Pour la plupart d'entre nous, l'affaire est entendue. Les dinosaures ont été rayés de la surface de la Terre par la chute d'une météorite de plusieurs kilomètres de diamètre. Mais, pour les chercheurs, un doute persiste. Ils envisagent que des éruptions volcaniques aient pu jouer un rôle.

Comète
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Il y a 66 millions d'années, la Terre connaissait sa dernière extinction de masse en date. Avec elle, disparaissaient les dinosaures. Et longtemps, les chercheurs se sont interrogés sur le scénario qui a pu se jouer à ce moment-là. Depuis la fin des années 1980, l'hypothèse privilégiée est celle de la chute sur notre Planète d'un objet céleste. D'un diamètre compris entre 10 et 15 kilomètres. Qui serait tombé du côté de la péninsule du Yucatan, au Mexique. Un astéroïde, ont affirmé récemment des chercheurs de l'université du Texas (États-Unis).


Mais ce qui jette le trouble, c'est que la Terre a connu quatre autres extinctions de masse. Et pour trois d'entre elles, des éruptions volcaniques massives ont été reconnues. Elles auraient provoqué des changements climatiques suffisant à faire presque entièrement disparaître la vie sur notre Planète. C'est pourquoi les chercheurs se demandent encore si les émissions de gaz provenant d'éruptions volcaniques déclenchées dans la région des trapps du Deccan (Inde) auraient pu également jouer un rôle dans l'extinction des dinosaures.

Pour en avoir le cœur net, des chercheurs de l'Université de la ville de New York (États-Unis), entres autres, ont analysé la quantité de CO2 dégazée au cours de ces éruptions et le moment auquel le dégazage a eu lieu. Leur conclusion : le dégazage à partir des volumes de lave à lui seul n'est pas suffisant à provoquer le réchauffement climatique identifié par ailleurs par les chercheurs, plusieurs centaines de milliers d'années avant l'extinction de la fin du Crétacé.


Les volcans jugés non coupables

Est-ce bien sûr ? Pas tout à fait, en réalité. Car lorsque les chercheurs ont pris en compte le dégazage des magmas restés sous la surface, ils ont constaté, au contraire, que suffisamment de CO2 aurait pu être libéré des trapps du Deccan pour réchauffer l'atmosphère de notre Planète.

Pour en arriver là, les chercheurs ont utilisé des lasers et des faisceaux d'ions dirigés vers de minuscules gouttelettes de magma piégées à l'intérieur de cristaux des trapps du Deccan datant de la fin du Crétacé. Ils ont ainsi mesuré la quantité de CO2 contenue dans ces gouttelettes. Après avoir établi, se basant sur des données relatives à la présence de baryum ou de niobium, la quantité de CO2 initialement présente dans ces mêmes gouttelettes.

Ils estiment ainsi que le dégazage du magma pourrait expliquer une montée des températures moyennes de la Terre d'environ 3 °C pendant les premières phases des éruptions du Deccan. Plus tard, en revanche, au moment même de l'extinction de masse, il semblerait que ce magma n'ait plus libéré autant de CO2.

Finalement, même si les émissions volcaniques n'ont pas joué un rôle majeur dans la disparition des dinosaures, les résultats des chercheurs de l'université de la ville de New York montrent bien l'impact qu'elles peuvent avoir sur notre climat. Et même sur l'habitabilité de notre Planète.