GAZA - Rafah, le dernier refuge, va-t-il tomber ? La ville de la bande de Gaza, frontalière avec l'Égypte, se prépare au pire alors qu'Israël envisage une offensive d'ampleur. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a en effet ordonné à son armée de préparer un « plan d'évacuation » des civils et de « destruction » du Hamas.
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De nouvelles frappes israéliennes ont visé samedi la ville. « Il est impossible d'atteindre l'objectif de la guerre sans éliminer le Hamas et en laissant quatre bataillons du Hamas à Rafah », et cela requiert que « les civils évacuent les zones de combat », a affirmé vendredi Benjamin Netanyahu.

Une mission impossible alors que plus de la moitié de la population de Gaza a trouvé refuge à Rafah. Cette annonce fait trembler la communauté internationale qui anticipe une « catastrophe humanitaire » inévitable.

Famine et épidémie dans un gigantesque campement

À ce jour, près de la moitié des 2,3 millions d'habitants de la bande de Gaza ont fui leurs foyers pour s'abriter à Rafah, multipliant ainsi par cinq la population de la ville frontalière comme on peut le voir sur les images ci-dessous. Face à cet afflux de personnes, la situation est déjà précaire, la plupart des réfugiés vivant sous des toiles.

Ils sont à présent massés, menacés en plein hiver par la famine et les épidémies, dans la ville transformée en un gigantesque campement. Traumatisés, endeuillés, apeurés et perdus, ils s'apprêtent de nouveau à fuir pour éviter les chars israéliens.


Mais pour aller où ? Tout le monde n'est pas capable de fuir à nouveau et il n'y a aucun endroit sûr où aller, souligne The Guardian qui rapporte que certains de ceux qui ont tenté de quitter la ville ces derniers jours n'ont plus donné signe de vie.

Mises en garde contre un « massacre »

Le Hamas a averti samedi qu'une offensive israélienne sur Rafah pourrait faire « des dizaines de milliers de morts et de blessés » dans cette ville du sud de Gaza. La situation est « très inquiétante », avec « une intensification des opérations et des bombardements » qui « se rapprochent », a expliqué Philippe Lazzarini, le chef de l'Unrwa, la principale agence d'aide humanitaire à Gaza, lors d'un point presse à Jérusalem. « Toute opération militaire de grande ampleur au sein de cette population ne pourra qu'ajouter une couche supplémentaire à la tragédie sans fin qui se déroule », a-t-il ajouté.

Et l'inquiétude est largement partagée. L'ONU et même les États-Unis, principal allié d'Israël, craignent pour le sort des civils. Le secrétaire d'État Antony Blinken a estimé que
« mener une telle opération maintenant (à Rafah) sans planification et sans réflexion dans une zone abritant un million de personnes serait un désastre ».
Pour le patron de l'ONU Antonio Guterres, une telle offensive
« aggraverait de façon exponentielle l'actuel cauchemar humanitaire ». L'Allemagne a mis en garde contre une « catastrophe humanitaire annoncée », tandis que la Jordanie a dit rejeter le « déplacement des Palestiniens à l'intérieur ou à l'extérieur de leurs terres ».

Samedi, l'Arabie saoudite a mis en garde contre les « répercussions extrêmement dangereuses » qu'aurait une offensive sur Rafah, ajoutant que le Conseil de sécurité de l'ONU devait se réunir d'urgence « pour empêcher Israël de provoquer une catastrophe humanitaire imminente ».

Craintes pour l'acheminement de l'aide humanitaire dans Gaza

Et cette offensive n'aura pas seulement des répercussions sur les habitants et réfugiés de Rafah. Car la ville est également le point de passage pour acheminer l'aide humanitaire depuis l'Égypte vers la bande de Gaza. Une opération terrestre majeure menacerait de couper complètement le lien vital qui maintient tout juste en vie les civils du territoire palestinien.

L'Unrwa se plaint déjà de ne pas avoir pu acheminer l'aide au nord depuis plus de quinze jours. Des bombardements aériens ont d'ailleurs frappé jeudi les environs du siège de l'Unrwa à Rafah, nourrissant les tensions et la peur sur place.
« Au moins 300 000 personnes vivant dans la région dépendent de notre aide pour leur survie. Empêcher l'accès empêche l'aide humanitaire vitale. Avec la volonté politique nécessaire, cette situation peut être facilement inversée », a dit sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'Unrwa.

« L'Unrwa porte à bout de bras les services basiques de la vie des réfugiés. Ce n'est pas de l'assistance humanitaire en plus, c'est la base de la survie pour cette population », rappelle au HuffPost Claire Magone, directrice générale de Médecin Sans Frontières.

De nouvelles discussions entre des représentants du Qatar et de l'Égypte, deux des pays médiateurs aux côtés des États-Unis, et le Hamas pour tenter de parvenir à un accord de trêve incluant un échange de prisonniers palestiniens et d'otages, ont pris fin vendredi au Caire. Un responsable du Hamas a déclaré à l'AFP que le mouvement « attendait une réponse d'Israël ».