sont responsables de son cancer des os, et Judi Fitzgerald, assistante horticole, leur a intenté un procès en affirmant que le glyphosate avait joué un rôle dans sa leucémie.

Les plaintes judiciaires accusent Monsanto de « fraude scientifique » dans la publicité et la commercialisation du Roundup, de tromper intentionnellement les autorités réglementaires à propos des dangers du Roundup, et de ne pas mettre correctement les utilisateurs en garde à propos de son potentiel carcinogène. D'après Bloomberg :
« D'après les plaintes, l'audit, réalisé par une agence de protection de l'environnement, de Bio-Test Laboratories - une société engagée par Monsanto pour tester la toxicité du Roundup dans les années 1970 - a révélé une "falsification systématique des données" par le laboratoire, invalidant ses études du produit de Monsanto. Mme Fitzgerald et M. Rubio allèguent également que le propriétaire des laboratoires Craven - une autre société engagée par Monsanto dans les années 90 - a été condamné pour pratiques de laboratoire frauduleuses pour le test de pesticides et d'herbicides, dont le Roundup. »
La plainte de M. Rubio stipule spécifiquement que :
« Monsanto assurait au public que le Roundup était inoffensif. Pour le prouver, Monsanto a soutenu des données falsifiées et attaqué des études légitimes qui révélaient ses dangers. »
L'EPA reconnu coupable d'avoir violé la loi en autorisant un puissant insecticide

Les pesticides menacent non seulement la santé de l'homme, mais ils peuvent aussi avoir des effets dévastateurs sur nos précieux pollinisateurs. Les abeilles à miel et les papillons monarques sont deux espèces dont le nombre d'individus a diminué à cause de l'utilisation excessive de pesticides. Les néonicotinoïdes ont été identifiés comme étant particulièrement dangereux pour ces insectes importants, et pourtant rien n'est fait, ou presque, pour réduire leur utilisation aux États-Unis.

Il y a deux ans, l'EPA américaine a approuvé le néonicotinoïde Sulfoxaflor - une autorisation qui a suscité de vives inquiétudes au sein des groupements professionnels d'apiculteurs, dont l'Association Américaine des Producteurs de Miel et la Fédération Américaine d'Apiculture. Après avoir revu les données d'enregistrement, EarthJuice a découvert que l'agence n'avait pas suivi ses propres recommandations lors de l'autorisation de l'insecticide, plainte a donc été portée contre l'EPA. Voici ce qui a été rapporté dans PRI.org :
« Les cours ont généralement beaucoup de respect pour l'EPA dans ces affaires, car elles impliquent généralement une certaine expertise scientifique, et les cours sont souvent réticentes à mettre la science en doute. Mais dans le cas du Sulfoxaflor, [l'avocat de EarthJustice, Greg] Loarie indique la science a tellement fait défaut et il était tellement évident que l'EPA ne disposait simplement pas de ces informations fondamentales, que la cour a estimé que l'enregistrement devait être annulé à moins et jusqu'à ce que l'information soit mise à profit. »
Le Sulfoxaflor a donc été retiré du marché, mais il est vraiment stupéfiant que l'EPA soit irresponsable au point d'approuver un pesticide sans avoir testé sa sécurité correctement alors que l'extinction des abeilles est une si grave menace pour la production alimentaire. Cela montre à quel point les profits des entreprises prennent le dessus sur la viabilité à long terme et la survie de l'homme.

La majorité des pays de l'UE tente de renoncer à la culture des OGM

Alors que l'un des arguments en faveur des cultures génétiquement modifiées était qu'elles réduiraient l'utilisation de pesticides, ces promesses se sont avérées complètement fausses. Depuis l'introduction des cultures génétiquement modifiées, l'utilisation de pesticides a grimpé en flèche, et avec elle l'exposition aux pesticides à travers l'alimentation, car ces récoltes sont plus fortement contaminées. Les récoltes Bt sont même conçues pour produire la toxine Bt de façon interne, et les plantations elles-mêmes sont considérées comme pesticides.

Les récoltes génétiquement modifiées participent également à la destruction environnementale en détériorant la qualité des sols et en réduisant la biodiversité, les deux étant des fondements de l'agriculture durable et de la sécurité alimentaire. Globalement, l'Europe a davantage résisté aux organismes génétiquement modifiés (OGM), et cette résistance ne semble pas faiblir.

19 des 28 membres de l'UE ont d'ailleurs demandé de renoncer aux cultures d'OGM - une demande qui a abouti à une loi adoptée en mars 2015.

Voici les pays qui refusent de cultiver des OGM sur tout ou partie de leur territoire : l'Autriche, la Belgique pour la région de Wallonie, la Grande Bretagne pour l'Écosse, le Pays de Galle et l'Irlande du Nord, la Bulgarie, la Croatie, Chypre, le Danemark, la France, l'Allemagne, la Grèce, la Hongrie, l'Italie, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg, Malte, les Pays-Bas, la Pologne et la Slovénie.

Voici ce qui a été rapporté par Reuters :
« La loi a été votée pour mettre fin à des années de paralysie car les cultures génétiquement modifiées divisent l'opinion en Europe. Bien qu'elles soient largement cultivées en Amérique et en Asie, l'opposition publique est forte en Europe et les environnementalistes s'inquiètent de leur impact sur la biodiversité... D'après la nouvelle loi, la Commission Européenne est responsable des approbations, mais les demandes d'exclusion doivent également être soumises à la société qui dépose la demande. En réponse aux premières demandes d'exclusion en août 2015, de la part de la Lettonie et de la Grèce, Monsanto a déclaré qu'il les respectait, bien qu'il ne les considérait pas comme scientifiques. »
Une autre bonne nouvelle : l'Académie Américaine de Pédiatrie met un terme à son partenariat avec Monsanto

Le fait que l'Europe mette un terme à la culture des OGM ne bénéficie peut-être pas directement aux américains, mais cela ralentit définitivement la tentative de prise de contrôle par l'industrie de la biotechnologie et cela nous donne l'espoir de pouvoir encore inverser la tendance aux États-Unis. Monsanto a longtemps eu carte blanche pour exercer son pouvoir à sa guise aux États-Unis mais on peut voir là aussi des signes de changement.

Par exemple, l'Académie Américaine de Pédiatrie (AAP) a confirmé qu'elle coupait désormais les ponts avec le géant de l'industrie chimique, suite à une campagne réussie initiée par des mamans inquiètes. (l'Académie a également mis un terme à sa relation avec Coca-Cola - une autre « victoire » pour les enfants et les familles aux États-Unis.)

Quels aliments faut-il choisir bio en priorité ?

Les pesticides sont nuisibles pour tous, mais si vous êtes une femme en âge de procréer ou que vous avez de jeunes enfants, il est particulièrement important de réduire votre exposition. Idéalement, toute votre alimentation et celle de votre famille devrait être bio. Ceci étant dit, tout le monde n'a pas accès à une large variété de produits bio, et cela peut parfois revenir plus cher qu'acheter des produits conventionnels.

L'un des moyens de faire des économies tout en diminuant votre risque est d'acheter certains articles bios et de « vous contenter » pour d'autres, de produits conventionnels. Les produits qu'il est le plus important d'acheter bio sont les produits d'origine animale comme la viande, le beurre, le lait et les œufs, car les produits d'origine animale tendent à bioaccumuler les toxines de leur nourriture qui est teintée de pesticides, les concentrant à des niveaux plus élevés que ce que l'on trouve dans les légumes.

À l'inverse des fruits et légumes conventionnels, desquels on peut parfois réduire les toxines en les épluchant et en les lavant, les pesticides et médicaments auxquels les animaux sont exposés au cours de leur vie peuvent s'incruster au sein même de leur tissus, en particulier dans la graisse. Si vous devez faire attention à votre budget, choisissez donc en priorité des produits d'origine animale bio.

En dehors des produits d'origine animale, la charge de pesticide des fruits et légumes peut varier énormément. Consumer Reports a analysé 12 années de données du programme de données sur les pesticides de l'USDA pour déterminer les catégories de risques (de très faible à très élevé) pour différents types de produits.

Les enfants étant particulièrement vulnérables aux effets des produits chimiques de l'environnement, y compris aux pesticides, ils ont basé l'évaluation des risques sur un enfant de trois ans et demi. Ils recommandent d'acheter bio tout produit se situant dans les catégories de risque moyen ou élevé, et voici donc des exemples de produits que vous devriez toujours essayer d'acheter bio.

legume bio
Notes :
  • 1 Environmental Health Perspectives July 9, 2015 [Epub ahead of print] (PDF)
  • 2 Institute of Science in Society September 30, 2015
  • 3 FIGO.org October 1, 2015
  • 4 Reuters October 1, 2015
  • 5 FIGO.org
  • 6 Endocrine Society Scientific Statements
  • 7 Medicinenet.com September 28, 2015
  • 8 Environmental Health Perspectives October 2015 DOI:10.1289/ehp.1408660
  • 9 New York Times October 8, 2015
  • 10 Coop.se The Organic Effect
  • 11 Environmental Health Perspectives DOI:10.1289/ehp.1408197
  • 12 USDA.gov Pesticides
  • 13 EcoWatch September 8, 2015
  • 14 Reuters September 29, 2015
  • 15 Inquisitr October 3, 2015
  • 16 Bloomberg October 6, 2015
  • 17 PRI.org October 6, 2015
  • 18 EPA.gov EPA's Regulation of Bacillus thuringiensis (Bt) Crops
  • 19 Journal of Environmental Science and Health 2003 Mar;38(2):211-9.
  • 20 Civil Eats October 5, 2015
  • 21 Time October 3, 2015
  • 22 Reuters October 4, 2015
  • 23 EcoWatch October 6, 2015
  • 24 Consumer Reports March 19, 2015