Les Européens sont, dans l'ensemble, insatisfaits des niveaux de corruption dans leur pays, ainsi que des mesures mises en place pour lutter contre le fléau. Des carences qui pavent la voie aux partis « populistes ».
Corruption
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Le dernier baromètre sur la perception des citoyens européens relative à la corruption, publié par l'ONG Transparency International (TI), dresse un constat sévère. Un tiers des 60 000 personnes interrogées par TI, au sein de 42 pays en Europe et en Asie centrale, pensent que la corruption est un problème majeur dans leur pays.

C'est en Europe de l'Est que cette défiance est la plus forte. Ainsi, six Ukrainiens, Moldaves ou Kosovars sur dix sont de cet avis. Et en Espagne, pays récemment frappé par une vague de scandales, 66% des citoyens pensent que la corruption est un problème majeur. A l'autre bout du spectre, les pays d'Europe occidentale sont plus cléments : seuls 2% des Allemands, 6% des Suédois et 23% des Français pensent que la corruption est un problème majeur.


Commentaire : Sont-ils plus cléments ou plus aveugles ?


L'action des pouvoirs publics sévèrement jugée

Une majorité (53%) des Européens interrogés pense que les gouvernants n'en font pas assez pour lutter contre la corruption, et moins d'un sondé sur quatre s'estime satisfait des mesures engagées contre ce fléau. L'appréciation de l'action gouvernementale connaît la même ligne de fracture entre Europe de l'Est et Europe de l'Ouest, à l'exception, toujours, de l'Espagne, dont huit citoyens sur dix estiment que les mesures prises par les autorités sont suffisantes. Les Français, quant à eux, sont plus de 60% à se déclarer satisfaits.

Enfin, la majorité des sondés établissent un lien entre richesse et corruption. « Dans les pays de l'UE, de nombreux citoyens voient comment les riches et les gouvernants détournent le système à leur avantage », selon le président de TI, José Ugaz. « Les gouvernements n'en font tout simplement pas assez pour s'attaquer à la corruption parce que les individus qui se trouvent au sommet en profitent. »

Les recommandations de Transparency International

Pour TI, il y a urgence à réguler le secteur du lobbying, au moyen, notamment, de registres publics des acteurs - un tel registre existe en France, à l'Assemblée nationale. L'ONG recommande également aux gouvernements d'instaurer des lois qui protègent mieux les lanceurs d'alerte et les journalistes. A défaut de quoi, TI prédit le succès croissant des populismes en Europe : « au cours des dernières années, l'Europe a connu une poussée de soutien aux mouvements populistes et nationalistes (...). Les raisons sont nombreuses et complexes, (mais) la corruption est un élément central de cette histoire ».