Annoncée par le président, la reconstruction de Notre-Dame pourrait aller vite en incluant le concours des plus grands « talents » de la planète. Mais évoquant le savoir-faire français, des experts du monde entier demandent à Macron de ne pas se précipiter.
Notre-Dame incendiée vue du ciel
© Gigarama / «News Media»La cathédrale Notre-Dame vue du ciel après l'incendie du 15 avril 2019
Le projet de loi Macron et la tribune libre

En effet, le président Macron a consacré le Conseil des ministres de mercredi dernier au seul sujet de l'incendie et de la reconstruction de Notre-Dame, ce qui en interroge plus d'un et montre à tout le moins une volonté de contrôle du sujet. Voir le Projet de loi pour la restauration et la conservation de la cathédrale Notre-Dame de Paris et instituant une souscription nationale à cet effet », Assemblée nationale, N° 1881, enregistré le 24 avril 2019.

Un « projet de loi express qui pose de très graves questions ».

Et en aparté, Bérénice Levet, philosophe et auteur de « Le Crépuscule des idoles progressistes » et de « La Théorie du genre ou Le Monde rêvé des anges : l'identité sexuée comme malédiction », estime que Notre-Dame de Paris est la « prochaine victime de l'idéologie du dépoussiérage » :
« Les progressistes qui nous gouvernent sont incapables de concevoir que les chefs-d'œuvre du passé comme la cathédrale de Paris sont en avance sur nous. »
Comme expliqué dans cet article publié hier par SOTT :
L'objectif de l'Élysée fut de mettre en place une autorité capable de mener à la fois la reconstruction de Notre-Dame et la transformation de l'île de la Cité. Trois décisions importantes ont alors été actées à l'issue du Conseil des ministres :
  • Nommer l'ancien chef d'état-major des armées, le général Jean-Louis Georgelin, pour conduire depuis l'Élysée une mission de représentation spéciale « afin de veiller à l'avancement des procédures et des travaux qui seront engagés » ;
  • Faire adopter par le parlement un projet de loi régissant la collecte de fonds, régularisant la nomination du général Georgelin qui a atteint la limite d'âge et surtout exemptant sa mission de toutes les procédures d'appel d'offres, des lois de protection du patrimoine, et de toutes les contraintes qui pourraient survenir ;
  • Lancer un concours international d'architecture pour reconstruire Notre-Dame.
Une autre décision a également été prise : étouffer tout débat sur les causes de l'incendie afin d'éviter qu'une enquête judiciaire ne vienne perturber ce bel agencement.
Toutefois on peut voir que près de deux semaines après l'incendie de Notre-Dame et après l'accumulation de plusieurs polémiques au sujet de la reconstruction de l'édifice et de son financement, 1 170 professionnels du patrimoine s'adressent au chef d'État français à travers une tribune parue ce 28 avril dans les colonnes du Figaro, intitulée « Monsieur le président, ne dessaisissez pas les experts du patrimoine ! ».

De fait, la tribune ne manque pas d'épingler les récentes déclarations d'Emmanuel Macron, mettant en avant les enjeux de la reconstruction :
« Nous savons que le calendrier politique demande d'agir vite [...] Néanmoins, ce qui va se passer à Notre-Dame dans les années à venir nous engage, tous, bien au-delà de ce calendrier. L'enjeu de ces travaux dépassera les mandats politiques comme les générations, et c'est à leur aune que nous serons jugés. [...] L'exécutif ne peut se passer d'écouter les experts, la France en forme parmi les meilleurs du monde [...] L'excellence des savoir-faire des artisans et entreprises de France, leur expérience, celles de ses architectes, l'expertise de ses conservateurs, de ses historiens sont mondialement reconnues. »
Entre autres regrets exprimés par les signataires du texte, ces derniers déplorent également l'abandon par les gouvernements précédents de l'excellence française en matière de protection du patrimoine :
« Les crédits de paiements affectés à l'entretien des monuments historiques, hors grands projets, ont diminué [...] pourtant, les alertes se multiplient sur l'insuffisance criante de ces budgets, obligeant à privilégier des travaux d'urgence, tels ceux qui se déroulaient à Notre-Dame, plutôt qu'une approche véritablement planifiée. »
Au soir du 15 avril, sur le parvis de la cathédrale encore ravagée par les flammes, Emmanuel Macron déclarait :
« Une souscription nationale sera lancée, et bien au-delà de nos frontières, nous ferons appel aux plus grands talents qui viendront y contribuer, et nous rebâtirons Notre-Dame. »
Et, dès le lendemain, le président de la République exprimait sa volonté de reconstruire Notre-Dame de Paris dans un délai de cinq années.

A ce propos, il faut lire cet article qui met en lumière les différentes raisons qui amènent le Chef de l'Etat français à marteler « sa volonté de reconstruire Notre-Dame dans un délai de cinq ans » et qui montre que le projet, datant de 2016, de réaménagement de l'entière « Île de la Cité », se retrouve ainsi aujourd'hui dans les starting-blocks.

Par ailleurs, la structure de la cathédrale ayant été fragilisée par le brasier et l'eau déversée pour l'éteindre, « il faudra environ 4 mois pour sécuriser la cathédrale, avant même de commencer le diagnostic préalable à la restauration elle-même, a déclaré lors d'une conférence de presse, Frédéric Létoffé, l'un des présidents du Groupement des entreprises de restauration de monuments historiques (GMH) », selon CNews.

Une intéressante vidéo a d'ailleurs été publiée sur le sujet par RT : « Cinq ans pour rebâtir la cathédrale Notre-Dame promis par Macron : est-ce crédible ? »


Les projets de « design » pour la reconstruction de Notre-Dame

De manière assez incroyable, tant cela est rapide, plusieurs projets - publiés dans le journal La Dépêche - sont déjà présentés par des designers et des architectes qui dessinent leurs visions de la future cathédrale :

Projet 1. La toiture accessible au public

Projet reconstruction Notre-Dame
© Godart + RousselInstallé à Dijon, le cabinet Godart + Roussel Architectes a publié sur sa page Facebook, l'idée de son projet, un projet « contemporain. »
Projet de reconstruction de Notre-Dame
© Godart+Roussel
« Le projet que nous imaginons pour la restauration de la cathédrale est donc résolument contemporain. Pas au prétexte d'une quelconque fantaisie provocatrice, mais bien parce que nous sommes convaincus qu'il s'agit de l'unique bonne réponse que l'on puisse apporter à un objet patrimonial si important. Nous imaginons une nouvelle toiture dont la structure ferait écho à celle des plus beaux ouvrages de notre époque. Ainsi, le bois laisserait place à de l'acier dont le dessin s'élancerait de manière très légère en direction de l'ancien pinacle de la flèche. Afin de souligner son caractère aérien, nous la remplirions de panneaux vitrés qui s'alterneraient ponctuellement avec de larges tuiles de cuivre.

À l'image de l'architecture gothique qui recherchait le divin dans la hauteur et la lumière, nous souhaiterions que cette philosophie soit poursuivie par le biais d'une construction monumentale, lumineuse et élancée. Le dessin de ces racines métalliques s'élevant vers le ciel serait une allégorie de la renaissance d'un ouvrage que l'on croyait mort. Ce nouveau projet aurait également vocation à modifier la connaissance que nous avons de la cathédrale en rendant sa toiture accessible au public. On découvrirait alors dans ce nouvel étage des vestiges de l'ancien monument, des explications sur l'histoire de Notre-Dame, des photos et des vidéos d'archives. »
Projet de reconstruction de Notre-Dame
© Godart+Roussel
« À la croisée du transept, en lieu et place de l'ancienne flèche, le plancher vitré s'ouvrirait sur l'église en contrebas en nous rappelant qu'à cet endroit trônait une des plus belles œuvres de Viollet-le-Duc », expose le cabinet, qui concède « Bien évidemment le projet que nous vous proposons ne se fera certainement jamais. On ne reconstruit pas 500 ans d'Histoire en une journée à la grâce d'un ordinateur et de bonnes intentions. Mais nous espérons que cette image aura le mérite de nous interroger sur la façon dont nous voulons faire le deuil de Notre-Dame. »

Projet 2. Un spot de lumière pour remplacer la flèche


Projet de reconstruction de Notre-Dame
© Anthony Séjourné« Faire le deuil de Notre-Dame »... Vraiment ?
Anthony Séjourné, un graphiste indépendant breton a livré une contribution originale. « Voici mon projet, la reconstruction de la flèche en spots lumineux, avec une lumière centrale qui traverse le ciel », a-t-il expliqué sur son compte Twitter en postant une photo montrant Notre-Dame de nuit. Cette colonne lumineuse rappelle les deux colonnes de lumières qui matérialisent à New York les anciennes tours du World Trade center détruites lors des attentats du 11 septembre 2001.

Projet 3. Une flèche XXL

Projet de reconstruction de Notre-Dame
© Alexandre Chassang
La flèche de Viollet-le-Duc qui s'est effondrée lundi 15 avril est l'objet de toutes les attentions. Alexandre Chassang, architecte DPLG, a publié sur son compte Twitter une proposition de reconstruction avec une flèche XXL. « Nous n'allons pas reconstruire aujourd'hui par mimétisme l'image du passé. Ce serait comme exposer une copie de la Joconde au Louvre », estime l'architecte. « Profitons de ce moment pour ouvrir le débat sur l'action à mener. L'architecture doit représenter notre époque », plaide-t-il.

Projet 4. Retrouver une forêt

Projet de reconstruction de Notre-Dame
© Marc Carbonare
La toiture du XIIIe siècle qui a brûlé à Notre-Dame était constituée d'un millier de chênes plantés sous Charlemagne, d'où le nom de « forêt ». Pour la remplacer pourquoi ne pas créer une vraie « forêt » en végétalisant le toit ? Tel est le parti pris du designer Marc Carbonare qui a publié sur sa page Facebook une photo d'une Notre-Dame méconnaissable avec une esplanade en bois et une bande verte.

Projet 5. Une serre au sommet

Projet de reconstruction de Notre-Dame
© NRC Bio innovation
L'idée de végétaliser fait en tout cas son chemin et inspire de nombreux projets. Par exemple, celui de NRC Bio innovation, une société basée à Annecy qui commercialise le Solar-Dripper, un système goutte à goutte breveté incorporant une modulation climatique. Son gérant Robert Cossette, a imaginé pour Notre-Dame un toit transparent de type serre. « Cet espace laïc transparent pourrait comporter un passage ouvert pour les visiteurs avec une vue sur toute l'île de la Cité. Un caisson métallique peut constituer un plancher étanche au-dessus des anciennes voûtes. Des plantes pourraient pousser dans cet espace naturel moderne. Cette structure légère serait sans risque d'incendie, rapide à construire et sans abattage d'arbres. Il serait même possible d'ajouter de l'éclairage naturel vers la nef par des ouvertures vitrées dans les anciennes voûtes », explique Robert Cossette.

Projet 6. La vision de Norman Foster

Projet de reconstruction de Notre-Dame
© Foster&Partners
Le célèbre architecte britannique Norman Foster, à qui l'on doit le viaduc de Millau, a publié sur les réseaux sociaux un visuel « d'inspiration » pour Notre-Dame, où elle est recouverte d'une toiture translucide « pour éclairer naturellement les espaces situés en dessous » ainsi qu'une flèche de cristal et d'acier inoxydable.
Le projet fait penser à la coupole en verre du Reichstag à Berlin, réalisée par Foster & Partners en 1999.
L'Unesco à la rescousse ?

Dans notre précédent Focus, nous avions évoqué l'Unesco. Voici ce que nous pouvons ajouter en ce qui concerne son actuelle directrice, l'énarque Audrey Azoulay, ministre de la Culture sous Hollande, et nommée au moment où les États-Unis et Israël ont claqué la porte de l'Unesco. En note de bas de page de cet article, nous pouvons lire que :
« Audrey Azoulay a été élue grâce au lobbying de la France, alors que la tradition veut qu'un pays ne soit pas à la fois l'hôte d'une institution internationale et son président, et que ce poste avait été promis à une personnalité arabe. C'est au titre de directrice qu'elle a publié un communiqué sur l'incendie de Notre-Dame de Paris portant acte de candidature de l'Unesco. »
Elle y a notamment annoncé :
« qu'une évaluation rapide des dégâts aurait lieu dès que possible. « L'UNESCO se tient aux côtés de la France pour la sauvegarde et la réhabilitation de ce patrimoine inestimable. Nous sommes déjà en contact avec des experts et prêts pour l'envoi d'une mission d'urgence pour estimer les dommages, préserver ce qui peut être préservé et envisager des mesures à court et à moyen termes », a-t-elle déclaré.

L'évaluation sera menée avec les autorités concernées, y compris les autorités nationales et locales, la direction du site et les autorités de l'Eglise, afin d'élaborer un plan d'action et d'éviter de détériorer davantage le site et récupérer le plus possible les éléments d'origine. Par la suite, l'UNESCO accompagnera et soutiendra les autorités dans la réhabilitation. »
Ailleurs sur le Web, nous pouvons lire les déclarations suivantes de Audrey Azoulay :
« Concernant les modalités de la reconstruction de la cathédrale, qui font débat, les responsables de l'Unesco ont rappelé que, selon la doctrine de l'organisation, doivent être « protégée la valeur universelle du site » et « respectées son intégrité et son authenticité ». Mais ce respect ne signifie pas que l'ensemble de l'édifice doit « rester figé ».

Les textes de référence de l'Unesco reconnaissent ainsi le droit à chaque génération de participer à l'édification du patrimoine de l'Humanité en « s'adaptant au processus naturel et historique de changement et de transformation », en particulier aux « nouvelles possibilités offertes par l'évolution des technologies ». »
De quelles technologies parlons-nous ici ? L'Unesco a organisé le 22 janvier dernier un débat portant sur l'éthique des nouvelles technologies et de l'intelligence artificielle intitulé : « L'avenir High Tech pour l'Homme : Espoir ou Crainte ? ». Est-ce un hasard ?
« Cet événement a pour objectif de réunir d'éminents experts dans les domaines de la science, du droit, de l'ingénierie, de l'éthique, de la philosophie, et de la sociologie, des entrepreneurs et du grand public, afin de débattre des nombreuses questions sociétales et éthiques liées à l'avenir high tech et de les présenter comme des pistes de réflexion pour renforcer le rôle de la science en tant que bien public et construire la confiance du public dans la science et les nouvelles technologies. »

(...)
Il est organisé en parallèle avec l'exposition « Beyond Reality » (Au-delà de la réalité) de l'artiste plasticienne Irene Zundel.

L'ère de l'éradication de la beauté et de la destruction de l'art


Quoi de mieux qu'un symbole chrétien millénaire qu'est la cathédrale Notre-Dame - cette Grande Dame, symboliquement « mère » de toutes les églises de France - pour faire entrer de force les Français attachés à leurs symboles historiques sacrés (quoiqu'on en dise) dans le Nouvel Ordre Mondial accompagné de sa doctrine du vide nihiliste ? Nous sommes vraiment entrés dans l'ère de « l'éradication de la beauté et de la destruction de l'art »...

Et à ce propos, que dire de l'« art » d'Irene Zundel dont il est fait mention ci-dessus par l'Unesco ? « Où sont les heures interminables d'expertise ? Où est la beauté ? Où est l'art ? Où est la création ? ».

En 2014 SOTT publiait un article à ce sujet, en voici un extrait :
« La destruction de l'art n'est pas simplement due au hasard. Les élites psychopathes veulent exercer un contrôle total sur chacun de nous. Pour atteindre leur objectif, ils ont besoin que nous soyons aussi ignorants et isolés que possible, d'où l'annihilation concertée des références culturelles comme l'art véritable, une véritable éducation, l'histoire objective et une science ouverte d'esprit, et l'éradication de tout ce qui renforce le sentiment de communauté : la religion, l'origine ethnique, l'état-nation, et bien sûr la famille.

(...)

pour les psychopathes, les humains normaux leur apparaissent comme étant « anormaux », leurs idéologies abstraites leur semblent de ridicules « aberrations », et ils cherchent à forcer le monde et sa population humaine normale à se soumettre à leur propre nature inhumaine et à leur vision de la « réalité ». En nous privant de tout type de point de repère culturel, ils veulent nous dépouiller des dernières parcelles qui font de nous de vrais humains : notre attrait et notre compréhension innée de la vérité, la justice, et la beauté. »
Le titre de l'exposition - « Beyond Reality » (Au-delà de la réalité) - prend alors tout son sens.

Rappel :
Le gouvernement légifère par ordonnances pour alléger les contraintes liées aux futurs travaux de reconstruction. Ainsi, les travaux pourraient ne pas être soumis au code des marchés publics, il y aurait aussi moins de contraintes aux normes environnementales, il pourrait par exemple ne pas avoir d'étude d'impact des travaux sur l'environnement.

Et ce n'est pas tout. Notre-Dame pourrait s'exonérer des règles strictes qui régissent les travaux sur les monuments historiques. Il y aurait ainsi « plus de souplesse, avec moins de procédures, d'autorisations et de passages en commission. Cela veut dire qu'il n'y aurait pas d'architecte en chef des monuments historiques, d'ordinaire maître à bord dans ce genre de projet.