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Un spécialiste iranien du nucléaire a été tué mercredi dans l'explosion d'une voiture à Téhéran. | (AFP)
Depuis janvier 2010, il s'agit du quatrième scientifique iranien tué dans l'explosion d'une bombe. Mercredi matin, un scientifique travaillant sur le site d'enrichissement de Natanz est mort dans un attentat survenu à Téhéran, a rapporté l'agence de presse Mehr. «L'ingénieur Mostafa Ahmadi Roshan, qui a obtenu il y a neuf ans une licence en chimie à l'université Sharif était le vice-directeur pour les affaires commerciales du site de Natanz», a précisé l'agence.
Natanz est le principal site d'enrichissement de l'Iran et compte plus de 8 000 centrifugeuses.

Selon les médias iraniens, Ahmadi Roshan a été tué lors de l'explosion d'une bombe magnétique placée sur une voiture à bord de laquelle il se trouvait en compagnie de deux autres passagers. « Ce matin, un motard a collé une bombe à une Peugeot 405 qui a ensuite explosé », a déclaré le vice-gouverneur de la province de Téhéran, Safar Ali Bratloo, cité par l'agence ILNA. Selon ce responsable, les deux autres passagers ont été blessés et transportés dans un hôpital. Selon une autre agence, l'agence Fars, qui cite un des collègues d'Ahmadi Roshan, ce dernier travaillait sur un projet de membranes polymères utilisées pour la séparation de gaz.

Téhéran accuse Israël

Trois autres scientifiques iraniens ont été tués depuis janvier 2010, dont deux travaillaient pour le programme nucléaire du pays. L'actuel chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique, Fereydoun Abbasi, avait lui échappé à un attentat similaire en 2010. Mercredi, Safar-Ali Baratloo n'a pas tardé à accuser Israël. «Israël est responsable de cet attentat, la méthode ressemble à celle utilisée dans les (autres) attentats contre les scientifiques nucléaires iraniens », a t-il déclaré, cité par la télévision iranienne Al-Alam. Au parlement, les députés ont crié « mort à Israël » et « mort à l'Amérique » après l'annonce de cet attentat.

Ce décès intervient alors que de récents développements du programme nucléaire iranien, avec le lancement controversé de la production d'uranium enrichi à 20% sur le site de Fordo, ont été révélés. Ce qui a été condamné par les pays occidentaux, qui craignent que le programme nucléaire civil de Téhéran ne cache un volet militaire, et qui cherchent à renforcer les sanctions économiques contre l'Iran pour l'obliger à arrêter son enrichissement.

Bras de fer entre l'Iran et l'UE sur le nucléaire

Les pays européens, notamment, envisagent d'imposer des mesures pour arrêter les achats de pétrole afin de faire pression contre Téhéran. La présidence danoise de l'Union européenne a ainsi assuré mercredi qu'un nouveau train de sanctions européennes musclées serait décidé le 23 janvier contre l'Iran, visant non seulement le secteur pétrolier mais aussi la banque centrale. Mardi, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton avait appelé l'Iran à « cesser immédiatement l'enrichissement d'uranium» et estimé qu'aucune raison «crédible» ne justifiait la production d'uranium enrichi sur le site de Fordo.

La Chine, alliée de l'Iran, a de son côté souhaité que l'Iran coopère avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sur le site de Fordo, alors qu'un responsable américain est venu demander à Pékin d'exercer des pressions sur Téhéran.