Commentaire : S'attaquer au gluten, c'est remettre en question les dogmes diététiques, une partie de la connaissance médicale actuelle, l'autorité du médecin assis derrière son bureau. C'est s'attaquer au fondement même de l'agriculture telle que nous la connaissons depuis des milliers d'années. C'est menacer cette activité agricole devenue industrielle, gigantesque, aux profits incalculables dont les profiteurs ne permettront jamais qu'on les en dépossède. C'est s'obliger à reconsidérer les notions de joie et de plaisir, celles que l'éducation et les médias ont transformé en satisfaction, en assouvissement, en droit quasi-inaliénable, pour faire de nous des consommateurs toujours plus exigeants mais toujours moins conscients.

Nous savons que notre façon de nous nourrir détermine en grande partie notre état de santé physique et mentale ; il existent encore des scientifiques intègres pour le prouver. La bataille est rude, mais la lutte en vaut la peine : pourquoi ne pas saisir l'occasion de recouvrer une partie de notre potentiel d'être humain, réserve de libre-arbitre et de créativité, en prenant connaissance de ce qui nous fait du mal ? En agissant dessus, pour comprendre que la liberté -n'est-elle pas la santé de l'âme, elle ?- celle que l'on nous vole sous couvert d'abondance, se reconquiert aussi... par l'assiette. Bien concrètement :

gluten
© Inconnu
Jusqu'à présent, la plupart des médecins conventionnels affirment à leurs patients que la sensibilité au gluten n'existe pas. Selon eux, soit les patients ont la « vraie » maladie cœliaque : à la moindre molécule de gluten, leur intestin s'enflamme, les villosités intestinales sont ravagées (les villosités sont les replis de l'intestin qui permettent l'absorption des nutriments) ; soit leur problème de gluten est imaginaire.

Les patients jurent qu'ils souffrent de ballonnements, de maux à l'estomac, de diarrhée, de fatigue, de démangeaisons et d'autres symptômes quand ils mangent des produits contenant du gluten. Il se trouve que ce sont les patients qui avaient raison. Une nouvelle étude montre que les symptômes des intolérants au gluten n'étaient pas imaginaires. Des chercheurs au Centre médical de l'université de Columbia ont révélé que vous n'avez pas besoin de souffrir de maladie cœliaque pour éprouver une réaction immunitaire sévère dans tout votre organisme, lorsque vous mangez des produits à base de blé.

« Maladie cœliaque » contre « sensibilité au gluten »

La maladie cœliaque est une maladie auto-immune. Lorsque la personne mange du gluten, une protéine qui se trouve dans le seigle, l'avoine, le blé et l'orge, elle éprouve des problèmes digestifs, ainsi que des problèmes articulaires, des évanouissements, de l'eczéma, une baisse de moral pouvant aller jusqu'à la dépression et, sur le long terme, une perte osseuse, une baisse de la fertilité, des cancers du tube digestif et l'apparition d'autres maladies auto-immunes (thyroïdite de Hashimoto, polyarthrite rhumatoïde, psoriasis, etc.). Ces symptômes peuvent être très variés et très difficiles à relier à l'ingestion de gluten. De fait, les trois quarts des malades ne sont pas correctement diagnostiqués.


Commentaire : On trouve du gluten dans le maïs et le riz alors que ceux-ci sont souvent utilisé comme caution dans la fabrication des produits "sans gluten". Ils ne contiennent certes pas de la gliadine, hautement inflammatoire, comme dans le blé, mais ce gluten-là est malgré tout sans doute loin d'être inoffensif.


La sensibilité au gluten a des symptômes moins évidents. Ils peuvent inclure des ballonnements, de la fatigue, de la diarrhée. Au moins 600 000 personnes en France (1 % de la population) en souffrent.

Enfin, la preuve

Cette nouvelle étude a été publiée dans la revue médicale British Medical Journal « Gut », consacrée aux problèmes digestifs. Elle montre que les personnes souffrant d'une sensibilité au gluten connaissent une inflammation systémique mesurable lorsqu'elles mangent des céréales contenant du gluten. Leurs marqueurs sanguins d'inflammation montent. Les tests ont montré que leur système immunitaire combat le gluten qu'elles mangent. Le Dr Peter Green, directeur du centre pour la maladie cœliaque à l'université de Columbia explique :
« Notre étude montre que les symptômes rapportés par les personnes souffrant de ce problème ne sont pas imaginaires, comme il a été suggéré. Elle démontre qu'il y a une base biologique à ces symptômes. »
La solution devrait être simple : faites un régime sans gluten ! Mais manger sans gluten n'est pas si simple qu'il y paraît.

Les aliments sans gluten qui détruisent votre santé

Certains aliments étiquetés sans gluten ne le sont pas. Des études montrent qu'environ 30 % des aliments industriels étiquetés sans gluten en contiennent encore. Par ailleurs, les aliments industriels sans gluten sont remplis d'autres ingrédients mauvais pour la santé, exactement comme leurs homologues avec gluten. Voici les pires coupables :
  • Les glucides bas de gamme : ils incluent les aliments à base de farine de riz, farine de pomme de terre, amidon de maïs et de tapioca. Ils font augmenter le taux de sucre sanguin plus vite que le sucre et que le pain blanc. Les aliments sans gluten faits à partir de ces ingrédients fragilisent la paroi intestinale (déjà fragile quand on est malade !), provoquent des baisses d'énergie et augmentent le risque de diabète ;
  • Les sucres ajoutés : lorsqu'ils suppriment le gluten, les industriels de l'agroalimentaire compensent souvent en ajoutant des sucres raffinés. Ils augmentent eux aussi l'inflammation dans le corps, et font bien sûr monter le taux de sucre sanguin ;
  • Le soja : beaucoup d'aliments « santé » sans gluten sont à base de soja. Mais il faut faire très attention à la façon dont vous choisissez votre soja. Plus de 93 % du soja produit au niveau mondial est OGM. Les OGMs provoquent des allergies et peuvent être toxiques. Il est en général produit à grand renfort de glyphosate (Roundup) qui se bioaccumule dans l'organisme ;
Fausses céréales : beaucoup de pâtes sans gluten sont fabriquées avec de « fausses céréales » comme le quinoa et l'amarante. Souvent présentées comme les aliments bio « miracles », ces graines sont malheureusement riches en saponines qui peuvent aussi provoquer des inflammations de l'intestin.


Commentaire : Quitte à chercher un remplaçant, on jettera à la rigueur son dévolu, comme une solution transitoire, sur le sarrasin.


Éviter ces pièges est un bon début. Mais vous devez aussi faire certaines choses importantes pour soigner votre intestin.

Résoudre votre problème de gluten

Les études montrent qu'environ 30 % des personnes victimes de maladie cœliaque continuent à souffrir de certains symptômes même lorsqu'elles ont adopté un régime sans gluten. Dans ce cas, une piste intéressante est de se tourner vers le régime « paléo ». Le régime paléo (abréviation de paléolithique) est le mode alimentaire qu'avaient nos ancêtres chasseurs-cueilleurs, qui vivaient avant l'invention de l'élevage et de l'agriculture, autrement dit avant que la consommation de blé ne devienne massive. Cette époque est appelée Paléolithique. Une étude a montré que 82 % des personnes souffrant de maladie cœliaque connaissaient la rémission grâce au régime paléo. L'approche est simple.

Vous pouvez manger :
  • De la viande d'animaux élevés en plein air, ayant mangé leur nourriture naturelle (de l'herbe pour les bovins, des petits animaux et des plantes pour les poules...), du poisson sauvage ;
  • Des légumes et fruits bio, des oléagineux (tout type de noix, noisettes, amandes, non grillés, non salés) ;
  • Des graisses de bonne qualité : huile vierge de coco et d'olive ;
  • Du vin (un à deux verres par jour, préférablement du vin rouge).
Le grand défi du régime paléo

Ce qui est le plus difficile avec le régime paléo (qui est donc aussi, vous l'avez compris, sans gluten et sans lait), n'est pas de manger des aliments paléo : ceux-ci sont délicieux et apportent grande satisfaction. Le défi est d'abandonner la nourriture-poubelle à laquelle nous sommes habitués. Pleine d'arômes artificiels, de sucre, de sel, de croustillant, de colorants, de graisses, la nourriture-poubelle est addictive.
Nous ne nous en apercevons pas, en général. Mais elle nous sert de « béquille » affective au quotidien : à chaque frustration, coup de stress, déception, moment d'impatience, hop, nous faisons « passer » le moment difficile en avalant une petite sucrerie, un petit biscuit, une boisson sucrée (incluant le café sucré). Ces petits réconforts nous sont pratiquement indispensables pour « tenir ».
Se contenter des nourritures relativement peu sucrées, peu assaisonnées, peu cuites, peu caloriques de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs est, au départ, un défi considérable. Il faut redécouvrir le plaisir des goûts amers, forts, moins salés et moins sucrés. Sur le long terme, c'est beaucoup mieux. C'est une vraie nourriture d'adulte. On s'aperçoit que cette nourriture molle, pâteuse, sucrée et insipide qu'on nous sert est une nourriture de bébé immature.

C'est comme découvrir les grands vins quand on a bu que du Coca-Cola. Au début, cela paraît horriblement sec, fort, piquant ou acide. Et puis on découvre les arômes, la rondeur, la « cuisse », le « retour »... et on laisse le Coca-Cola à ceux qui n'ont pas de goût !