Le Congrès américain a voté in extremis, jeudi 26 mai, la reconduction jusqu'en 2015 du Patriot Act, cette loi "sécuritaire" initiée par l'administration Bush et adoptée par les législateurs après les attentats du 11 septembre 2011 perpétrés par Al-Qaida.

Déjà reconduite à deux reprises, cette loi étend largement les possibilités d'écoutes et de captations des courriels effectuées par les services de sécurité, leur accès aux informations privées détenues par des entreprises ou des administrations sur les citoyens américains et ceux qui résident aux Etats-Unis - les bibliothèques peuvent par exemple être tenues d'indiquer les livres empruntés par leurs lecteurs - ou encore la surveillance des étrangers susceptibles d'avoir des liens avec des activités terroristes.

Le Patriot Act fait depuis longtemps l'objet d'une vive opposition des organismes de défense des droits civiques et son abrogation est réclamée par une (petite) majorité de démocrates, qui jugent l'arsenal sécuritaire suffisant pour protéger le pays sans empiéter sur les libertés individuelles, et par certains républicains soit pour des motifs identiques, soit comme celui du "libertarien" Rand Paul, par récusation de toute intrusion dans la vie privée et le droit de propriété.

LOI "CRUCIALE POUR LA SÉCURITÉ DES ÉTATS-UNIS"

Jugée par la Maison Blanche absolument "cruciale pour la sécurité des Etats-Unis" - le coordinateur du renseignement américain, James Clapper, et le directeur du FBI, Robert Mueller, avaient écrit mercredi aux élus, les pressant de reconduire sans modification le Patriot Act - cette loi "temporaire" déjà reconduite à deux reprises devait impérativement l'être de nouveau avant le 26 mai à minuit, date de son échéance précédente.

Au Sénat (72 pour, 23 contre), les deux partis ont uni leurs majorités en ce sens : 30 démocrates (contre 18) et 41 républicains (contre 4) ont voté pour. Mais le vote de la Chambre (250 pour, 153 contre) a été divisé : 196 républicains ont reconduit la loi (54 ont voté contre), mais seuls 31 démocrates les ont accompagnés, 122 membres du parti de Barack Obama votant contre.

A l'issue du vote, 2 sénateurs démocrates, Ron Wyder (Oregon) et Mark Udall (Colorado), ont accusé l'administration Obama d'abuser des dispositions du Patriot Act. "Lorsque les Américains apprendront comment leur gouvernement interprète secrètement [cette loi], ils en seront stupéfaits et en colère", a déclaré le premier. Tous deux sont membres de la commission des renseignements du Sénat.