trou noir proche système HR 6819
© CRÉDIT: ESO/L. CALÇADA
Une équipe d'astronomes a observé le système HR 6819, supposé abriter le trou noir stellaire le plus proche de la Terre. Les données recueillies ont permis d'infirmer la présence du monstre cosmique, HR 6819 n'étant composé que deux étoiles ayant une période orbitale élevée.

Grâce au très haut niveau de détail du Very Large Telescope (VLT), des astronomes ont découvert que le trou noir le plus proche de la Terre... n'existait pas. Une équipe de l'Université catholique de Louvain (KU Leuven) révèle, dans une étude publiée le 2 mars dans Astronomy & Astrophysics, que le système HR 6819 n'est pas composé de deux étoiles orbitant autour d'un trou noir, mais simplement de deux étoiles.

Peu après l'annonce de la découverte du trou noir, en 2020, l'astrophysicienne Julia Bodensteiner, de l'Observatoire européen austral (ESO), avait avancé l'idée que les deux étoiles pouvaient avoir une période orbitale élevée, de 40 jours, sans nécessairement induire la présence d'un trou noir. Les observations de HR 6819 ont donc repris, en collaboration avec l'ESO et son puissant VLT.

Deux instruments installés sur l'interféromètre du VLT ont permis d'analyser en détail HR 6819 : Gravity et le spectroscope Muse (pour Multi Unit Spectroscopic Explorer). Les nouvelles données montrent qu'il n'y a pas de corps entre les deux étoiles, séparées par seulement un tiers de la distance Terre-Soleil, soit environ 50 millions de kilomètres. L'un des astres aurait aspiré une partie de l'atmosphère de l'étoile voisine, dans un phénomène nommé « vampirisme stellaire », ayant orienté l'étude précédente sur la piste d'un trou noir.

Vampirisme cosmique

L'étude de 2020 se basait déjà sur l'observation des deux astres de HR 6819. Plusieurs éléments venaient alors corroborer la théorie selon laquelle les étoiles orbitaient autour d'un troisième astre : un potentiel trou noir de plus de 4 masses solaires. La découverte de ce trou noir avait suscité un grand intérêt chez scientifiques et les médias. L'objet, situé à 1000 années-lumière du Système solaire, était considéré comme le trou noir le plus proche de la Terre. Cette place reste donc à celui de V616 de la Licorne, distant de 3300 années-lumière.

Les astronomes ont déjà annoncé leur intention d'effectuer de plus amples observations grâces aux télescopes de l'ESO, afin d'en apprendre davantage sur la dynamique du système double. En parallèle, la chasse aux trous noirs continue. Ces monstres cosmiques seraient présents en nombre au sein de la Voie lactée : la Nasa estime que l'on pourrait compter entre 10 millions et un milliard de trous noirs stellaires répartis au travers de la Galaxie.