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Publiant leurs travaux dans la revue Current Biology, des chercheurs espagnols ont analysé le génome de 2 fossiles humains du Mésolithique découverts dans leur pays et ont établi que ces anciens ibériques étaient bien plus apparentés aux Nord-Européens qu'aux Espagnols d'aujourd'hui.

Une équipe de scientifiques dirigée par Carles Lalueza-Fox, du CSIC (Conseil national de la recherche espagnol) a pu analyser respectivement 1,34 % et 0,5% du génome de 2 squelettes humains fossilisés. Ces restes ont été découverts dans la grotte de La Braña-Arintero, à Valdelugueros (Espagne) et présenterait un génome vieux de près de 7.000 ans : ce qui correspond à une période appelée Mésolithique, intermédiaire entre le Paléolithique (âge de pierre) et le Néolithique (au cours duquel l'agriculture est peu à peu apportée par des immigrants venus du Proche-Orient).

Or, les résultats de l'étude se sont révélés plutôt surprenants. En effet, il s'avère que l'ADN mitochondrial de ces anciens habitants de la péninsule ibérique est très différent de celui des occupants actuels de la région, les Espagnols d'aujourd'hui. Il est en revanche très proche de l'ADN de leurs contemporains mésolithiques d'Angleterre, d'Allemagne, de Lituanie et de Pologne, avec qui ils partageaient le même mode de vie de chasseurs-cueilleurs nomades et la même origine. Il est également proche de l'ADN des actuels Européens du Nord, qui pourraient avoir absorbé une partie de leur héritage génétique.

Autrement dit, ces ancêtres ibériques seraient génétiquement bien plus proches des Européens du Nord que des Espagnols actuels. Mais ce n'est pas le seul point important de l'étude : celle-ci porte sur les plus anciens génomes préhistoriques d'Europe jamais étudiés, puisque celui d'Ötzi, le célèbre homme du Néolithique retrouvé congelé dans un glacier des Alpes, n'a 'que' 5.000 ans environ, soit 1.700 ans de moins que celui de ces squelettes espagnols.

"L'arrivée de la période néolithique a entraîné un remplacement des populations et pourrait avoir causé des changements génétiques dans des gènes associés à des nouvelles maladies infectieuses ou à des processus métaboliques liés à des changements d'alimentation. Par conséquent, toutes les informations extraites [dans cette étude] sont absolument importantes", conclut Lalueza-Fox.