Le lendemain du bombardement au Yémen qui a fait plus de 150 morts, les Etats-Unis ont annoncé « un réexamen immédiat » de leur soutien à la coalition dirigée par l'Arabie saoudite, tandis que l'ex-président du Yémen a appelé à attaquer Ryad. « La coopération sécuritaire avec l'Arabie saoudite n'est pas un chèque en blanc. Au vu des raids du 8 octobre et d'autres incidents, nous avons débuté un réexamen immédiat de notre soutien, déjà fortement réduit, à la coalition emmenée par l'Arabie saoudite au Yémen », a déclaré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, Ned Price, en ajoutant que les Etats-Unis sont «profondément troublés» par les raids menés à Sanaa.

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© GoogleLa coalition menée par la barbare Arabie Saoudite tue sans merci au Yémen
Un trouble qui a de quoi surprendre : en janvier dernier, le ministre des Affaires étrangères saoudien avait affirmé que les centres militaires depuis lesquels les raids aériens au Yémen étaient menés par la coalition dirigée par Ryad étaient commandés et contrôlés par des officiers américains et britanniques, qui ont accès à la liste de toutes les cibles de frappes. La coalition arabe en question, en outre, s'est dite prête à associer Washington à une enquête «immédiate».


« Une enquête immédiate sera diligentée [...] et l'équipe d'enquêteurs est prête à profiter de l'expertise de la partie américaine », a indiqué la coalition dans un communiqué publié par l'agence officielle saoudienne SPA dans la nuit du 8 au 9 octobre.

Le 8 octobre, la capitale yéménite Sanaa a été frappée par un raid attribué à la coalition arabe menée par l'Arabie saoudite. Pourtant, Riyad nie son implication dans le drame. Le bombardement a ciblé une cérémonie funéraire en l'honneur du père du ministre de l'Intérieur des rebelles houthis. Plus de 150 personnes ont été tuées, 525 d'autres blessées.

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Selon la chaîne de télévision des Houthis, Al-Masirah, le maire de Sanaa, Abdel Qader Hilal, figure parmi les morts. On n'est pas exclu que d'autres hauts responsables rebelles auraient pu également être tués.

« La communauté humanitaire du Yémen est choquée et scandalisée par les raids aériens qui ont visé une salle publique où des milliers de personnes participaient à une cérémonie funéraire », a indiqué Jamie McGoldrick, coordonnateur humanitaire pour l'ONU au Yémen.


Le bombardement dans la capitale yéménite est survenu seulement trois semaines après que le Sénat américain avait autorisé des ventes d'armes d'un milliard de dollars, parmi lesquels plus de 130 chars Abrams et 20 véhicules blindés de dépannage, à l'Arabie saoudite en rejetant un projet de loi qui l'interdisait à cause de la participation de Riyad dans le conflit yéménite et la quantité accrue des violations des droits de l'homme.

Quelques heures avant le carnage, le médiateur de l'ONU Ismaïl Ould Cheikh Ahmed avait évoqué la possibilité d'instaurer une trêve de 72 heures mais on ne l'avait pas entendu.

Le Conseil politique suprême, mis en place récemment par les Houthis et leurs alliés, les partisans de l'ex-président Ali Abdallah Saleh a prévenu que «cette attaque ne restera pas impunie» et appelé ses partisans à «user de tous les moyens pour répondre à ce crime».

L'ex-président yéménite veut voir Riyad puni pour ces raids meurtriers

Au lendemain de ces bombardements, dimanche 9 octobre, Ali Abdullah Saleh, ancien président du Yémen et allié des rebelles chiites Houthis, a appelé à un accroissement des attaques contre l'Arabie saoudite, selon l'agence Reuters.

Outre les combattants houthis, qui contrôlent actuellement la capitale Sanaa, Ali Abdullah Saleh bénéficie encore de la loyauté d'une partie des militaires du pays.

Un an et demi de guerre au Yémen

Le conflit au Yémen a commencé en mars 2015 quand la coalition arabe dirigée par l'Arabie Saoudite a envoyé ses troupes au Yémen pour rétablir au pouvoir le président déchu sunnite Abd-Rabbu Mansour Hadi, renversé en 2012 par les rebelles houthis. D'après les estimations de l'ONU, cette intervention a déjà coûté la vie à au moins 10 000 personnes, dont près de 4 000 civils.

Le conflit a déplacé au moins trois millions de Yéménites et laissé environ un quart de la population dans «l'incertitude de leur prochain repas», a affirmé le 5 octobre le patron des opérations humanitaires de l'ONU Stephen O'Brien.

Selon l'Unicef, près de trois millions de personnes ont besoin d'une aide alimentaire immédiate au Yémen et 1,5 million d'enfants souffrent de malnutrition.

L'ONU a lancé les pourparlers de paix qui visaient à mettre fin aux hostilités mais elles ont échoué en août dernier et les combats ont repris.