Le 26 avril 1986, le monde entier a assisté à l'une des plus terribles catastrophes de l'histoire de l'humanité: l'accident à la centrale nucléaire de Tchernobyl. Cet accident a été classé au niveau 7 sur l'échelle internationale des événements nucléaires (INES), tout comme l'accident de Fukushima en 2011.
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© AFP SERGEI SUPINSKYTchernobyl
Sputnik revient sur les faits peu connus concernant l'accident de Tchernobyl et répond à une question essentielle: le site de la catastrophe est-il encore dangereux aujourd'hui?

Les chiffres

8,4 millions de personnes ont été exposées à différents niveaux de radiations suite à l'explosion à la centrale nucléaire de Tchernobyl.

70% de la pollution radioactive n'a pas touché l'Ukraine, mais la Biélorussie: 1/5 du territoire de la république est devenu impropre à l'agriculture.

800.000 personnes de toute l'Union soviétique ont participé à la palliation des conséquences de la catastrophe à la centrale nucléaire de Tchernobyl.

36 heures après l'accident, 47.500 habitants ont été évacués de la ville de Pripiat, où vivaient essentiellement les employés de la centrale.

200 personnes, surnommées « samosely », vivent actuellement dans la zone d'exclusion.

5 millions de personnes en Russie, en Ukraine et en Biélorussie reçoivent des aides sociales en tant que victimes de la catastrophe radioactive.
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© Emma ThomsonIvan Semenyuk, un samosely
Le rayonnement de fond

Actuellement, le rayonnement de fond de Tchernobyl est pratiquement identique à celui de Moscou, de Kiev ou de Minsk: les mesures de la qualité de l'air affichent environ 12-15 µR par heure, sachant que l'équivalent de dose de rayonnement gamma admissible pour la population s'élève à 30 µR par heure.

Cependant, il n'y a pas d'habitants à Tchernobyl où n'ont élu domicile que les travailleurs de la zone d'exclusion. Le règlement de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) autorise le travail à Tchernobyl par rotation à un rythme de 2-3 mois tous les six mois. La radiation ne s'est pas répandue de manière homogène autour de la centrale, mais s'est déposée sous forme de taches. C'est pourquoi certaines zones sont bien plus dangereuses que d'autres à proximité de la centrale.

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© Emma ThomsonTchernobyl
La jungle de Tchernobyl

L'absence d'activité humaine pendant 33 ans a transformé la zone d'exclusion en « réserve de biosphère radio-écologique de Tchernobyl », qui peut faire concurrence aux réserves mondiales les plus connues en termes de population et de diversité des espèces. Le nombre de lynx, de sangliers sauvages, de cerfs, de lièvres, de renards, de chauves-souris, de loutres, de chevreuils et de loups a considérablement augmenté. Les études ont révélé que la population de loups dans la zone de Tchernobyl était sept fois plus importante que dans les régions voisines considérées comme « propres ».

A cause d'une espérance de vie relativement courte, les animaux n'ont pas le temps de ressentir l'impact des radiations. Cependant, l'examen en février 2019 d'un sanglier sauvage tué par des loups a montré que la teneur en strontium (Sr-90) dans son organisme dépassait de 37 fois la norme, et celle de césium (Cs-137) de 96 fois. Cela indique que le sol et l'eau restent fortement pollués dans la zone de Tchernobyl.

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© InconnuDes loups de Tchernobyl
L'arche de Tchernobyl

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© InconnuL'arche de Tchernobyl
La construction du nouveau dispositif de confinement de sécurité au-dessus du 4e réacteur de la centrale nucléaire a été terminée fin 2018. Le nouveau sarcophage, sous la forme d'une arche mobile, a recouvert le dôme obsolète installé à la hâte en novembre 1986. Ce géant d'acier de 36.000 tonnes est prévu pour 100 ans, période pendant laquelle le réacteur renfermant 200 tonnes de résidus de combustible nucléaire, de déchets radioactifs et de poussière radioactive, devrait se décontaminer et se transformer en site entièrement sûr.

Tchernobyl, source d'inspiration artistique

De nombreux films de fiction et de documentaires ont été réalisés sur Tchernobyl, ainsi que d'innombrables films amateurs. L'un des derniers a été tourné en 2016: le court métrage Arche relatant l'histoire d'un garçon qui a grandi à Pripiat. En deux ans, ce film a participé à de nombreux festivals de cinéma internationaux en Europe, en Asie et en Amérique, où il a décroché 18 nominations et 5 victoires. Le film évoque l'accident de Tchernobyl qui s'est produit 30 ans plus tôt à partir des premières minutes jusqu'à l'apparition du nouveau confinement en forme d'arche. L'originalité de ce film est qu'il est raconté avec le langage de la musique, et que les seuls mots que l'on entend sont les propos du dirigeant de l'URSS Mikhaïl Gorbatchev qui s'adressait à la population.


En 2014, le groupe Pink Floyd a présenté son clip pour la chanson Marooned à l'occasion du 20e anniversaire de son album. Tourné à Pripiat, ce clip a été visionné 19 millions de fois sur la chaîne du groupe.