Ce texte est le fruit d'un travail collectif de membres de plusieurs associations et groupements de défense de la langue française. Il est important de le diffuser à tous, tant nous sommes face à un mépris inimaginable « des Autorités », surtout des plus hautes instances de l'État.
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Contournant les associations de défense de la langue française et méprisant leurs alertes, le président de la République, docilement suivi par sa représentante à l'OIF Mme Leila Slimani, se pose en grand défenseur de la langue française et de la Francophonie. C'est malheureusement une imposture.

Fausse modernité et vraie ringardise. - D'abord, une question : que signifie « dé-ringardiser la langue française » ? Connaissez-vous une langue qu'on puisse qualifier de ringarde ? Le mot en dit long sur la politique qui est menée, autoritaire, discriminatoire. Nous parlons français en France, serions-nous tous devenus des ringards ? La modernité n'est pas pour les Français une nouveauté. Ils ont participé et participent encore aux évolutions techniques, industrielles et intellectuelles du monde depuis mille ans, fréquemment en précurseurs, toujours en acteurs. Quel président se permettrait de refuser cette évidence ?

Le français, « langue de la République » et langue internationale porteuse de diversité - Que signifie en outre cette volonté récurrente de « dénationaliser » la langue française en opposant la « langue de la République » (article 2-a de la Constitution) à la Francophonie internationale qui n'en est que le prolongement linguistique ? En réalité, la Francophonie est le rempart contre ce « business Globish », qui porte en lui un terrible danger de pensée, d'économie, de politique et de « culture » uniques et « globalitaires » , avec la bénédiction des dirigeants politiques.

Le français promu « seconde langue mondiale » ou... peu à peu relégué au rôle de langue locale, voire folklorique sur le sol même de l'hexagone ? - « L'anglais est désormais la lingua franca, c'est comme ça. Il faut savoir parler anglais si on veut agir et bouger dans la mondialisation. » vient de déclarer Édouard Philippe, Premier ministre, à Lille le 23 février 2018.

Même avec une vision purement économique, la langue des exportations c'est celle du client ! Quant au chef de l'État, Il flatte la francophonie africaine, mais c'est pour mieux sous-entendre que dans son esprit la francophonie n'est bonne que pour les nègres, puisqu'elle est absente de sa stratégie en Europe et en France.

Les blancs, eux, qui sont des gens sérieux et développés, parlent l'anglais, bien sûr, et n'auront bientôt plus besoin du français.

Ensuite, l'ouverture à un français pluriel, enrichi de tous les africanismes possibles, est aussi une flatterie qui cache ce que les linguistes appellent une créolisation, c'est-à-dire la rupture d'unité d'une langue au profit de ses déclinaisons régionales. Pour tuer le caractère universel et rassembleur d'une langue comme la nôtre, c'est radical.

Nous recevons des coups de partout, mais c'est la première fois que le président monte lui-même en première ligne.

Arrachage et substitution linguistiques - Chaque jour, le français recule dans notre pays. Le tout-anglais est favorisé par les milieux financiers, par de grandes entreprises privées et publiques, par nombre de Grandes Écoles et d'Universités, par certains responsables publics de la recherche scientifique, sans parler de tous ceux que Michel Serres nomme « les collabos de la pub et du fric » comme le CSA ou les élus de la République Le discours d'Emmanuel Macron à Versailles, 22 janvier 2018 « Choose France ! », « France is back », « One Planet's Summit », « Make our planet great again ! »... humilie notre langue sur son sol même, renie notre Constitution. Ces termes complètent le paysage des radios et des télévisions qui nous abreuvent de noms comme « The Voice ». Quant à l'actuelle communication gouvernementale, truffée d'anglicismes incompréhensibles, n'en parlons pas.

Une politique linguistique inavouable et mortifère - Nous sommes bien conscients de cette politique linguistique criminelle que génèrent l'union européenne (en dépit du « Brexit » !) et les partisans des traités de libre-échange « transatlantiques ». Nous n'en sommes plus à quelques mots « franglais » jadis moqués par Etiemble. Il s'agit désormais et tout simplement de la substitution linguistique de notre langue par l'anglo-américain. Regardons nos produits et nos enseignes. Ce sont les autorités françaises qui imposent l'anglo-américain comme la langue du travail et des échanges. Toutes les nations sont visées, l'Italie, l'Allemagne, l'Espagne, etc : par exemple, Volkswagen a renoncé à utiliser l'allemand pour sa documentation interne au profit du Globiche ! Il est clair que cette dictature mondiale n'est pas que linguistique, puisqu'elle touche la langue du travail. Parler anglais, ou mourir de faim ? Comprendre un contrat rédigé dans la langue de l'envahisseur ? Dur... La misère est linguistique, financière, économique, culturelle, c'est la misère tout court. S'ensuivent la régression intellectuelle, la diminution du vocabulaire, la régression de l'esprit critique : nous sommes formatés pour devenir entièrement manipulables.

Langue unique, danger pour la nation et pour l'humanité - Relayant la colère de nombreux amis de la francophonie sur les cinq continents, nous allons nous élever contre cet arrachage culturel aux mortelles conséquences civiques. C'est pourquoi nous alertons le peuple français : laisser reléguer et humilier la langue française, c'est laisser briser l'esprit même de la nation ; car la France sans sa langue, ou la francophonie sans la France, cela n'aurait plus de sens. « Le premier instrument du génie d'un peuple, c'est sa langue » soulignait Stendhal ! Et Fernand Braudel (académicien, professeur au Collège de France) d'ajouter « La France, c'est d'abord la langue française. » En effet, briser la langue du peuple, ce premier service public de France, c'est aggraver les fractures sociales, culturelles et sociétales existantes au profit d'une « élite » méprisante qui fait du tout-anglais une marque de distinction mondiale au mépris du droit élémentaire de comprendre, que reconnut à notre peuple l'Ordonnance de Villers-Cotterêts (1539). Une saine internationalisation des échanges ne saurait procéder de l'imposition d'une langue et d'un modèle socioculturel ; elle doit respecter au contraire le principe internationaliste et hautement dialectique posé par Umberto Eco : « la langue de l'Europe, c'est la traduction ».

Délier notre langue ! Tirons notre langue à ceux qui veulent nous l'arracher ! - C'est pourquoi nous nous adressons aux français, mais aussi aux francophones du monde. Face au char d'assaut « globalitaire » du tout-anglais, rappelons au respect de la loi et de la Constitution l'exécutif tenu de les protéger ; renforçons la loi Toubon, car le sort de notre peuple ne doit pas dépendre de la « loi anglo-américaine du marché » ; refusons que l'oligarchie condamne à mort langues et cultures en prétendant parler au nom du et des peuples. Contre la langue unique et la pensée unique qui déferle, refusons cette dictature ! Nous sommes là pour promouvoir notre langue, et avec elle toutes les langues du monde. Ne nous laissons pas arracher notre langue, et par là même notre droit à la parole. Soyons ce que l'on ne veut plus que nous soyons, un peuple libre, maître de son destin ! Rappelons-nous la prééminence qu'eut notre langue dans toute l'Europe, en tant que LA langue commune, du XVIIe siècle à 1815 ?