Un risque sans précédent. Le Réseau de Transport d'Électricité (RTE), filiale d'EDF et gestionnaire du réseau électrique français, a averti récemment : nous allons vivre une situation de risque inédite pour l'hiver prochain, nécessitant une vigilance particulière.
EDF nuclear plant at Cattenom france
© imago stock&people/Global Look PressInstallations nucléaires EDF
Entre fin novembre et début décembre, la probabilité d'un écart entre la production et la consommation de courant en cas de froid inhabituel est élevée. La météo est bien sûr le déterminant principal : la pire des situations serait une vague de froid avec un temps anticyclonique, sans vent, donc pas d'éoliennes non plus.

Il n'est pas possible de stocker l'électricité, on ne peut donc pas anticiper avec des réserves. Dans ce cas, plusieurs solutions sont possibles : la diminution de la tension de 5%, pour économiser un peu, sans conséquence pour les clients ou le débranchement momentané de clients industriels, qui sont de gros consommateurs et ont accepté cette éventualité en étant rémunérés.

Dans le pire des cas, ce serait des délestages itinérants, c'est-à-dire des coupures ciblées, en alternant les régions. Toutes ces mesures ont pour but d'éviter le black-out, une coupure généralisée à cause de la surcharge du réseau. Une situation que plusieurs pays ont connu récemment, aux Etats-Unis notamment.

Les relais de production hors service

Cette situation est due à plusieurs facteurs. La crise sanitaire notamment, qui a ralenti considérablement les opérations de maintenance des centrales nucléaires. Il y a également la panne de la centrale de Flamanville et la fermeture de Fessenheim, même si elle avait été anticipée. Au total, la France produit 15% d'électricité nucléaire de moins que d'habitude.

Parallèlement, des centrales à combustible fossile, émettant du CO2, ont été fermées depuis 2012, alors que les relais de production ne sont pas prêts. Le fameux EPR, réacteur de nouvelle génération, lui aussi situé à Flamanville, a pris un nouveau retard. Il ne sera pas opérationnel avant 2023, au mieux. Et le parc d'éolienne offshore, en mer, n'est pas encore disponible non plus.

Le gouvernement veut éviter le black-out

Il serait éventuellement possible d'acheter de l'électricité à nos voisins. Cependant, ils sont eux aussi dans une situation tendue, pour les mêmes raisons qu'en France. De ce fait, le gouvernement vient de prendre des mesures pour atténuer les risques de black-out, avec ce qu'on appelle les capacités d'effacement. Les opérateurs qui vendent de l'électricité vont avoir la possibilité de commercialiser le courant à prix réduit, dans des formules d'abonnement où la consommation pourra être réduite d'autorité en cas de besoin, soit quelques minutes ou quelques heures.

L'objectif est de soulager le réseau électrique en période de pointe. Reste à savoir quel effet aura le couvre-feu sur notre demande d'électricité. Les restaurants et salles de spectacle, fermées à 21 heures, consommeront évidemment moins. En revanche, les ménages devaient consommer un peu plus, au moins dans les zones soumises à la réclusion vespérale.