Le gouvernement britannique a prolongé son confinement de trois semaines supplémentaires. Mais cette mesure ne pourrait-elle pas faire plus de mal que de bien ? En fait, existe-t-il des preuves de son efficacité ? Le Dr John A Lee, professeur de pathologie récemment retraité et pathologiste consultant du NHS, a demandé à plusieurs reprises un examen critique et impartial des preuves relatives au Covid-19, soulevant des questions sur l'interprétation des données par le gouvernement et ses conseillers. spiked a pu s'entretenir avec lui lors d'une interview.
Dr. John Lee
© InconnuDr. John Lee
spiked : Vous représentez une voix relativement isolée dans la remise en question des hypothèses générales sur le Covid-19. Pourquoi avez-vous jugé important de vous exprimer ?

Dr John A Lee : En tant que médecin et scientifique depuis le début de ma carrière, je crois que la médecine et la science ont considérablement amélioré la vie au cours des 200 dernières années, et plus particulièrement au cours des 50 dernières années. Mais dans le cocktail particulier de science, de médecine et de politique que nous observons aujourd'hui, je ne suis pas absolument certain que cela soit encore vrai. Je pense qu'il est plus important que jamais d'essayer d'examiner cette question de manière la plus claire possible afin de s'assurer que nous faisons vraiment ce qu'il faut sur la base des idées les plus appropriées. Et pour l'instant, il me semble que ce n'est pas le cas.

spiked: Quels sont selon vous les problèmes rencontrés dans la manière dont les chiffres sont actuellement enregistrés et communiqués ?

Dr John A Lee : Les chiffres ne sont pas fiables du tout. Quand on regarde les chiffres des différents pays, et ceux du nombre de morts pris de manière isolée, il est très difficile de comprendre ce qu'ils peuvent bien signifier. Et évidemment, si nous ne pouvons pas comprendre ce que les chiffres signifient, il est très difficile de savoir quoi faire.

Ces chiffres sont ensuite intégrés dans des modèles relatifs à la maladie et à l'épidémie, modèles qui sont ensuite utilisés pour influencer et façonner les politiques publiques. Mais la qualité de ces modèles dépend des données entrées sur lesquelles les hypothèses sont établies. Il y a par ailleurs tant d'inconnues que les résultats de ces modèles sont vraiment très discutables. Et étant donné que, pour diverses raisons, nous nous retrouvons maintenant dans cette situation, en sortir en utilisant les mêmes modèles et les mêmes prévisions est encore plus discutable. Nous sommes donc dans une situation très problématique.

Prenons un exemple : nous sommes actuellement en période de confinement pour deux raisons. La première est que les premiers chiffres laissaient penser que nous étions confrontés à une maladie très virulente. L'Organisation mondiale de la santé a d'abord suggéré que le taux de létalité — la proportion de personnes mortes diagnostiquées avec la maladie — serait de 3,4 %. C'est un chiffre très élevé qui aurait causé un nombre énorme de décès. Mais au fur et à mesure que les données apparaissaient, ces pourcentages ont diminué. Dans de nombreux cas, des données plus complètes suggèrent maintenant un taux de létalité de 0,4 %. Je pense qu'il se situera entre 0,5 et 0,1 %, et probablement plus près de la limite inférieure de ce taux. Donc, si la maladie n'est pas aussi virulente qu'on le pensait au départ, le nombre de décès sera proportionnellement plus faible.

La seconde raison invoquée pour ce confinement tient en ce que l'on supposait que ce nouveau virus allait se répandre dans la population et qu'un pourcentage très élevé de personnes serait rapidement contaminé, entraînant une forte poussée ou un pic de cas que les systèmes de santé ne pourraient pas traiter. Le confinement est censé réduire ce pic pour permettre aux systèmes de santé d'y faire face. Plusieurs photos venues d'Italie, d'Espagne, de New York et d'autres pays ou localités ont montré que les systèmes de santé n'étaient pas capables de faire face à cette situation. D'un autre côté, pourtant, et dans bien d'autres endroits, les systèmes de santé ont, eux, été capables de faire face à cette situation.

Le fait est que rien ne prouve directement que les mesures de confinement adoptées affectent réellement le pic. Il est possible d'avancer des arguments qui semblent raisonnables pour dire qu'un confinement devrait affecter le pic. Et pourtant, des mesures différentes sont prises ailleurs et elles semblent produire des courbes identiques. Il ne s'agit que d'une hypothèse selon laquelle le confinement réduit la propagation du virus, mais cette hypothèse ne repose sur aucune donnée scientifique connue.

D'après ce que je vois, la Suède — bien qu'elle n'ait pas connu un blocage aussi sévère que le nôtre — présente en fait une courbe très similaire à celle de la Grande-Bretagne. Et le taux de létalité de la Suède pour cent mille personnes représente actuellement environ la moitié du nôtre. Il n'est donc pas certain que ce que nous faisons fonctionne ou entraîne tous les effets escomptés.

spike : Les médias nous ont-ils donné une image précise de la situation ?

Dr John A Lee : Je suppose que cela dépend du média en question. Il me semble qu'il existe deux types de médias : les médias de type journalisme d'investigation dont le but est de tenter de découvrir si les faits et les interprétations des récits sont vraiment authentiques ; et les médias de type moins critique dont le but est d'essentiellement illustrer un récit qu'il pense déjà connaître. En ce qui concerne le Covid-19, je pense que le contenu médiatique et les images diffusées dans le monde entier en provenance d'abord de la Chine, ont donné aux gens dans le reste du monde l'impression qu'ils connaissaient déjà la virulence et la dangerosité de cette maladie. Presque tous les médias ont donc présenté cette maladie comme très dangereuse.

Ne vous méprenez pas, il s'agit clairement d'une vilaine maladie, mais elle ne l'est pas autant qu'on le pensait à l'origine. Malheureusement, les médias ont eu tendance à renforcer les conceptions initiales quant à sa nature mais elles n'ont pas été particulièrement confirmées par les chiffres depuis lors.

Je pense que les gouvernements qui ont été placés dans une position difficile, mais que le récit qu'ils ont mis en avant n'a pas fait l'objet d'une remise en cause suffisante. En raison du niveau de peur et de panique, et de la gravité apparente de cette maladie, ils ont estimé devoir agir. Et, bien sûr, maintenant qu'ils ont agi, ils se retrouvent dans une position où ils doivent justifier leurs actions.

Nous pouvons, par exemple, remettre raisonnablement en question les hypothèses issues des modèles utilisés. L'exactitude de ces modèles et leurs prévisions sur le nombre de personnes potentiellement contaminées et sur le nombre possible de décès, dépendent de facteurs tels que la transmissibilité du virus. Mais c'est un élément que nous ne connaissons pas de manière précise actuellement. Il dépend aussi du degré auquel la population y est vulnérable. D'après les modèles britanniques, si je comprends bien, 60 à 80 % de la population serait infectée par le virus dans un court laps de temps. Alors qu'en fait, certaines preuves provenant de populations isolées, comme le navire de croisière « Diamond Princess », suggèrent que seulement 15 % de la population pourrait y être vulnérable. La raison en est peut-être que le virus se propage d'une manière différente de ce que nous pensions. En fait, certaines personnes pourraient bien avoir développé une immunité basée sur d'autres coronavirus déjà présents dans la population.

Si l'on change ces chiffres, cela représente une énorme différence dans le nombre de cas que l'on s'attend à avoir dans un temps donné. En réalité, le bien-fondé du confinement dépend du nombre de cas qui se présentent, ce qu'il est très important de distinguer du nombre de personnes qui vont mourir de ce virus. Le fait est que la boîte de Pandore est maintenant ouverte. Ce virus se propage dans la population ; et il n'existe aucune preuve indiquant que nous pourrons le remettre dans sa boîte. Il va donc se propager dans la population à une certaine vitesse. Et après un an ou deux, le nombre de personnes qui en seront mortes sera probablement similaire dans les deux cas — il s'agit juste de la vitesse à laquelle ces personnes meurent.

La vraie question est donc de savoir quels sont les inconvénients des mesures que nous avons choisies de prendre pour contrer ce virus. Les confinements produisent-ils concrètement des effets secondaires à même d'être encore plus graves que le virus en lui-même ? Je pense qu'il s'agit de toute évidence d'une préoccupation majeure dont nous devons nous inquiéter.

spiked : Le confinement peut-il durer ?

Dr John A Lee : Si vous pensez toujours que ce virus est incroyablement virulent et qu'il tue donc un pourcentage élevé de personnes parmi celles qui sont contaminées, il pourrait être raisonnable de rester confiné. Par exemple, lors de la propagation de la peste en Europe au 14e siècle, on estime qu'une personne sur trois est morte. Il est évident que si nous étions confrontés à une telle situation, il serait raisonnable de prendre des mesures très extrêmes. Mais il s'agit d'une maladie qui va peut-être causer le décès de 0,3 %, 0,2 % ou 0,1 % des personnes qu'elle contamine. Au final, elle pourrait tout aussi bien ne contaminer qu'une proportion relativement faible de la population. Nous ne le savons pas.

Nous devons donc nous demander quels sont les effets secondaires de ces mesures. Et le fait est qu'ils sont incontestablement massifs, mais qu'ils n'ont pas été largement évalués. Il m'apparaît tout à fait incroyable que notre préoccupation des effets du confinement sur les vies et les moyens de subsistance ne soit pas aussi grande que celle du virus lui-même. Je pense que notre fixation obsessionnelle sur ce virus nous conduit à quelque peu négliger les conséquences des mesures prises pour y faire face.

spiked : Les gouvernements trouveront-ils des stratégies de sortie durables ?

Dr John A Lee : Je pense que c'est compliqué parce que les gouvernements qui ont suivi la voie du confinement se retrouvent coincés entre deux positions plutôt difficiles. La première concerne la peur d'être critiqué pour tout assouplissement du confinement qui entraînerait une augmentation du nombre de décès.

Mais par ailleurs, le fait même que le confinement ait été mis en place — et en dépit de l'énorme série d'effets secondaires — implique que le gouvernement doit justifier son action. D'une certaine manière, ceci complique en fait toute sortie d'un confinement. S'il s'avère par la suite que cette mesure — ou du moins sa sévérité (je suis d'accord avec la distanciation sociale temporaire et limité pour les groupes vulnérables) — était excessive, le gouvernement sera alors également critiqué.

Je pense personnellement que nous devrions assouplir le confinement plus rapidement que certains commentateurs ne le suggèrent. La réticence du gouvernement à en parler repose sur des hypothèses de modélisation de chiffres dont nous savons qu'ils sont entachés d'incertitude. Il est également possible d'affirmer qu'un déconfinement plus rapide que ce qui est actuellement suggéré aura des effets bénéfiques sur l'ensemble de la population, même si le nombre de décès dus au Covid-19 augmente à nouveau. Le temps nous le dira, mais ils seront bientôt obligés de tenter de faire ce qui convient, à savoir ne pas prolonger inutilement cette période.

Le Dr John A Lee répondait aux question de Fraser Myers.

Source de l'article initialement publié le 17 avril 2020 : spiked
Traduction : Sott.net