ADDIS-ABEBA/NAIROBI, 7 juillet 2011 (IRIN) - Près d'un mois après l'éruption volcanique survenue dans la région voisine du Nabro, en Erythrée, des milliers d'Ethiopiens de l'Etat d'Afar se trouvent confrontés à de graves pénuries de vivres et d'eau, et leur accès aux soins de santé est extrêmement limité, selon des responsables.

Le volcan s'est réveillé le 12 juin, projetant des cendres sur plusieurs centaines de kilomètres, contaminant les sources d'alimentation et d'eau et perturbant le trafic aérien dans certaines régions. L'éruption a également provoqué un séisme de magnitude 5,7, selon un communiqué du ministre érythréen de l'Information.

« Les répercussions néfastes des cendres volcaniques ont entraîné une augmentation du nombre de cas déclarés de mortalité du bétail, des déplacements, des problèmes de santé au sein des populations, ainsi qu'une grave pénurie d'eau et une recrudescence de la malnutrition dans les woredas [divisions administratives] les plus touchés par l'éruption : Bidu, Afdera, Erebti, Elidar, Teru et Kori », d'après un rapport du Bureau de coordination des programmes de prévention des catastrophes et de sécurité alimentaire d'Afar, en Ethiopie.

« Dans le woreda de Bidu, les cendres volcaniques auraient provoqué 31 décès ».

Il faudra au moins 68,6 millions de birrs (environ quatre millions de dollars) pour pourvoir aux besoins urgents des populations, selon l'appel lancé par les autorités d'Afar, qui ont indiqué que 48 000 personnes seraient touchées dans les woredas de Bidu, d'Afdera, d'Erebti et de Teru.

D'après les informations communiquées par une équipe d'évaluation d'urgence, dépêchée sur place à la mi-juin, 167 153 habitants des woredas d'Elidar et de Kori doivent en outre faire l'objet d'un suivi.

Le gouvernement fédéral éthiopien a néanmoins déclaré qu'il n'avait pas approuvé l'appel lancé par les autorités régionales d'Afar et menait actuellement sa propre évaluation de la situation.

« Nous avons examiné le document [la présentation de l'appel] et je souhaite qu'il soit clair que ce document n'est pas un document national et que nous ne l'avons pas approuvé », a indiqué à IRIN Aklog Nigatu, porte-parole de l'organisme de gestion des catastrophes du ministère de l'Agriculture.

Le ministère n'a aucune preuve que l'éruption ait fait des victimes, et il est encore trop tôt pour savoir combien de personnes ont été touchées et ont besoin d'aide, a ajouté Aklog Nigatu.

« L'équipe d'experts dépêchée sur place s'est rendue au cœur des régions sinistrées, à 10 kilomètres du site de l'éruption ; dans cette zone, les vivres ont été ?contaminés? par les cendres volcaniques », a dit à IRIN Mohammed Amin, nutritionniste en Afar.

Il a été recommandé aux habitants de ne pas consommer les aliments produits dans la région, au cas où ceux-ci auraient été contaminés, a-t-il indiqué.

Les conséquences de l'éruption ont exacerbé la vulnérabilité des populations touchées dans cette région principalement pastorale, peut-on lire dans l'appel.

L'on craint également que les cendres volcaniques n'aient contaminé l'une des plus grandes mines de sel d'Ethiopie, située dans la région d'Adfera. « Les experts, notamment [ceux] de l'Institut éthiopien de recherche sur la santé et la nutrition, vont examiner la production de sel à Afdera pour déterminer si celle-ci a été contaminée par des matières toxiques, et pouvoir ?éventuellement? interrompre sa consommation et son exportation », a déclaré Aklog Nigatu.

Les interventions en Erythrée

Le 5 juillet, le ministère érythréen de l'Information a rapporté que les citoyens érythréens déplacés en raison de l'éruption volcanique et du séisme étaient en bonne santé.

D'après Michael Gebrehiwet, chef d'une équipe composée de représentants des ministères de la Santé, et du Travail et de la Protection sociale, aucune maladie transmissible n'a été détectée sur le nouveau site où sont hébergés les déplacés.

Quant à l'émission continue de poussières et de fumée, elle ne pose pas de problème de santé grave, a-t-il indiqué, bien que certains sinistrés se soient plaints de démangeaisons.

Mihreteab Fisehaye, directeur général de la sécurité sociale au ministère érythréen du Travail et de la Protection sociale, a rapporté que des « mesures concertées » étaient prises pour aider les déplacés.