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Le 28 avril 2022, le président biélorusse Loukachenko a évoqué un possible rassemblement de divers pays indépendants, anciennes républiques soviétiques, pour rejoindre la Fédération de Russie et la Biélorussie dans un « État de l'Union ». Puis, le 3 mai, le président Poutine et le président Loukachenko ont discuté plus avant de la construction de cet État de l'Union.

En 1991, l'Union soviétique, successeur de l'Empire russe, s'est soudainement effondrée d'une manière remarquablement similaire à celle dont l'Empire russe s'était soudainement effondré en 1917, et sur les ordres des mêmes cercles financiers et politiques transatlantiques. Ce n'est pas une coïncidence. Depuis lors, le territoire concerné, le cœur de l'Eurasie du Nord, comme une grande partie du reste du monde, est en proie au chaos, à la pauvreté, à l'injustice et à la guerre. Sur le plan géopolitique, la formation d'une Union souveraine (et non d'une Union soviétique) des peuples et des nations d'Eurasie du Nord est peut-être aujourd'hui le seul moyen de surmonter le vide créé, qui est à l'origine du chaos planétaire depuis 1991.

L'Eurasie du Nord, quel que soit le nom qu'on lui donne, est, qu'on le veuille ou non, marquée par sa nation centrale et de loin la plus importante, la Russie. C'est la seule capable de rassembler les États souverains des peuples nombreux et variés qui vivent dans cette zone terrestre intercontinentale continue, pour la paix et la justice. En effet, beaucoup attendent de la Russie qu'elle accomplisse précisément cette tâche et qu'elle les sauve du désordre actuel de la politique occidentale de style « diviser pour régner », de l'exploitation occidentale de leurs ressources naturelles qui en résulte et de l'oppression des oligarques amoureux de l'Occident.

En parlant avec des citoyens de l'ancienne Union soviétique de nombreuses nationalités au cours des 30 dernières années, certaines choses sont certaines. Personne ne veut revenir aux anciennes méthodes soviétiques, par exemple, aux arrestations et aux emprisonnements pour toute critique du système terne et ultra-centralisé, ou simplement aux files d'attente quotidiennes pour obtenir ne serait-ce que des produits de base, de la nourriture et des vêtements, résultat des inefficacités flagrantes de la planification centrale. Personne ne veut vivre dans un pays où la chair à saucisse, disponible au mieux une fois par semaine, était épuisée à 10 heures du matin et où les femmes ne pouvaient même pas se procurer de produits sanitaires. Personne ne veut revenir à un système centralisé, où même les décisions les plus infimes étaient prises par des bureaucrates micro-managers, hors de portée, travaillant sur la base de statistiques falsifiées dans la lointaine Moscou.

D'un autre côté, qu'est-il advenu des soins de santé gratuits (même s'ils étaient sous-financés), de l'éducation gratuite, du plein emploi, des logements (modestes) pour tous, de la faible criminalité, de la justice sociale, des retraites décentes, de la haute culture subventionnée et des autres avantages de l'Union soviétique ? Il n'est pas étonnant que, dans toute l'Europe de l'Est, de nombreuses personnes aient la nostalgie de l'ancien système communiste et que beaucoup votent encore communiste. Comme me l'a dit une femme à Moscou il y a douze ans : Bien sûr, nous savions que les communistes nous mentaient sur notre vie merveilleuse sous le communisme, mais ce que nous ne savions pas, c'est qu'ils nous disaient la vérité sur l'horreur de la vie sous le capitalisme. Avant, nous avions des pénuries, mais nous étions en sécurité. Maintenant, nous n'avons pas de pénuries, si nous avons de l'argent, mais nous n'avons plus de « sécurité ».

L'ancien Empire russe rassemblait de nombreux peuples sous son aigle bicéphale, regardant dans les deux sens, unissant l'Est et l'Ouest. L'ancien empire soviétique rassemblait de nombreux peuples sous sa faucille et son marteau, imposant une Union centralisée, s'opposant au capitalisme à l'Est comme à l'Ouest. Aujourd'hui, contre toute attente, nous attendons la fondation d'une nouvelle Union, qui devra éviter les erreurs du passé et tenter courageusement d'apporter justice et prospérité à tous.

Une Union souveraine, composée de nations souveraines aux frontières nouvelles et justes, convenues par référendum, coopérant librement en matière de commerce et de défense, est possible. Ces nations souveraines initiales, dans l'ordre d'adhésion possible, pourraient être : La Fédération de Russie, le Belarus, une grande partie de l'ancienne Ukraine, libérée, avec son nouveau nom, ses nouvelles frontières et son nouveau gouvernement, l'Arménie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, le Turkménistan, l'Ouzbékistan, la Moldavie, l'Azerbaïdjan, la Géorgie, la Lituanie, la Lettonie et l'Estonie.

Ainsi serait formée une nouvelle URSS, une Union des républiques sociales souveraines, une Union souveraine (US). Beaucoup s'en réjouiraient, car le dangereux vide, les injustices sociales, la kleptocratie néo-féodale des oligarques et les divisions laissées par l'effondrement de l'ancienne URSS se sont avérés extrêmement déstabilisants pour toute l'Eurasie du Nord, soit un sixième de la surface terrestre de la planète. Et cette instabilité a profondément affecté le reste du monde, comme nous pouvons le constater en ce moment même, qui tremble devant la possibilité, même minime, d'une troisième guerre mondiale.

Une Union Souveraine unique de Brest [Litovsk ?, NdT] à Vladivostok, de l'Arctique à l'Asie Centrale, pourrait fournir une Alliance non seulement aux nouvelles nations formées il y a trente ans, mais aussi aux nations encore à libérer en Europe. En se libérant des chaînes de l'UE anti-souveraine et antisociale, ces nations comprendraient la Hongrie et la Slovaquie, la Serbie et la Bulgarie, la Roumanie et la Grèce, le Monténégro et la Macédoine. Peut-être pourrait-il y avoir une alliance avec les pays non trompés ailleurs en Europe, ainsi qu'en Asie, en Mongolie, en Chine, en Inde, au Pakistan, en Indonésie, en Iran, en Afrique et dans les anciennes colonies occidentales des trois continents des Nouveaux Mondes. Est-ce vraiment dépasser l'ingéniosité humaine que de vivre dans un système où il y a la liberté et la justice sociale pour tous, dans une Alliance, avec une Union de Républiques Sociales Souveraines ?

Une Union Souveraine, se tenant au-dessus du monde comme une mère qui étend ses bras sur l'Eurasie pour prendre soin de ses enfants, pourrait établir une Alliance des Nations du Monde, une vraie ONU, pas ce pastiche corrompu de New York. Partout, les luttes des peuples pour régler les injustices historiques de longue date par l'abolition des frontières tracées il y a longtemps par les ignorants culturels du ministère des Colonies et les voleurs de ressources naturelles dans les lointains Londres, Paris et Washington, deviendraient possibles. La formation de nouveaux pays, de nouvelles frontières, de nouvelles constitutions et d'une nouvelle prospérité, pourrait être progressivement résolue dans la paix.

Après tout, quelle est l'alternative ? Continuer dans le chaos infernal actuel de guerre perpétuelle, de pauvreté écrasante et d'injustice cynique ? L'opération Z de Zorro, la libération de l'Ukraine, n'est qu'un début. L'opération Z+, la libération du monde, c'est la finalité. Oui, c'est une fin hautement improbable, mais c'est tout de même la seule fin noble orientée vers un Nouvel Ordre Mondial digne de ce nom, suffisante pour inspirer une direction même dans les cœurs les plus découragés.

Source : thesaker.is
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone