Dans son dernier pamphlet au sens d'« écrit de peu de valeur » Jacques Attali nous abreuve encore une fois de ses « eschatologiques prédictions éclairées ». Nous ne sommes bien sûr pas dupes du fait qu'il n'expose ici que l'agenda des élites parasites au pouvoir, un vœu pieux de ce que devrait être notre vie à tous à l'avenir : un Nouvel ordre mondial totalitaire érigé sur ce qu'il reste des cadavres des démocraties, au prix du sang et de la douleur de millions d'individus dans une guerre menée tambour battant contre l'humanité qui nous caractérise et à laquelle ces élites psychopathes sont par définition étrangères.
Boule de cristal
© Inconnu
Ne vous y trompez pas. Il s'agit d'une déclaration de guerre au monde, d'une guerre à outrance contre ce qui reste des vertus, des valeurs morales, de la paix, du sacré, de l'Amour, du sentiment d'être humain et d'appartenir à un tout plus grand que soi. Jacques Attali et ses acolytes oligarques dévoilent leur vrai visage, leur vraie nature maléfique et leur volonté d'œuvrer à la destruction de ce qui leur fait tant défaut, de ce qu'ils sont incapables de re-connaître, n'ayant sans doute jamais éprouvé le sentiment de bonté et de bienveillance envers le genre humain qui caractérise ceux qui sont encore touchés par la grâce d'en faire l'expérience, fut-ce au prix de grandes douleurs.

Leur boule de cristal est obscurcie par les ténèbres dont ils s'abreuvent, et en dépit du fait que toute guerre se fait au prix du sang et des larmes ils n'ont aucune chance, in fine, de la gagner. La Nature y pourvoira.

Nous avons choisi de diffuser dans son intégralité cette soi-disant « prédiction », visant à imposer les conceptions idéologiques d'une politique totalitariste, dont l'inhumanité affleure chacun des mots dans une chronique qui n'a de « prophétique » que l'apparence.
Même si nous disposons enfin, un jour prochain, en Europe et dans le reste du monde, d'un déluge de vaccins ; même si nous réouvrons cet été théâtres, cinémas, hôtels, restaurants ; même si l'automne pourrait être gai ; et même si bien des gens pourront dire, au début de l'hiver prochain, que cette pandémie n'est plus qu'un mauvais souvenir, rien de ce qu'elle implique ne sera derrière nous :

D'abord, parce qu'il faudra gérer toutes les tragédies, toutes les séquelles, toutes les faillites, toutes les pertes d'emplois, toutes les études gâchées, toutes les vocations manquées, tous les projets foudroyés pendant ces presque deux ans.

Ensuite, parce qu'il faudra se préparer à l'émergence probable de nouveaux variants résistants aux vaccins actuels, et résister au désespoir qui pourrait suivre la nécessité de nouveaux reconfinements, en attendant de produire à très grande vitesse des milliards de doses de vaccins nouveaux, et organiser des campagnes planétaires de vaccination ; il faudra prendre son parti d'avoir à le faire tous les ans, pendant des décennies ; pour cette maladie et sans doute pour bien d'autres. Il faudra alors se décider à faire enfin tout ce qu'on aurait dû déjà faire depuis un an pour préparer notre société à vivre au mieux dans un monde à pandémies multiples : la réorganisation des lieux d'études et de travail, pour qu'ils soient structurellement adaptés à ces périodes, qu'on pourrait revivre périodiquement.

Enfin, il faudra se préparer à toutes les autres menaces, aussi négligées aujourd'hui que l'était celle de cette pandémie, et tout aussi parfaitement prévisibles : le manque d'eau, le réchauffement climatique, l'aridité des sols, les invasions d'insectes, l'extinction d'innombrables espèces ; et tous les troubles politiques qui en découleront. Ces menaces sont d'une toute autre nature que celles d'une pandémie, et provoqueront beaucoup plus de dommages irréversibles.

Ne pas s'y préparer, c'est s'attendre à revivre mondialement les improvisations, les erreurs, les tâtonnements, les manques, les pénuries, que nous vivons maintenant. Dans des proportions bien plus grandes. Et sans solution, car on ne pourra pas refroidir la planète, ni faire renaitre des espèces disparues ; ni espérer qu'un vaccin nous protège du manque d'eau ou de la pollution de l'air. Ne pas s'y préparer c'est aggraver la probabilité de guerres entre nations ou entre groupes sociaux, dans un monde devenant invivable.

S'y préparer dès maintenant, c'est tirer les vraies leçons de la pandémie actuelle ; c'est avoir le courage de se mettre en économie de guerre pour réduire massivement toutes les activités économiques qui aggravent la probabilité d'occurrence de ces catastrophes (les énergies fossiles et les moyens de transport qui les utilisent, le plastique, la chimie, les industries textiles) ; et c'est donner une priorité absolue aux autres secteurs qui conditionnent la réponse à ces menaces : les industries médicales, les hôpitaux, la formation de médecins, la recherche, l'éducation, l'hygiène, l'alimentation, l'agriculture raisonnée, le digital, la distribution, les énergies propres, l'eau propre, la sécurité, la culture, la démocratie, la finance non spéculative et l'assurance, le logement durable). Tous ces secteurs, qui forment ce que je nomme « l'économie de la vie », ne représentent aujourd'hui pas plus de la moitié de la production d'aucun pays du monde ; dans vingt ans, cela devrait représenter les deux tiers.

Cela exigera une immense reconversion ; une nouvelle vision du monde, tournée vers les générations futures ; de nouvelles valeurs, plus altruistes, de nouvelles priorités, moins futiles. Une nouvelle façon de faire de la politique.

Nous n'aurons pas de seconde chance. Si nous ne nous y mettons pas sérieusement au plus vite, nous regretterons cette pandémie, comme un de nos derniers moments heureux.

Aurons-nous le courage de le comprendre ? Les femmes et les hommes politiques, les intellectuels, les chefs d'entreprises, les syndicalistes, auront-ils le courage de dire la vérité et d'agir vraiment sérieusement ? Je l'ignore.

Je sais seulement que, s'ils ne le font pas, il n'y aura, un jour, dans un siècle ou moins, même plus de générations futures pour les maudire.