Commentaire : Les États-Unis se servent de l'Otan comme bon leur semble, pour tenter d'asseoir une domination militaire mondiale, et pousser, par exemple, la Russie à commettre un faux-pas, exaspérée qu'elle est par l'encerclement américain et les provocations récurrentes à ses frontières. Les États-Unis ont plongé récemment l'Ukraine dans une situation catastrophique, tant sur le plan social qu' humanitaire. Les États-Unis mettent le moyen-orient à feu et à sang, sont responsables de presque tous les terrorismes, s'arrangent de tous les conflits, pourvu qu'ils durent le plus longtemps possible, en créant et en entretenant un chaos destructeur et permanent. Tant pis, tant mieux, pour les risques de guerre mondiale et les millions de morts occasionnés depuis une vingtaine d'année. Les États-Unis sont de tous les coups tordus en Amérique Du Sud depuis 70 ans ; ils ont mis en place et/ou ont soutenu les pires dictatures ; ils ont organisé le pillage d'un sous-continent aux richesses incroyables, depuis des décennies. Les États-Unis fomentent ou bon leur semble les fameuses « révolutions-couleurs », soutenues par une multitude d'ONG innocemment disséminées à travers le monde. Les États-Unis, enfin, sont les plus dignes représentant d'une politique économique ou la prédation est reine, inégalable dans sa capacité de destruction de l'environnement et des sociétés humaines.

Quel type de traité un pays comme celui-ci est-il à même de proposer ? Quel type de personne serait-elle prête à signer, ou à envisager seulement la mise en place d'un tel traité ?

A l'image des politiques menées à travers le monde par les différents protagonistes du TAFTA , qu'ils soient américains ou européens, le traité transatlantique représente, dans son fonctionnement, un mode de pensée malade, pathologique, reflet d'une psychologie dérangée animant l'ensemble de la classe dirigeante.

Extrait choisi :
Plus la fin de son mandat approche, moins le locataire de la Maison Blanche prend de pincettes. Dernière saillie en date ? Sa tribune au Washington Post. « Élever des murs afin de s'isoler de l'économie globale ne fera que nous priver de perspectives incroyables. Au contraire, les États-Unis doivent dicter les règles. Les États-Unis doivent mener le bal. Les autres pays doivent jouer d'après les règles que les États-Unis et ses partenaires fixent », a-t-il expliqué.... [...] Vous avez noté [dans le catalogue des signataires du TPP] l'absence de la deuxième économie mondiale dans cette liste. Barack Obama a d'ailleurs tenu à apporter une petite précision : « Le monde a changé. Les règles changent aussi. Ce sont les États-Unis et non pas des pays comme la Chine qui doivent les écrire. »

Cette affirmation d'Obama qui s'adresse à l'opinion US, aux élites-Système, aux candidats à sa succession et autres babioles qu'on espère aussi corrompues que lui, implique quasi-directement que le TTIP/TAFTA, frère-siamois du TPP pour l'Europe, est conçu selon le même dessein (TTIP-TPP comme moyen d'hégémonie du système de corruption de l'américanisme relayant le Système sur le bloc-BAO dans toute son extension, et sur le monde cela va de soi). Cette logique s'oppose d'une façon grossière à la façon dont Obama avait plaidé, deux semaines plus tôt à Londres, contre le Brexit et pour le TTIP, au motif que le traité serait extrêmement favorable au Royaume-Uni et à l'Europe. Mais les termes employés par Obama étaient suffisamment ambigus et suffisamment anglicisés pour nous en apprendre plus sur cette visite et sur ce qu'elle dissimulait à peine...

tafta
Obama aimerait bien, avant de laisser sa place à son successeur, imposer un accord ou pré-accord substantiel sur l'accord dit de libre-échange entre les États-Unis et l'UE baptisé TTIP (Transatlantic Trade and Investment Partnership), également connu sous le nom TAFTA.

Historiquement, le libre échange a toujours été une escroquerie. L'histoire de Venise et de l'Empire britannique démontrent de façon incontestable que le mot n'est qu'un terme trompeur derrière lequel se cache une volonté de colonisation politique qu'imposent les puissants à leurs victimes. Aux derniers, les puissants font croire qu'ils y gagneront en emplois alors que tous les chiffres démontrent exactement le contraire.

Après l'échec de l'OMC, c'est par des accords bilatéraux que les libre-échangistes tentent de reprendre la main. La seule chose qui change, c'est qu'au lieu d'abaisser des tarifs douaniers, ce qui est sur la table avec le TTIP, c'est l'harmonisation des normes. Et puisque les normes engagent des secrets professionnels, les négociateurs ont obtenu l'opacité absolue sur le contenu des discussions.

C'est d'ailleurs pour cela que nos gouvernements « démocratiquement élus » ont donné mandat à la Commission européenne de négocier avec les États-Unis dans le secret le plus absolu... Certes, les textes des négociations en cours sont accessibles au happy few. Pour les consulter, ils doivent se rendre dans un bâtiment de haute sécurité à Bruxelles. Sur place, et nulle part ailleurs, sous la surveillance des gardiens, ils ont le droit de survoler les textes mais sans prendre la moindre note. Assez semblable aux procédures imposées aux membres du Congrès américain souhaitant lire « les 28 pages » sur les attentats du 11 septembre...

C'est à cause de tout cela et plus encore que Jacques Cheminade et S&P se sont dès le début opposés au TTIP. Ainsi, nous ne pouvons que nous réjouir aujourd'hui que le gouvernement français, peu importe ses raisons, affirme vouloir (enfin) s'y opposer, en espérant qu'il ne s'agit pas là d'une énième posture de négociation...

De part et d'autre de l'Atlantique, l'hostilité de l'opinion publique est très majoritaire : à peine 15 % des Américains et 17 % des Allemands pensent que c'est « une bonne chose », selon un sondage de la Fondation Bertelsmann. Et grâce à d'innombrables mobilisations citoyennes, des milliers de villes et de communes européennes se sont déjà déclarées symboliquement « hors TAFTA ».

Du CETA au TTIP

Ce qui avait donné espoir à Obama, ce fut la signature malheureuse d'un traité tout aussi néfaste entre l'UE et le Canada, le CETA (Comprehensive Economic and Trade Agreement), conclu en septembre 2014 à Ottawa entre le premier ministre canadien Stephen Harper et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, et test grandeur nature du TTIP.

Si tout semblait aller pour le meilleur des traités possibles, lorsque les gouvernements ont fini d'en découvrir le contenu, le traité CETA a rapidement provoqué un tollé, en particulier le chapitre sur le mécanisme dit Investor-State Dispute Settlement (ISDS), qui prévoit un règlement des différends entre les entreprises et les États par l'instauration de tribunaux d'arbitrages privés.

Ce mécanisme incarnait autant un changement de paradigme qu'Uber incarne l'inversion des normes dans le domaine du droit du travail. Car, le mécanisme ISDS n'ambitionne plus de protéger les citoyens d'États souverains, mais vise à protéger « d'abus de droit perpétrés par les États » les investisseurs internationaux là où ils s'installent...

Par exemple, si un pays interdit le tabac, les cigarettiers étrangers qui ont investi dans le pays en question, pourront poursuivre ce dernier pour avoir porté tort à leurs investissements et réclamer des indemnisations. Et si une commune française attribue une subvention à une entreprise X pour venir s'installer sur son territoire, ses concurrents Y, Z, etc. pourront poursuivre la collectivité en question pour atteinte au sacro-saint principe de la concurrence « libre et non-faussée ».

La bonne nouvelle, c'est que depuis l'accord initial sur le CETA, plusieurs gouvernements, dont la France et l'Allemagne, ont obtenu une révision de ce chapitre, menaçant de ne pas ratifier le CETA et d'empêcher son entrée en vigueur.

Le compromis trouvé est une usine à gaz effroyable, un nouveau système quasi-public baptisé ICS, pour « Investment Court System », supposé plus transparent et plus stable mais dont le seul but est de faire oublier les très controversés tribunaux d'arbitrage privés ISDS. L'UE et le Canada tardent à spécifier les modalités de la nouvelle approche et aucune date pour sa mise en fonction n'existe. Dur, dur, dans ce cas, de servir de « modèle » au TTIP d'Obama !

Adieu AOC !

L'autre sujet où un désaccord majeur empêche tout accord sur le TTIP, d'après les documents révélés par Le Monde dimanche 1er mai, la non-reconnaissance outre-Atlantique des appellations d'origine contrôlée (AOC) françaises ou leur équivalent européen (AOP, « P » pour « protégée »).

En France, le code de la propriété industrielle est sans ambiguïté en la matière : un nom de produit (par exemple le champagne, le roquefort, etc.) « ne peut être adopté comme marque [...] s'il existe un risque de confusion avec une appellation d'origine protégée ». Aux États-Unis, seule une marque déposée par une entreprise ou un acteur privé peut être reconnue ou protégée. Ainsi, du « jambon de Parme », pourtant protégé en Europe, ne peut être vendu en Amérique du Nord sous le nom de « jambon original » car « jambon de Parme » est déposée par une entreprise... canadienne.

Là aussi, tout « compromis » serait un désastre, en particulier pour l'agriculture française pour qui la montée en gamme vers des origines protégées est une porte de sortie de crise.

Or, alors qu'en Europe, on recense 1510 origines protégées, rien que l'accord CETA n'en accepte que 173 (dont 42 AOP françaises) ! C'est seulement pour quelques produits, comme la féta grecque ou la Nürnberger Bratwürste (saucisse de Nuremberg, en Allemagne), que le Canada s'engage à respecter un étiquetage clair pour distinguer ses produits de ceux importés d'Europe.

Arme de guerre

En vérité, comme le suggère implicitement Jean-Pierre Robin dans Le Figaro du 26 avril, tous ces traités n'avouent pas le véritable but qu'ils recherchent : celui de la domination géopolitique de cartels financiers d'un monde transatlantique en déclin sur celui des émergents, c'est-à-dire surtout la Chine, l'Inde et la Russie.

Jean-Pierre Robin :
« Nous voilà revenus aux premières heures de la guerre froide, en 1949, quand l'Europe et l'Amérique du Nord négociaient l'Otan (Organisation du traité de l'Atlantique Nord). Sauf que cette fois il ne s'agit pas d'affaires militaires mais de relations commerciales entre les États-Unis et l'UE (...) Lorsque deux partenaires négocient un contrat, c'est moins pour l'intérêt réciproque qu'ils se manifestent que vis-à-vis des autres. Erga omnes, disent les juristes. En l'occurrence, le TTIP vaudrait avant tout comme un instrument commercial offensif vis-à-vis des autres nations, notamment la Chine, mais pas seulement. C'est l'argument majeur que Barack Obama est venu développer mezza voce à Hanovre (...) L'UE et les États-Unis constituent à eux deux 45 % de la richesse mondiale et du commerce international. Or l'objectif prioritaire du TTIP n'est pas d'abaisser les droits de douane, qui l'ont déjà été substantiellement, que de créer des normes techniques communes. (...) À partir du moment où les deux puissances économiques les plus avancées de la planète se mettent d'accord pour harmoniser leurs normes, en matière de santé et d'environnement entre autres, il y a alors de fortes chances pour que celles-ci s'imposent de facto au reste du monde. »
La France ?

Le 14 avril, lors de son émission spéciale de France2, le président français s'est montré réservé en disant que « La France peut toujours dire non ».

Et au lendemain de la divulgation de documents révélant l'avancée des discussions sur le TTIP, Hollande a précisé, mardi 3 mai, que « la France, à ce stade » des négociations disait « non », car « nous ne sommes pas pour le libre-échange sans règle ». Et il a ajouté : « Jamais nous n'accepterons la mise en cause des principes essentiels pour notre agriculture, notre culture, pour la réciprocité pour l'accès aux marchés publics. »

Engagement réel, manœuvre électorale ou posture de négociation ? Comme après le discours du Bourget, nous le jugerons sur les actes.