Près de 100% de la consommation d'électricité en Écosse provient des énergies propres. Cette nation, la plus au nord du Royaume-Uni, s'est fixée en 2011 l'objectif de satisfaire d'ici à 2020 la totalité de ses besoins électriques grâce à des énergies renouvelables, en misant principalement sur l'hydraulique et l'éolienne.
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© Photo de Andrew DawesParc d'éoliennes devant une forêt de conifères à Blairgowrie, Écosse (Royaume-Uni).
Photo de Andrew Dawes
Cette politique a toutefois un revers de la médaille : environ 16 millions d'arbres ont été abattus depuis 2000 pour installer des parcs éoliens, nous apprend le Daily Telegraph britannique, citant une ministre écossaise.

En 2021, 97,4% des besoins électriques des Écossais étaient satisfaits par les énergies renouvelables. L'Écosse expliquait avoir plus que triplé sa production d'électricité depuis 2011, alimentant 7 millions de foyers. Cette nation britannique s'est même lancé le "défi" de satisfaire 50% de ses besoins électriques en chauffage et en transports par les énergies renouvelables d'ici à 2030. Le taux de 97,4% ne signifiait pas un mix électrique 100% propre, puisque l'Écosse avait encore recours à une centrale au gaz et quatre réacteurs nucléaires, dont la majorité de la production est exportée.

Près de 7900 hectares d'arbres abattus

L'éolien terrestre domine le mix électrique de cette nation avec plus de 60% contre 17% pour l'énergie hydroélectrique. Un parc de plusieurs centaines de turbines que le gouvernement, dont les ministres sont majoritairement issus du Parti national écossais (SNP), souhaite renforcer. L'Écosse possède déjà des turbines théoriquement capables de générer 8,4 GigaWatts d'électricité, "soit bien plus de la moitié du total du Royaume-Uni", mais l'exécutif souhaite accroître cette capacité de 8 à 12 GW supplémentaires.

Ce qui inquiète de nombreuses communautés à travers l'Écosse, explique le Daily Telegraph. Et pour cause, la Secrétaire aux Affaires rurales, Mairi Gougeon, membre du SNP, a justement révélé à la mi-juillet que 15,7 millions d'arbres ont été abattus depuis 2000 pour la construction de ces éoliennes sur des terres gérées par la Forestry and Land Scotland (FLS). Selon son site officiel, cette agence gouvernementale a pour mission de "protéger les forêts et la biodiversité et accroître l'accès aux espaces verts".

Le nombre quotidien d'arbres coupés pendant cette période est ainsi estimé, selon la même responsable, à 1.700 par jour. Depuis l'an 2000, c'est l'équivalent de près de 7.900 hectares d'arbres abattus, avec une moyenne de 2.000 arbres par hectare. "Cela donne un total estimé de 15,7 millions d'arbres qui ont été coupés afin de faciliter le développement des parcs éoliens", estime-t-elle.

Le bilan préoccupe les Écossais, selon le député Liam Kerr du Parti conservateur. "La plupart des gens seront étonnés de voir le nombre d'arbres abattus pour faire place à des parcs éoliens", affirme-t-il, relayé par The Telegraph. "J'ai été contacté à plusieurs reprises par des communautés rurales de tout le pays qui s'interrogeaient sur l'emplacement de ces parcs". Des communautés qui expriment des "préoccupations légitimes non seulement concernant l'impact visuel, mais également les dommages causés à la faune", a ajouté Liam Kerr. Il a appelé les ministres à "prendre conscience" des "coûts importants", particulièrement écologiques, de l'implantation de parcs éoliens.

Le gouvernement se justifie

Défendant la politique du gouvernement, Mairi Gougeon a expliqué que les promoteurs chargés de l'installation de ces parcs éoliens sont "généralement tenus" de fournir une "plantation compensatoire" pour éviter une baisse de la surface forestière. Et le "retrait de ces forêts ne devrait être autorisé que s'il apportait des avantages publics supplémentaires importants et clairement définis", justifie-t-elle. La Secrétaire aux affaires rurales a ensuite affirmé que de "nombreux arbres abattus" ont été "replantés sur place" ou ailleurs, d'autant plus que la grande majorité de ces arbres aurait été coupée puisqu'elle fait partie d'une culture à but commercial.

La Forestry and Land Scotland a d'ailleurs expliqué avoir planté plus de 500 millions d'arbres depuis 2000 et que cette quantité de près de 16 millions d'arbres abattus correspondait "à peu près" à son programme annuel de récolte. Son porte-parole défend également la démarche du SNP, affirmant que "l'énergie renouvelable générée par les parcs éoliens est un élément clé de la réponse de l'Écosse à l'urgence climatique et au passage au net-zéro".

Alors qu'il s'est engagé à maintenir l'interdiction de construire de nouveaux parcs éoliens terrestres s'il remportait la course à la direction des Conservateurs et devenait le prochain Premier ministre, Rishi Sunak a finalement levé cette interdiction fin 2022, assouplissant même le contrôle sur la construction de nouvelles turbines. Un programme porté par l'un de ses prédécesseurs, Boris Johnson, qui a annulé les réformes de 2015, introduites par David Cameron et nécessitant l'adhésion des populations locales pour construire des parcs éoliens.