Le débat a été vif. Et l'audience a presque tourné au face-à-face, hier, devant le tribunal administratif de Marseille, siégeant en référé

Plaquenil, chloroquine, hydroxychloroquine
© AFPPlusieurs syndicats regroupant des professionnels de la santé ont demandé à l'ARS de commander de la chloroquine.

Le débat a été vif. Et l'audience a presque tourné au face-à-face, hier, devant le tribunal administratif de Marseille, siégeant en référé. Le syndicat de médecins d'Aix et Région (Smaer), le syndicat Infin'Idels, un oto-rhino et un généraliste demandent à l'Agence régionale de santé (ARS) de commander urgemment de la chloroquine. "Nous saisissons la justice au nom du droit à la vie", a martelé Me Thibaud Vidal, pour la défense des soignants. "Pourquoi encore attendre sept jours pour constituer des stocks ?", a-t-il insisté. "Qu'est-ce qui empêche de mettre la ceinture de sécurité quand on conduit ?"

L'avocat a rappelé hier que "la demande est mondiale" sur ce type de molécule. Qu'en sera-t-il demain ? D'autant, précise-t-il, que le Maroc, l'Espagne et les États-Unis auraient déjà fait main basse sur les stocks. Certes, le Premier ministre a désormais interdit toute exportation de chloroquine hors de France, mais si demain la vague persistait, comment les Français seraient-ils soignés ? Surtout si l'on apprend que la chloroquine est le remède miracle. Tout le monde attend bien sûr avec impatience les résultats de l'enquête "Discovery" qui doivent être rendus la semaine prochaine. Une enquête qui teste en ce moment 3 500 patients, dont 800 Français.

"Si l'étude 'Discovery' dit que ça marche, ça va être la razzia"

Et c'est précisément derrière cette étude que se retranche l'ARS pour dire qu'il n'y a pas urgence. Sa représentante a pointé hier "les divisions de la communauté scientifique" sur le rôle de la chloroquine, chère au Pr Didier Raoult, les "insuffisances méthodologiques" de ses études et "la sécurité des patients". "On se souvient du scandale Mediator. Ajouter un nouveau scandale sanitaire, cela poserait vraiment question", a-t-elle argumenté, avant de soutenir que la demande d'injonction des syndicats de médecins est "inutile, inopérante et dangereuse". À l'appui de sa thèse, elle a appelé au secours Jean Gabin (et surtout Socrate) qui aimait à dire : "Ce que je sais, c'est que je ne sais rien !".

"Si l'étude 'Discovery' dit que ça marche, ça va être la razzia, glissera la présidente Anita Haasser. J'espère que le laboratoire Sanofi a fait des réserves". Le magistrat rendra sa décision en début de semaine.