Depuis plusieurs jours, le torchon brûle entre RT (anciennement Russia Today) et de nombreux sites de presse traditionnelle français, en particulier leurs experts du fact-checking (vérificateurs de faits, en bon français). Par articles assassins interposés, chacun accuse l'autre de propagande. En substance, chacun scande : c'est celui qui dit qui l'est ! On se croirait dans une cour de récré !

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© GoogleLa guerre de l'information
Ce qui semble vraiment avoir mis le feu aux poudres, c'est la publication le 13 décembre par RT d'une vidéo qui s'est avérée virale, celle d'une journaliste indépendante, Eva Bartlett, qui dénonce les mensonges des médias occidentaux sur la guerre en Syrie. Son titre cogne : "ONU : une journaliste démonte en deux minutes la rhétorique des médias traditionnels sur la Syrie". A ce jour, elle a été vue plus de 700.000 fois sur YouTube, et plus de 3 millions de fois sur la page Facebook de In the NOW, nouvelle déclinaison en ligne de RT.

Interpellée par un journaliste norvégien, Eva Bartlett estime qu'« aucune » organisation fiable n'est présente dans l'est d'Alep, ce qui fait que les médias occidentaux ne disposeraient d'aucune information fiable sur la zone. Elle attaque notamment l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) et les « casques blancs ». Eva Bartlett réfute également l'idée selon laquelle le gouvernement syrien s'attaquerait à la population civile à Alep.


Une attaque en meute qui va crescendo

Dès le 15 décembre au matin, ce sont les Décodeurs du Monde qui dégainent contre elle. Avant même de s'en prendre au contenu de la vidéo, les Décodeurs s'en prennent au média qui l'a diffusée, ainsi qu'aux sites ("extrémistes" et "conspirationnistes") qui l'ont reprise :
" Une vidéo du site financé par le pouvoir russe Russia Today a largement circulé depuis sa publication, mercredi 13 novembre, reprise notamment en français par des sites extrémistes ou conspirationnistes, comme ArretSurInfo.ch ou LesMoutonsEnragés.fr ."
Ensuite, ils jugent son analyse, non pas fausse, mais "pour le moins partiale" :
" D'abord à propos des civils. Les journalistes du Monde à Beyrouth sont par exemple au contact de personnes qui ont fui Alep, et certains récits valident tout à fait l'existence de civils victimes des forces syriennes. Leurs chroniques de l'écrasement de la rébellion se fondent aussi sur des sources institutionnelles, mais également, par exemple, sur les récits de contacts sur place.

On peut également citer, parmi d'autres exemples, le travail de Karam Al-Masri, correspondant de l'Agence France-Presse (AFP) à Alep, qui vient de recevoir le Grand Prix de la Fondation Varenne dans la catégorie « journaliste reporter d'images ». Un « Making-of » de l'AFP publié en septembre qui raconte son parcours et le récit de sa collaboration avec l'agence permet ainsi d'aller au-delà du cliché de l'absence totale d'informations venant de la zone pour les médias étrangers."
Quelques heures après la parution de l'article du Monde, des sites satellites reprennent l'info, mais y ajoutent beaucoup de sel. Ainsi, Mathieu Dejan, journalistes aux Inrocks, titre son article de manière sensationnelle : "Comment une vidéo conspirationniste sur la Syrie est devenue la deuxième la plus vue sur YouTube". Rappelez-vous que Le Monde ne portait pas d'accusation de conspirationnisme contre la vidéo elle-même, mais seulement contre certains sites qui l'avaient reprise. Les Inrocks franchissent un palier. Notons aussi que, si Le Monde ne parlait que de propos "contestables" et partiaux, les Inrocks parlent à présent "d'un exemple typique de propagande russe sur le conflit en Syrie, et donc de désinformation".

Salir le médium pour salir le message

En quoi les affirmations d'Eva Bartlett sont-elles conspirationnistes ? A aucun moment, Mathieu Dejan ne prend la peine de nous le dire. Car des affirmations "contestables", voire relevant de la propagande russe, ne sont pas pour autant "conspirationnistes" (les mots ont un sens). Le journaliste des Inrocks se borne à citer des sites dits "conspirationnistes" qui ont publié la vidéo : BreizhInfo, Le Salon Beige, Les Moutons Enragés ou encore Sputnik news. Comme si la réputation conspi d'un site suffisait, par contamination, à rendre conspi tous les contenus qu'il publie...

Mathieu Dejan donne ensuite la parole à des experts en "complotologie", notamment à Rudy Reichstadt, qui nous explique que la chaîne d'information en continue anglophone Russia Today entretient depuis sa naissance un "tropisme conspirationniste". Là encore, on accuse le média... mais on ne dit rien du contenu de la vidéo d'Eva Bartlett. En quoi est-il conspi ?

Finalement, au terme de cet article, on croit comprendre qu'est dit "conspirationniste" toute entité qui "considère tous les dires de la presse occidentale comme de la propagande en soi". Définition pour le moins contestable. D'ailleurs, sans aller jusqu'à dire que tous les dires de la presse occidentale sont de la propagande en soi, comment contester le biais idéologique des grands médias sur une multitude de sujets ( pro-Hillary, anti-Trump, pro-UE, anti-Brexit, pro-rebelles, anti-Assad, pro-mondialisation, anti-protectionnisme, etc.) ?

Si cela ne suffisait pas, Mathieu Dejan ajoute à l'accusation floue de "conspirationnisme" celle de "confusionnisme" : "Cette vidéo illustre donc le confusionnisme qui peut parfois régner sur une question aussi saturée d'idéologie que la guerre en Syrie." Autant de termes abscons qui ne veulent pas dire grand-chose, mais qui stigmatisent bien comme il faut.

Une "soit-disant journaliste", dixit Libé

Les Inrocks remettent aussi en question la qualité de "journaliste indépendante" d'Eva Bartlett ( ils mettent l'expression entre guillemets ) car elle travaille, nous dit-on, "régulièrement pour Russia Today depuis 2013". En fait, elle a publié huit articles sur le site de RT en quatre ans, ce qui fait une moyenne de deux articles par an... On imagine que ses piges pour RT ne suffisent pas à la nourrir et qu'à ce compte sa dépendance envers ce média n'est pas immense.

Les Inrocks font encore remarquer que la journaliste s'exprime dans le cadre d'une conférence de presse organisée par la Mission permanente de la République syrienne auprès de l'ONU, et qu'il s'agit donc d'une initiative du gouvernement de Bachar el-Assad. Dans ces conditions, "l'« indépendance » et la neutralité d'Eva Bartlett, journaliste travaillant dans des médias russophiles et invitée dans une conférence organisée par le pouvoir syrien sont donc très contestables". Est-ce à dire que les Inrocks se définissent, eux, comme un média "russophobe" ?

Quoi qu'il en soit, le 19 décembre, Eva Bartlett a répondu sur RT à cette mise en cause touchant son indépendance :


Quelques heures plus tard encore, ce 15 décembre, Pauline Moullot, membre de la brigade des Desintox de Libération, ira encore plus loin, déniant la qualité de journaliste à Eva Bartlett ; après l'avoir qualifiée de journaliste "soi-disant « indépendante »", elle la traite subrepticement de "soi-disant journaliste" et d'« activiste pro-régime syrien ». Pauline Moullot se sentirait-elle vexée si on la qualifiait, elle, d'activiste anti-régime syrien ?

En tout cas, dans son article, elle nous donne certaines sources qu'elle juge dignes de confiance : Washington et Laurent Fabius, l'homme pour lequel "Bachar el-Assad ne mériterait pas d'être sur terre" et "le Front al-Nosra fait du bon boulot"... Le fait que les Casques blancs aient été pressentis pour le prix Nobel de la paix (à la suite de personnalités comme Henry Kissinger ou Barack Obama) constitue aussi pour elle un gage de leur sérieux.

Peltier ou Ganser : qui est le plus crédible sur la Syrie ?

S'invitant dans la meute, le site de 20 Minutes dénonce à son tour "une vidéo de désinformation sur la guerre en Syrie". L'article ne fait que citer les articles déjà parus des Décodeurs du Monde et des Inrocks. Il mentionne aussi ce tweet de Marie Peltier, présentée comme historienne, mais qui est aussi une activiste anti-Assad très active sur Twitter :


Petite parenthèse sur Marie Peltier : c'est elle qui avait jugé "conspirationniste" le numéro de l'émission de géopolitique de France 2, Un Oeil sur la Planète, consacré à la guerre en Syrie, au motif qu'il avait évoqué la possibilité que le conflit ait (aussi) une dimension énergétique :


Sur ce point précis, elle se trouve en concordance avec Nabil Ennasri, président du Collectif musulman de France, qui défend la légitimité des Frères musulmans en Égypte. Ces derniers jours, il a publié un article au titre éloquent : "Alep : pour en finir définitivement avec la théorie du complot !" Il veut notamment tordre le cou à l'idée que le conflit en Syrie tiendrait au fait que le Qatar, la Turquie et l'Arabie Saoudite auraient des intérêts gaziers et auraient tout fait pour écarter le régime qui ne leur était pas favorable :
"C'est peut-être l'une des contre-vérités les plus répandues. Et comme tout mensonge, à force de le répéter, il devient vérité pour beaucoup. Avant le début de la révolte syrienne, les liens entre le Qatar et la Syrie étaient très forts. Rappelons que Bashar al Assad avait été reçu en grandes pompes à l'été 2008 à Paris et que c'était le Qatar qui avait tout fait pour réintégrer Bashar dans le concert des nations. L'émir avait même offert l'Airbus présidentiel à Bashar et les investissements notamment immobiliers et dans le tourisme se chiffraient en milliards entre les deux pays. Autant dire que les relations étaient très bonnes et que le Qatar n'avait aucun intérêt à bousculer un de ses meilleurs alliés. La propagande de Soral, Colon et d'autres ont un moment laissé entendre que c'est parce que Bashar avait refusé de souscrire à un gazoduc qui partait du Qatar jusqu'en Turquie que ces deux pays se sont « vengés » en finançant une insurrection.

Rien n'est plus faux car ce soit-disant gazoduc devait passer par l'Arabie Saoudite pour être acheminé ensuite en Méditerranée. Or le régime saoudien était catégoriquement contre ce projet car l'émir du Qatar était à l'époque l'adversaire déclaré de Riyad dans le Golfe. Ce projet de gazoduc n'était donc absolument pas viable du fait du veto saoudien et en plus le Qatar n'avait, encore une fois, aucun intérêt à déboulonner un régime dont le dirigeant et son épouse venaient passer leurs vacances à Doha. Le pire dans cette histoire de gazoduc fantasmé est qu'elle fait fi de tous ces milliers de Syriens qui sont morts pour leur liberté. Faire de ces martyrs tombés par milliers des êtres téléguidés de l'étranger pour assouvir les appétits financiers étrangers est vraiment insultant pour leur mémoire..."
"Soit-disant gazoduc", "gazoduc fantasmé"... On opposera à cet avis tranché celui de l'historien suisse Daniele Ganser, qui croit tout à fait à la pertinence de cette causalité énergétique (son intervention traduite en anglais commence à 1'35 ; on peut trouver la vidéo originale en allemand ici).

En anglais ici

Pour décrédibiliser le motif énergétique de la guerre en Syrie, Nabil Ennasri l'assimile à de la propagande d'Alain Soral et de Michel Collon. Daniele Ganser se réfère, de son côté, entre autres, à un article de Robert Kennedy Jr., moins facile à dénigrer sans doute (voir cette autre vidéo).

La voix de son maître, en toute liberté

Mais revenons à nos moutons. Le 16 décembre, un peu à la traîne, Rue89 se joint à la curée contre RT, en ne faisant que reprendre les articles du Monde, des Inrocks et de Libération.

Le 17 décembre, RT a répliqué aux attaques (coordonnées ?) des fact-checkers français, en particulier en visant l'argument de son absence d'indépendance et de sa soumission à la ligne politique du Kremlin :
"Qualifiant RT France de « site pro-russe financé par Moscou », le journal [Libération], qui a touché en 2015 près de 6 500 000 euros d'aide individuelle de la part du gouvernement français, a sorti ses meilleurs arguments pour tenter de contrer ceux que développe la journaliste indépendante."
Il est vrai que tous nos fact-checkers ne vivent que grâce aux subventions de l'État. D'ailleurs, sur Twitter, les Desintox de Libération ont reçu une volée de bois vert sur ce thème de l'indépendance ; attaquer RT sous cet angle n'était peut-être pas le plus judicieux :





Le 19 décembre, les Désintox de Libération ont à leur tour répondu à la réponse de RT dans un article intitulé "RT, le site prorusse financé par le Kremlin (mais qui n'aime pas qu'on le dise)". Le journaliste Vincent Coquaz estime qu'il est faux de dire que
"RT et Libération seraient (...) deux médias comparables, respectivement financés par les gouvernements russe et français" ; en effet, "si Libération touche effectivement des subventions publiques, RT dépend de son côté directement du gouvernement russe. Le média a ainsi été lancé en décembre 2005 par RIA Novosti, l'agence de presse russe qui dépendait alors du ministère de la communication".
Libération cite aussi Vladimir Poutine, qui avait lui-même été très clair sur la ligne éditoriale de RT :
« Comme elle est financée par le gouvernement, elle ne peut s'empêcher de refléter la position officielle du gouvernement russe sur les événements dans notre pays ou dans le reste d'une monde, d'une manière ou d'une autre ».
Soit. RT, c'est la voix de Moscou, officiellement, qui a pour vocation de déconstruire le récit (biaisé) des événements faits par les médias occidentaux. Libération, c'est un média subventionné par l'État français, et qui, en toute liberté, reprend le plus clair du temps la propagande de l'Élysée et de la Maison-Blanche. Il était important de noter la différence.

Alep : des médias occidentaux complices d'une vaste entreprise de désinformation

Docteur en science politique et colonel au sein de la réserve opérationnelle des Armées, Caroline Galactéros dirige le cabinet d'intelligence stratégique Planeting. Ne serait-elle pas aussi un agent de Moscou ? Car les propos qu'elle a tenus dans Le Figaro, le 16 décembre, ont de quoi faire bondir les pourfendeurs d'Eva Bartlett, manifestement si fiers de leur propretraitement médiatique de la bataille d'Alep. Voici en effet le jugement qu'elle porte sur ce sujet brûlant :
"Si vous me pardonnez cette franchise, je le trouve globalement déplorable et surtout dangereux. Par ignorance, goût du sensationnalisme et de la polarisation manichéenne des situations, confiance excessive dans les réseaux sociaux, ou par inclination à relayer la doxa véhiculée par le pouvoir et ses alliés, la plupart des médias se sont engouffrés depuis des mois dans la brèche de la facilité et ont relayé bien des informations parcellaires voire fausses (cf. l'affaire des « Casques Blancs » ou « l'opération OSDH » - source unique elle aussi anglaise, clairement contestable et pourtant devenue la référence depuis cinq ans). Ils ont en conséquence nourri une interprétation déformée des enjeux et des faits. Bref, l'immense majorité des médias occidentaux s'est fait la caisse de résonance naïve ou parfois sciemment complice d'une vaste entreprise de désinformation sur la nature des « rebelles », les objectifs réels de la guerre, l'idée même d'une guerre civile ou encore la dimension confessionnelle du conflit de fait secondaire mais montée en épingle, etc..."
Alors que nos médias subventionnés nous dépeignent des rebelles sympas comme tout, dont la défaite serait une tragédie, Galactéros nous en donne une toute autre image :
"Il n'y a pas de guerre civile à proprement parler en Syrie. Il y a une guerre contre tous les Syriens (toutes confessions et communautés confondues) qui est menée de l'extérieur contre ces populations. Les rebelles les retiennent sous leur coupe nous l'avons dit, les rançonnent, menacent les familles de ceux qui voudraient fuir, utilisent écoles et hôpitaux pour s'y retrancher, y disposer leurs snipers et provoquer l'opprobre occidental contre ceux qui n'hésitent pas à les en déloger.

(...) Depuis quatre ans, il n'y a plus un « rebelle modéré » en Syrie. C'est une pure utopie voire un mensonge éhonté et délibéré."
Ces derniers propos de Galactéros sont résumés ici en une seule image, proposée sur Facebook par l'éditeur suisse Slobodan Despot :
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Des désintoxeurs (impuissants) à sens unique

Il ne s'agit pas d'accabler les fact-checkers, dont Daniel Schneidermann remarquait le 27 novembre dans Libération toute l'impuissance, face à un flot de fausses informations trop abondant. On leur mettra seulement sous le nez ces quelques mots pleins de bon sens du fondateur d'Arrêt sur images :
" Il est impossible de ne pas remarquer que les désintoxeurs ont statistiquement décodé à sens unique, s'attachant de manière privilégiée à démonter les intox pro-Trump et pro-Brexit, plutôt que celles du camp d'en face, lequel, à sa manière, le Guardianen tête, a aussi baigné dans la « post-vérité » en promettant l'apocalypse en cas de Brexit."
Et si, au-delà du flot étourdissant d'intox sur la Toile, c'était cela la principale raison de l'impuissance des fact-checkers ? Leur partialité, orientée presque toujours contre les critiques du "système" en place, qui finit par générer, au mieux de l'indifférence, au pire de l'animosité à l'endroit de leur travail. RT peut bien faire, ici ou là, de l'intox. Mais RT, comme d'autres médias alternatifs, propose une autre vision du monde, et tape (stratégie facile, mais efficace) sur des médias qui, depuis des lustres, défendent le statu quo du monde tel qu'il va :
"Car voilà toute l'affaire [écrit Frédéric Lordon dans un article-fleuve, paru le 22 novembre sur Les blogs du Diplo] : la post-politique est un fantasme. Elle est le profond désir du système intégré de la politique de gouvernement et des médias mainstream de déclarer forclos le temps de l'idéologie, c'est-à-dire le temps des choix, le désir d'en finir avec toutes ces absurdes discussions ignorantes de la « réalité », dont il nous est enjoint de comprendre que, elle, ne changera pas. Mais c'est le désir de ce système, et de ce système seulement. Pour son malheur, le peuple obtus continue, lui, de penser qu'il y a encore matière à discuter, et quand toutes les institutions établies de la post-politique refusent de faire droit à cet élémentaire désir de politique, alors ce peuple est prêt à saisir n'importe quelle proposition, fût-ce la pire, pourvu qu'elle soit celle d'une différence. Tout le fact-checking du monde n'ôtera jamais que la politique est l'exercice de la différence quand il est, lui, le prononcé silencieux de la fin des différences, ce qui reste quand on a décidé qu'il n'y aurait plus de différences : le règne vide et insignifiant des « faits » — mais pour mieux laisser inquestionné, dans l'arrière-plan, le signifié-maître : le monde est comme il est."
Le fact-checking serait l'aboutissement d'un "journalisme de la congélation définitive des choix fondamentaux", "et forcément in fine du gardiennage du cadre".

On comprend aisément pourquoi, face à des médias, des politiques ou des militants qui proposent, ou font mine de proposer des alternatives radicales, et qui dégomment au passage (y compris à coup d'intox) les vieux médias, soutiens du "système" honni, les fact-checkersne pourront rien, ou pas grand-chose. Un vérificateur de faits, aussi juste et performant soit-il, n'aura jamais que peu d'influence s'il évolue dans un média perçu comme un clergé, édictant la "bonne parole", et dont la fonction essentielle est de justifier l'ordre congelé du monde.