Commentaire : En voilà un qui ne pratique pas la langue de bois et qui annonce quel camp il choisit. Ici, dans notre pays, il semblerait que les médias tentent de minimiser l'évènement : ça parle de « pas de rupture », d'« alliance maintenue » et bla-bla et bla-bla, bref, tout pour transformer la baffe que se prennent les États-Unis en gentille tape sur l'épaule. Peut-être ont-ils du mal à comprendre la syntaxe du président philippins ? Au cas où, et pour nos partenaires étasuniens qui semblent aussi se demander bien vertueusement ce que cela signifie, eux qui préparent, bah, une petite guerre de rien du tout avec la Chine, il vaut mieux faire force de répétition :
« Je me suis réaligné dans votre courant idéologique et peut être que je vais aussi aller en Russie et parler à Poutine et lui dire qu'il y a nous trois contre le monde--la Chine, les Philippines, et la Russie. C'est le seul moyen. »



Rodrigo Duterte
© Inconnu
Rodrigo Duterte, président des Philippines, a annoncé sa "séparation" avec les États-Unis lors d'une visite officielle à Pékin, et a déclaré qu'il alignait son pays dans une alliance avec la Chine. Les deux pays ont annoncé leur intention de résoudre leur dispute territoriale au sujet de la Mer de Chine méridionale par des pourparlers.

"Dans ces lieux [...] j'annonce ma séparation avec les États-Unis", a-t-il déclaré devant un parterre de dignitaires et hommes d'affaires chinois et philippins. "Dans le domaine militaire, peut être pas social, mais économique également, l'Amérique a perdu", a-t-il ajouté, enfonçant le clou avec son légendaire franc-parler. "Je me suis réaligné dans votre courant idéologique et peut être que je vais aussi aller en Russie et parler à Poutine et lui dire qu'il y a nous trois contre le monde--la Chine, les Philippines, et la Russie. C'est le seul moyen."

Les Philippines ont toujours eu une relation privilégiée avec les États-Unis ; l'archipel était une colonie américaine jusqu'en 1946. Sous la direction de Xi Jinping, la Chine a affirmé de plus en plus ses ambitions, notamment dans la Mer de Chine méridionale, face à des petits pays d'Asie du Sud-Est, remettant en cause l'influence des États-Unis dans la région. Peu après son élection, Barack Obama avait promis un "pivot vers l'Asie" de la politique américaine, se désengageant du Moyen-Orient qui avait accaparé l'Administration Bush, et se concentrant sur la Chine, pays ascendant. Entre les crises liées au Printemps arabe et la posture plus agressive de la Chine, le "pivot" n'a jamais vraiment eu lieu.

Le département d'État américain s'est déclaré "perplexe" face à la déclaration du président Duterte. "Nous allons chercher une explication de ce que le président voulait dire, exactement, lorsqu'il a parlé de séparation des États-Unis. Nous ne voyons pas exactement ce que ça veut dire dans toutes ses ramifications."