Andrzejczak a déclaré que la situation n'est pas bonne du tout pour Kiev si l'on considère la dynamique économique de ce conflit, et il a attiré l'attention sur les finances, les questions d'infrastructure, les questions sociales, la technologie, la production alimentaire, etc. De ce point de vue, il prédit que la Russie peut continuer à mener ses opérations spéciales pendant encore un à deux ans avant de commencer à ressentir une quelconque pression structurelle pour réduire ses activités.Je suis d'accord avec l'analyse du général.
En revanche, Kiev brûle des dizaines de milliards de dollars d'aide, mais reste très loin d'atteindre ses objectifs maximaux. Andrzejczak a franchement déclaré que les partenaires occidentaux de la Pologne n'évaluaient pas correctement les défis qui se dressent sur le chemin de la victoire de l'Ukraine, y compris ceux liés à la « course à la logistique« / »guerre d'usure » que le chef de l'OTAN a déclarée à la mi-février. Un autre problème sérieux concerne la réticence des réfugiés à retourner dans leur pays d'origine dans un avenir proche.
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Comme l'a admis Andrzejczak lui-même, « Nous n'avons tout simplement pas de munitions. L'industrie n'est pas prête non seulement à envoyer du matériel en Ukraine, mais aussi à reconstituer nos stocks, qui sont en train de fondre. » Si l'on considère que la Pologne est le troisième plus important mécène de l'Ukraine après l'axe anglo-américain, cela suggère fortement que tous les autres membres de l'OTAN luttent tout autant que l'Ukraine pour maintenir le rythme, l'échelle et l'étendue du soutien, si ce n'est plus puisque beaucoup sont beaucoup plus petits et donc moins capables de contribuer à cet égard.
En conséquence, cette observation signifie que la prochaine contre-offensive de Kiev sera probablement sa « dernière chance » avant la reprise des pourparlers de paix avec la Russie, puisque l'Occident ne sera pas en mesure de maintenir son aide pendant encore longtemps. Andrzejczak semble parfaitement conscient de ce fait « politiquement gênant« , c'est pourquoi il souhaite que son camp donne à ses mandataires autant de temps que possible jusqu'à la fin de l'opération, dans l'espoir qu'ils puissent alors se trouver dans une position comparativement plus avantageuse au moment de la reprise des pourparlers.
Bakhmut/Aryomovsk est à 90 % sous contrôle russe et le reste sera capturé au cours des prochains jours. Les pertes ukrainiennes dans la ville ont dû être énormes. Les troupes ukrainiennes qui tentent de s'échapper de la ville sont immédiatement la cible de tirs d'artillerie. Le dernier rapport quotidien de la Russie fait état de 575 « pertes ennemies » à Bakhmut au cours des dernières 24 heures, pour un total de 815 sur l'ensemble de la ligne de front. Il s'agit du plus grand nombre de pertes signalées au cours des deux derniers mois.
S'accrocher à la ville à tout prix fut à mon avis une mauvaise décision. Une défense plus mobile aurait coûté plus de terrain, mais aurait également entraîné beaucoup moins de pertes que celles subies dans ces positions statiques sous des tirs d'artillerie nourris. L'Ukraine étant géographiquement étendue mais disposant de relativement peu de soldats mobilisables, il aurait été préférable d'échanger des terres contre du temps et non contre des soldats.
La défense de la ville de plaine a coûté cher à l'armée ukrainienne en érodant ses réserves matérielles et humaines. Celles-ci manqueront pour colmater les brèches de la ligne de front lorsque la contre-offensive « de la dernière chance » annoncée depuis si longtemps n'aura pas permis de réaliser de gains sérieux.
Source : https://www.moonofalabama.org/2023/04/the-last-hurrah.html
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
J'ai beau comprendre que tout ceci n'est qu'un folie, une gageure.
Je n'en reste pas moins triste pour le peuple ukrainien qu'il soit du ouest ou de l'est. Les gens simples qui meurent sous des bombes, dans des combats absurdes, dressés dans une haine absurde, se retrouvent obligés de fuir hors les frontières pour juste ne pas mourir et qui ne reviendrons probablement pas.
Revenir où d'ailleurs ?
Dans un pays réduit en morceaux que les pays frontaliers se partagerons sous raisons d'actions humanitaires, mais dans les faits, pour reprendre leurs anciens territoires historiques.
Un peuple expatrié qui verra un jour sur leurs passeports la mention "Ex-Ukraine" comme d'autres avant eux se sont retrouvé avec la mention "Ex-Yougoslavie". Avec les même errances, les même nostalgies, les même souffrances, les mêmes terreurs nocturnes de frères et de sœurs disparus pour rien, pour les seules ambitions idéologiques d'une terre au-delà des océans.
J'ai depuis quelques jours dans la tête les images d'un drone filmant depuis ses hauteurs la ligne d'une tranchée, criblée d'impacts de d'obus, jonchée de cadavre abandonnés dans la fuite. Des Ophélies endormies à jamais, délivrées de la terreur. Des images qui me hante depuis.
Plus jamais avait-on dit.