L'opposition syrienne va enterrer, samedi, ses morts, au lendemain de la répression de manifestations massives dans plusieurs villes du pays. Sous le slogan "la semaine de la levée du siège", les "jeunes de la révolution syrienne 2011" ont salué sur leur page Facebook les morts tombés vendredi, "journée de la colère" contre le régime du président Bachar Al-Assad.

Sur la seule journée de vendredi, 62 civils ont été tués par l'armée syrienne dans les villes de Deraa, de Rastan, de Lattaquié, de Homs et de Qadam, rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Selon l'organisation syrienne de défense des droits de l'homme Saouasiah, la répression des manifestations a fait au moins 500 morts parmi les civils depuis le début de la contestation. Six semaines après le début du mouvement de contestation contre le régime du président Bachar al-Assad, quelques dizaines de milliers de personnes ont défilé dans plusieurs villes malgré l'interdiction. Les autorités syriennes font état pour leur part de 78 membres des forces de sécurité tués et 70 civils tués dans des violences qu'elles imputent à des groupes armés. Selon l'agence de presse officielle Sana, des "groupes terroristes armés" ont tué huit soldats près de Deraa vendredi.

WASHINGTON HAUSSE LE TON

La secrétaire d'Etat Hillary Clinton a exhorté vendredi le président syrien Bachar Al-Assad à cesser "immédiatement" les violences et les "actions déplorables que le gouvernement syrien entreprend contre son peuple". Mme Clinton, qui s'exprimait après une rencontre avec son homologue japonais Takeaki Matsumoto, a réitéré son appel à Bachar al-Assad à "répondre aux aspirations légitimes" des Syriens. Un peu plus tôt vendredi, le président Barack Obama a décidé, en raison de "violations des droits de l'homme", de prendre des sanctions économiques contre le frère cadet du président syrien, Maher Al-Assad, qui dirige la quatrième division mécanisée, une unité ultra loyale, déployée lundi dernier à Deraa, Ali Mamlouk, chef des services de renseignement et Atef Najib, présenté comme l'ancien chef du renseignement pour la province de Deraa. L'ordre exécutif signé par Barack Obama prévoit également des sanctions contre les Gardiens de la révolution iranienne, accusés d'aider Damas à réprimer les manifestations.

Pour sa part, le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a voté vendredi une résolution demandant l'envoi urgent d'une mission en Syrie pour enquêter sur les violations des droits de l'homme. "Le Conseil s'est élevé contre les tentatives de faire taire la contestation en usant de la violence gratuite", a réagi Hillary Clinton. Par cette décision, "le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a créé un précédent qui montre l'importance de cet organisme", a-t-elle ajouté.

Peu après l'annonce américaine, les Etats membres de l'Union européenne ont annoncé qu'ils étaient parvenus à un accord préliminaire visant à imposer un embargo sur les ventes d'armes à la Syrie. Cet accord devrait être formalisé dans les prochaines jours. Les Vingt-Sept ont également demandé aux experts européens de plancher sur des restrcitions des déplacements des dirigeants syriens et des gels de leurs avoirs.