Loin de moi l'idée d'en rajouter une couche sur notre nouveau Président, la presse française et étrangère s'en chargeant déjà très largement par elles-mêmes. J'en veux pour preuve, l'hégémonie de documentaires, de reportages et d'articles sur sa vie avant, pendant et après l'élection présidentielle dans le paysage audiovisuel français, couramment désigné par son acronyme PAF. Et force est de constater que lorsque l'on croit être en overdose, « PAF ! » Nous avons droit aussi à celle de sa femme, de ces petits camarades d'école ou de promotions, de ces professeurs, etc.
emmanuel macron
Heureusement pour nous, il n'a vécu jusqu'à lors qu'une quarantaine d'années et qu'il n'a encore jamais fait ses preuves dans un quelconque mandat au niveau local, régional ou national. Sans quoi, même en passant 24 heures sur 24 devant notre poste de télévision, nous n'arriverions pas à savourer toute la grandeur de ce personnage hors du commun.

Malheureusement pour nous et sans doute un peu pour lui, dans peu de temps, nous aurons droit aussi au déballage de sa vie privée, de ses zones d'ombres, voire de ses secrets cachés à la une de tous les médias, que ces derniers fussent auparavant de vrai-faux amis ou plus vraisemblablement de vrais opportunistes. Car au nom de la sacro-sainte liberté de la presse à la française ou de cette arrogante certitude qu'ont ces incorrigibles prétentieux de devoir nous informer à tout prix, amis ou pas, il y a un business à faire tourner. Et le petit peuple vient encore de prouver qu'il est toujours avide de nouveautés...

Pris par l'enthousiasme général de sa réussite, les félicitations sincères ou plus généralement hypocrites des hommes et des femmes politiques de tous bords, de tous ceux ou celles, qui veulent se rapprocher du nouvel « homo sapiens politicus » pour quémander une once de pouvoir, quelques miettes de prébendes républicaines, ou d'éventuels subsides honorifiques. Lui est tout à sa joie et tous les matins que Dieu fasse depuis son élection, en se rasant devant sa glace, on se l'imagine bien, avec son sourire étincelant de trader londonien, se disant à lui-même « je l'ai fait ! Je suis le nouveau Président de la République... ».

Mais pas sûr que sa présidence soit un long fleuve tranquille pour notre nouveau « JFK » à la française et du même coup pour nous également, vulgaires « Sans-dents » sous l'ancien quinquennat, redevenus depuis, par la magie des élections, de bons républicains. A peine élu et pas encore aux commandes, loin d'avoir acquis une majorité dans la future Assemblée, le voilà déjà rappelé aux bons souvenirs des technocrates de Bruxelles. Après les félicitations d'usage des Junker, Merkel, Moscovici et consorts (en un seul mot), il a eu droit à un petit bonus, car quand même, après le Brexit, ces joyeux drills ont senti passer le vent du boulet en voyant MLP au second tour... Donc après moult « Congratulations, glückwunsch et autres cirages de pompes de circonstance », les choses sérieuses ont repris. Et il est plus que temps selon Bruxelles !

« Les Français dépensent trop d'argent et ils dépensent au mauvais endroit...Les Français consacrent entre 53% et 57% de leur Produit intérieur brut à leurs budgets publics, compte tenu du niveau relativement élevé de la dette cela ne peut pas fonctionner dans la durée. » tempête Junker (1).

Puis c'est au tour de sa désormais, partenaire pour le meilleur et surtout pour le pire, Angela, qui prévient qu'elle ne lui fera pas de cadeaux, puisqu'elle a déclaré que le « soutien allemand ne pouvait remplacer les réformes françaises » et qu'elle ne voyait pas pourquoi l'Allemagne devait en priorité changer sa politique (2). Enfin son ami Moscovici, a interpellé notre Président fraichement élu « à sortir la France de la procédure de déficit excessif au sein de l'Union européenne » (3).

« Reçu fort et clair ! », puisque notre bon petit soldat européiste convaincu, souhaite que l'Europe « puisse se remettre en marche et qu'elle soit à la fois conquérante et protectrice...(4) ».

Mais pour remplir ses obligations européennes, il va falloir y aller en courant ou au pas de charge, au choix. Lui, à l'air plutôt sportif, mais pas sûr que tous les membres de notre futur gouvernement et nos futurs députés soient assez en forme pour tenir la cadence imposée par Bruxelles. Car sitôt élus, nos adeptes « du renouveau », déclareront assez rapidement, qu'ils sont là pour cinq ans, que l'effort demandé est hors de portée, vu « la crise économique et l'état de la France », que beaucoup feront mine alors de découvrir. Ensuite, la réputation internationale des repas à la « cantine de la République » fera son œuvre et, même les plus motivés vont vite vouloir retrouver une cadence de sénateur. Et c'est sans compter sur les « forces vives » de la Nation qui feront tout leur possible pour faire entendre leurs voix et sur les derniers « Hérauts » encore debout parmi les autres partis politiques moribonds, qui après cette campagne Napoléonienne, comptent leurs morts tombés devant les urnes, en pensant bien faire payer cette déroute dès qu'ils le pourront...

Et c'est à ce moment-là, que Bruxelles changera de ton avec notre jeune Président de la République. Redevenu alors, un jeune « blanc-bec » sur la scène européenne à qui il faut expliquer les choses. C'est Bruxelles qui décide, un point c'est tout ! Et s'il faisait mine de vouloir faire sa mauvaise tête d'adolescent capricieux, un sec « Soldat Macron, au Rapport ! », à peine caricatural, l'enverrait se présenter devant le Parlement Européen, où lui serait rappelé à ses obligations sous peine de sanctions, devant tous les médias européens venus voir notre petit prodige national, ce faire botter le cul en direct.

Ce faisant, tous ceux qui n'ont pas voté Macron et qu'on a accusé avec une rare virulence et une incroyable démagogie pendant cette fin de campagne présidentielle de prôner une posture anti-européenne, de défendre une position de repli national, de propager la haine des étrangers et des immigrés, bref d'être de véritables fachos, alors même que certains déclaraient simplement vouloir s'abstenir de voter au second tour, vont reprendre du poil de la bête pendant ces cinq prochaines années et le coup de l'Homme nouveau et providentiel (ou de la femme) ne marchera plus du tout en 2022...

1 - http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/juncker-a-macron-les-francais-depensent-trop-707861.html
2 - http://www.atlantico.fr/decryptage/merkel-1-macron-0-emmanuel-macron-perd-premiere-bataille-majeure-dans-rapport-force-avec-allemagne-et-guerre-parait-mal-engagee-3044148.html
3 - https://www.challenges.fr/election-presidentielle-2017/moscovici-appelle-macron-a-sortir-la-france-de-la-procedure-de-deficit-excessif_472118
4 - http://www.lemonde.fr/europe/article/2017/05/10/macron-promeut-l-ue-et-rencontre-un-echo-chez-juncker_5125406_3214.html