Les combats sont amenés à prendre de l'ampleur dans la région d'Afrin où l'armée turque est venue combattre les forces kurdes. Les autorités kurdes ont appelé les civils à venir combattre, tandis que les Turcs envoient des renforts.
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© InconnuUn tank de l'armée turque
Les autorités locales kurdes ont décrété le 23 janvier la «mobilisation générale» pour défendre l'enclave d'Afrin (nord-ouest de la Syrie), appelant les civils à « prendre les armes » au quatrième jour de l'offensive lancée par la Turquie au Kurdistan syrien. L'armée turque et ses alliés arabes syriens ont lancé ce même jour plusieurs assauts dans le nord de la Syrie dans le but de briser les lignes des Unités de protection du peuple (YPG).

« Nous décrétons la mobilisation générale et nous invitons tous les enfants de notre peuple à défendre Afrin », ont écrit dans un communiqué les autorités kurdes du canton de Jaziré, dans le nord-est de la Syrie.

Ce canton est l'un des trois qui forment la « région fédérale », administration semi-autonome proclamée en 2016 par les Kurdes syriens sur les territoires qu'ils contrôlent.

« C'est une invitation pour tous les Kurdes en Syrie à prendre les armes », a précisé à l'AFP un responsable média des YPG à Afrin, Rezan Hedo. Tous les centres des Forces démocratiques syriennes, coalition de combattants kurdes et arabes syriens dominée par les YPG, « sont prêts à recevoir tous ceux qui veulent défendre Afrin et à leur fournir des armes », a-t-il souligné. Les réservistes sont appelés à rejoindre leurs centres, a-t-il ajouté.

Un appel à la mobilisation alors que les YPG communiquent sur les bataillons de volontaires venus de l'étranger combattre dans leurs rangs.


« Nous sommes tous prêts à aller nous battre à Afrin, nous nous sommes entraînés depuis longtemps », explique un soldat volontaire au fort accent américain.

D'autres alliés comptent venir prêter main forte aux forces des YPG, les Peshmergas, combattants kurdes irakiens, qui les retrouvaient parfois sur les théâtres d'opérations durant la guerre contre l'État islamique. Ils déclarent être « préparés à mourir pour Afrin ».

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D'autres combattants se filment livrant bataille à Hamam en Syrie, près de la frontière turque.


Tandis qu'une reporter de la BBC, postée avec l'armée turque à six kilomètres de la frontière syrienne, filme l'espace d'un éclair à cause de sévères restrictions, les renforts envoyés par les Turcs.


Les Turcs annoncent pour leur part contrôler de nouvelles zones de la région d'Afrin, ce compte Twitter résumant la situation du jour.


Sur le terrain, «la résistance des Kurdes et les combats sont très violents sur trois fronts : nord-est, nord-ouest et sud-ouest d'Afrin», a déclaré le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.

A la suite des violents combats, le bilan s'alourdit d'heure en heure, chacun des camps produisant des chiffres contradictoires. L'OSDH annonce 26 combattants YPG tués. Les YPG annoncent en outre avoir éliminé 19 combattants rebelles syriens, et plusieurs militaires turcs. Les Turcs reconnaissent avoir perdu deux militaires seulement et avoir occasionné bien davantage de pertes parmi les YPG. Huma, Rights Watch annonce un chiffre de 30 tués, réfuté par les Turcs, qui estiment d'avoir fait aucune victime civile.

L'offensive menée par l'armée turque

L'offensive, lancée le 20 janvier par l'armée turque avec des rebelles syriens pro-Ankara, vise la milice kurde syrienne des Unités de protection du peuple (YPG), considérée par la Turquie comme « terroriste » mais fer de lance de la lutte antijihadistes en Syrie.


L'administration américaine avait annoncé début janvier qu'elle souhaitait aider à la mise en place d'une force de 30 000 hommes sous la direction des YPG à la frontière. Une décision qui a attisé la réplique de la Turquie, farouchement opposée à l'autonomie du Kurdistan syrien, qui a fait de leur affiliation au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) un casus belli.

Le ministère russe des Affaires étrangères avait déclaré dans un communiqué du 20 janvier : « La Turquie a eu recours à ses forces armées près d'Afrin, dans le nord-ouest de la Syrie [...] Moscou est préoccupé par ces informations ». Il a également appelé à la retenue et déplacé ses forces russes stationnées dans la région. Enfin, la Russie a dit continuer de surveiller la situation et s'est dite prête à venir en aide aux civils fuyant les zones de combat.

De son côté, la France est intervenue le 21 janvier, par la voix de la ministre des Armées, Florence Parly, qui a appelé la Turquie à cesser ses opérations contre les Kurdes syriens. Elle a estimé que cela ne pouvait que nuire au combat contre le groupe terroriste État islamique, contre lequel les forces combattantes kurdes se sont engagées depuis le début du conflit. Elle a déclaré : « Il faut que nous revenions à l'essentiel, c'est la lutte contre le terrorisme et tous ces combats, notamment ceux qui ont lieu en ce moment de façon terrible en Syrie dans la poche d'Idleb ou ailleurs, doivent être arrêtés.»