Chirac, Jean-Marie Le Pen
Chirac, Jean-Marie Le Pen - Photo prise en 1987 au Cap d'Antibes.
ans un article dont le titre ironique "Le Pen en détails" n'est pas très heureux, Le Point publie une série de confidences de Jean-Marie Le Pen. Comme souvent de ce genre d'articles, le sous-titre est plus prometteur que le contenu : "Après un demi-siècle de bagarres et de provocations politiques, le leader du FN livre ses derniers secrets". En réalité, tout est à peu près connu à l'exception d'un discours qu'il aurait soi-disant prononcé en 1956 à la place de François Mitterrand à Nevers, ce dernier ayant fait un malaise. Mais le Point a des doutes sur l'authenticité de cette anecdote.

Pour le reste, le leader d'extrême droite revient sur les grandes étapes de sa carrière. C'est l'occasion pour le Point de publier une photographie de Jean-Marie Le Pen et Jacques Chirac se serrant la main en 1987. Cette photographie n'aurait pas d'intérêt si pendant des années, Jacques Chirac avait fait dire qu'il était révulsé de devoir serrer la main de Jean-Marie Le Pen.

En 2002, Chirac nie la rencontre entre les deux tours de la présidentielle

En 2002, en pleine campagne présidentielle, le journaliste Eric Zemmour publie un livre intitulé L'homme qui ne s'aimait pas, dans lequel il confirme qu'il y a bien eu une rencontre entre Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen pendant la campagne présidentielle de 1988. Jacques Chirac a démenti et s'est enfermé dans le mensonge en 2002, craignant que cette information ne lui nuise dans son duel avec Lionel Jospin. On connaît la suite. En 2002, Le Pen et Chirac se retrouvent au deuxième tour et le candidat du RPR refusa le débat de l'entre-deux tours car avec l'extrême droite, "il n'y a pas de débat possible" disait-il.

Charles Pasqua confirme pourtant que la rencontre a bien eu lieu

En 2007, Charles Pasqua a publié le premier tome de ses mémoires sous le titre Ce que je sais et a confirmé la rencontre entre Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen entre les deux tours de la présidentielle de 1988.

Jean-Marie Le Pen raconte les circonstances de la photographie de 1987 et de la rencontre de 1988

Dans l'article publié par le Point, Jean-Marie Le Pen revient sur les circonstances de la photographie de 1987 et la rencontre de 1988 :
"Le premier de ses rivaux, celui qu'il aurait rêvé d'affronter dans un duel à fleurets non mouchetés et pour qui il voue une haine démesurée, est Jacques Chirac. « Aaah, Chirac... » : sa mâchoire claque, comme s'il voulait mordre, quand il prononce le « ac » de Chirac. « Il a décrété qu'il était "déshonorant" de me serrer la main ! » L'ex-président a en effet dit ça, lui qui tira avantage, en 2002, du vote « Le Pen-No pasaran ». « C'est quand même lui qui m'invita à Matignon lorsqu'il était Premier ministre [1986]. » Pas faux. Il y eut également cette photo, datée de 1987, témoignant d'une poignée de mains entre les deux hommes. « Un coup monté ! » jura Claude Chirac, qui fut longtemps chargée de la communication de son père. « Ah bon ? rétorque le leader frontiste. J'étais dans un club de vacances avec le député Charles de Chambrun [FN]. Chirac descendait du bar, ses chaussures à la main, et il est venu vers moi pour me dire bonjour. Il m'a serré la main, souriant. » Dans ses Mémoires, Charles Pasqua revient sur une rencontre secrète entre les deux tours de la présidentielle de 1988. Le Pen confirme : « C'était dans un appartement, non loin des Champs-Elysées. Etaient présents Pasqua, le général Pierre de Bénouville et Chirac, qui m'a dit qu'il ne ferait pas de concessions au programme du Front national. Je lui ai donc répondu que je ferais voter Jeanne d'Arc. »"
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