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Se manifestant par de vives douleurs au moment d'uriner chez les hommes et des risques de stérilité chez les femmes, la gonorrhée, plus familièrement appelée « chaude-pisse », se soignait facilement à l'aide d'antibiotiques jusqu'à ce jour. Mais une souche particulièrement résistante vient d'être détectée par des chercheurs suédois. Et celle-ci pourrait être beaucoup plus difficile à combattre. Cette découverte relance le problème de la surconsommation d'antibiotiques.

Adossé lundi à la tribune de la 19ème conférence de recherche sur les maladies sexuelles, qui a cours cette semaine au Québec, le Docteur Magnus Unemo, du Laboratoire suédois de référence pour le pathogène neisseria, a fait part de son inquiétude : « Nous avons fait une découverte à la fois alarmante et prévisible ». A la tête d'une équipe, ce scientifique a identifié une souche de la bactérie Neisseria gonorrhoeae résistante au traitement des antibiotiques. Le choc est palpable, puisque cette bactérie est responsable de la gonorrhée, une des maladies sexuelles transmissibles les plus répandues dans le monde et qui, jusqu'à l'heure actuelle en tout cas, est facilement traitable.

L 'augmentation de la résistance du gonocoque aux antibiotiques s'est faite graduellement. Après le forfait déclaré par la péniciline et la tétracycline, les fluoroquinolones ont jeté l'éponge en 2008. Et selon Magnus Unemo, ce sont à présent les antibiotiques de type cephalosporines et l'azithromycine, derniers remparts efficaces pour venir à bout de l'infection, qui n'aurait plus d'effets face aux mutations génétiques.

Le chercheur s'explique : « Depuis que les antibiotiques sont devenus le traitement de base pour la gonorrhée dans les années 40, cette bactérie a montré une capacité remarquable à développer des mécanismes de résistance à tous les médicaments présentés pour la combattre ». Magnus Unemo et ses collègues entendent dévoiler les détails de cette découverte d'ici à mercredi, toujours dans le cadre de la conférence de la Société internationale pour la recherche sur les MST. Environ 25 000 décès par an en Europe seraient dus à des infections liées à des bactéries multi-résistantes, ces dernières ne pouvant plus être traitées faute d'antibiotiques efficaces.