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Pour compenser ce geste envers les plus aisés, George Osborne a augmenté la taxation sur les achats immobiliers au-delà de 2 millions de livres. | REUTERS/LUKE MACGREGOR
Comment baisser l'impôt sur les riches tout en aidant les ménages les plus modestes ? Comment poursuivre la politique d'austérité draconienne destinée à résorber un déficit budgétaire abyssal alors que le spectre d'une nouvelle récession s'éloigne ? Cette gageure, le chancelier de l'Echiquier (ministre des finances) britannique, George Osborne, entend la réaliser grâce au budget 2012-2013 présenté le 21 mars.

Alors que la hausse de la pression fiscale sur les contribuables les plus aisés est à l'ordre du jour du débat électoral français, outre-Manche, le gouvernement de coalition conservateur-libéral-démocrate a réduit le taux supérieur d'imposition sur les revenus de 50 % à 45 % pour les personnes gagnant plus de 150 000 livres (179 500 euros) par an. L'objectif affiché est de retourner le plus rapidement possible à un taux unique de 40 %, prévalant avant 2009. A écouter le grand argentier, cette baisse très controversée doit attirer au Royaume-Uni les entrepreneurs et cadres étrangers rétifs au taux de 50 %.

D'après une récente étude du cabinet comptable Ernst & Young, 27 % des compagnies interrogées affirment que la taxation élevée est un obstacle à l'augmentation de leurs investissements. Par ailleurs, aux yeux de M. Osborne, le manque à gagner pour le fisc britannique de cette diminution des impôts est limité. Les aménagements utilisés par les gros contribuables leur permettaient de contourner les 50 %.

UN PUBLIC REMONTÉ CONTRE LES RICHES

En 1979 et en 1988, de grands argentiers conservateurs avaient diminué l'impôt. Mais à cette période, les tories disposaient de la majorité absolue. Tel n'est plus le cas aujourd'hui, avec l'arrivée au pouvoir en 2010 d'un gouvernement de coalition entre la droite et les libéraux démocrates. Se situant au centre-gauche, ces derniers ont obtenu une aide aux moins bien lotis au nom de la solidarité nationale. En outre, de nos jours, le public est remonté contre les riches, en particulier les banquiers caviardisés de la City et leurs niches fiscales.

Beaucoup rendent les financiers surpayés responsables de la cure d'austérité draconienne que connaît le pays, étant donné le coût exorbitant de la nationalisation de trois grosses banques dans la foulée de la crise des "subprimes". Enfin, il n'existe pas d'ISF au Royaume-Uni.

C'est pourquoi, pour compenser ce geste envers les plus aisés, George Osborne a augmenté la taxation sur les achats immobiliers au-delà de 2 millions de livres. Il s'est engagé à abolir toutes les exemptions fiscales dont bénéficient les acquéreurs de propriétés les plus chères. L'évasion fiscale pratiquée en toute légalité par les artistes, footballeurs et entrepreneurs via des sociétés offshore sera aussi combattue. Enfin, ce budget doit bénéficier aux bas revenus, notamment par le truchement d'un relèvement du seuil d'imposition à 9 000 livres par an.

A l'appui de ces mesures, le chancelier évoque une légère amélioration de la conjoncture. Selon les estimations de l'Office for budget responsibility, organisme de prévision officiel indépendant du Trésor, la croissance, qui devrait être de 0, 8 % en 2012, devrait grimper à 2 % en 2013. Le déficit budgétaire, certes élevé, devrait se stabiliser. Surtout, le Royaume-Uni devrait échapper à une nouvelle récession. Pour le reste, le gouvernement maintient le cap en matière de coupes sombres dans les dépenses publiques, seule manière à ses yeux de préserver le "triple A" dont bénéficie le Royaume-Uni.