Image
En novembre 2011 le télescope spatial Hubble a photographié des aurores sur Uranus, un phénomène que seule la sonde Voyager 2 avait pu enregistrer il y a 26 ans. © Nasa/Observatoire de Paris/Laurent Lamy
On connaît les magnifiques aurores polaires qui illuminent l'atmosphère terrestre à chaque arrivée d'une tempête solaire. Le télescope Hubble vient de photographier pour la première fois le même phénomène à 4 milliards de kilomètres de nous.

Les aurores polaires sont associées à l'activité solaire. Lors des éruptions de notre étoile, du plasma solaire pénètre dans l'atmosphère terrestre par les cornets polaires, deux zones (une au pôle Nord et l'autre au pôle Sud) où le bouclier magnétique qui entoure notre planète perd de son efficacité. Les ions solaires excitent alors les atomes d'oxygène et d'azote qui se mettent à rayonner en produisant différentes couleurs dans le ciel, principalement du vert et du rouge, très rarement du mauve.

Le plasma solaire projeté dans l'espace ne se dirige pas uniquement vers notre planète mais se répand également dans tout le Système solaire. C'est pour cette raison qu'on a déjà pu observer des aurores polaires sur d'autres planètes comme Mars, Jupiter ou encore Saturne. Plus loin encore, sur Uranus, des aurores ont été photographiées en 1986 par la sonde Voyager 2. Alors que sur les autres planètes les aurores se présentent sous la forme d'arcs lumineux encerclant les pôles, les aurores d'Uranus apparaissaient comme des sources ponctuelles.

D'étranges aurores pour une étonnante planète

Curiosité du Système solaire, Uranus est la seule planète dont l'axe de rotation se situe pratiquement dans le plan de révolution autour de notre étoile, donnant l'impression que la planète roule sur son orbite, présentant alternativement son pôle Sud et son pôle Nord au Soleil. On a tenté d'expliquer cette anomalie par un phénomène cataclysmique, en l'occurrence une collision avec une protoplanète qui aurait fait basculer Uranus. Une récente théorie propose d'envisager au moins deux impacts qui auraient fait basculer la planète en plusieurs fois. Autre anomalie d'Uranus, l'axe de son champ magnétique est incliné de 60 degrés par rapport à son axe de rotation.

« Une configuration unique dans le Système solaire » comme l'explique Laurent Lamy. Cet astronome à l'observatoire de Paris a proposé à la fin de l'année dernière de pointer le télescope spatial Hubble en direction d'Uranus pour y déceler d'éventuels effets de l'activité solaire. Bien lui en a pris puisque les 16 et 29 novembre 2011 Hubble a capturé des aurores boréales sur la septième planète du Système solaire. L'étonnante position de ces dernières sur le globe d'Uranus s'expliquent par l'originalité de l'orientation de la planète évoquée plus haut.

À 4 milliards de kilomètres de nous, les aurores particulières d'Uranus nous révèlent un nouveau mode d''interaction entre le vent solaire et la magnétosphère d'une planète.