Commentaire : Une société sans cash, pour une domination de l'État presque sans faille. « Presque » dirons-nous : viendront ensuite, en même temps, déjà (?), la conquête de nos assiettes, et donc de notre estomac, pour enfin, la technologie aidant, entrer de plein pied dans la guerre de la pensée, dans un domaine ou se concentre toutes les ultimes résistances.

Pour en revenir à l'argent et concevoir qu'il peut exister un « autrement » :
Q : L'argent existe-t-il dans le postimpérialisme ?

R : Oui, mais son utilisation est limitée au commerce. Son accumulation est limitée et il ne peut servir à la spéculation. Il existe une seule monnaie indexée sur l'or dans le monde entier. Les États ont le droit exclusif de créer de l'argent et de le prêter sans intérêt aux communautés. Les communautés prêtent aux entreprises à taux 0. Les entreprises n'ont pas à payer d'intérêts, parce qu'elles profitent à la communauté via la valeur ajoutée, la création d'emplois et les impôts. Ici, nous établissons simplement un système monétaire tel qu'il existait avant l'émergence de la finance internationale et de la spéculation. L'argent n'est pas une fin mais un moyen. Ce n'est rien de plus qu'un intermédiaire permettant de fluidifier l'échange des biens et services.

Q : Le troc est-il pratiqué ?

R : Oui. Les transactions instantanées et locales ne requièrent pas le recours à l'argent. Ces transactions sont monnaie courante, puisque le commerce local (au sein d'une communauté ou entre communautés voisines) est fortement encouragé. Cela réduit la pollution et les délais.

cash
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Les gouvernements prétendent lutter contre le cash pour combattre la criminalité et renforcer notre sécurité. Pourtant, la disparition du cash aura un effet inverse à celui qui est officiellement attendu. L'argent liquide est devenu la hantise des gouvernements assoiffés de contrôle. Il ne se passe plus un seul jour sans que l'on trouve de nouveaux arguments pour le bannir de nos sociétés. Un des prétextes à la mode est la lutte contre l'économie informelle et la criminalité qui lui serait associée. Évidemment, la menace terroriste profite à tous les opportunistes désireux d'utiliser nos peurs pour étendre sur nos frêles épaules la "protection" de l'État sécuritaire. Lutter contre les marchés noirs serait un enjeu de sécurité. La stratégie de la bureaucratie consiste ici à entretenir les confusions pour fabriquer notre consentement à notre propre servitude.

L'économie informelle nuit-elle à notre sécurité ?

Les marchés noirs sont associés à la criminalité alors que l'économie informelle recouvre des réalités très diverses. On y trouve certes des activités proprement criminelles et improductives qu'il faut combattre (traite d'humains, tueurs à gage...) mais également des transactions pacifiques qui concernent des gens qui ne s'embarrassent pas toujours de rapporter leurs moindres faits et gestes à aux U.R.S.S.A.F. : l'étudiant qui fait du baby-sitting ou du soutien scolaire pour arrondir ses fins de mois, le gosse qui tient un stand de limonade...

Je ne suis pas certain que donner à la bureaucratie le pouvoir de traquer nos moindres faits et gestes renforce notre sécurité. La sécurité se définit comme la possibilité de jouir de nos droits contre toute interférence criminelle qui viendrait les violer. Un acte criminel au sens strict peut se définir comme le fait de porter atteinte - par la force ou par la ruse - aux droits, à la personne ou aux biens d'autrui.

Répression collective contre responsabilité individuelle
On ne renforce pas la sécurité collective en substituant à la criminalité privée une criminalité publique plus large, mieux institutionnalisée et donc par définition plus dangereuse. Nous priver de l'exercice de nos droits sous prétexte que quelques mafieux utilisent des moyens ordinaires pour commettre des méfaits revient donc à détruire notre sécurité. Va-t-on bannir les téléphones jetables sous prétexte qu'ils constituent un moyen de communication également plébiscité par quelques brigands ?
La répression n'est utile que lorsqu'elle est ciblée, individualisée. C'est le sens de la responsabilité personnelle : répondre des conséquences de ses propres actes et non des conséquences des actes d'autrui.

L'existence du cash permet de réduire la criminalité

L'argent liquide réduit la criminalité. Vous ne me croyez pas ? La criminalité, comme on l'a dit plus tôt, se définit comme le fait de porter atteinte aux droits, à la personne ou aux biens d'autrui. Les espèces réduisent les pouvoirs des États qui disposent du monopole de la contrainte légale, autrement dit, du monopole de la violence légale sur une population et un territoire particuliers.

Il ne s'agit là que d'une simple observation. La séparation des pouvoirs, tout comme les autres garde-fous institutionnels puise justement sa nécessité dans le fait que les États sont des organisations fondamentalement dangereuses pour notre sécurité et nos droits si nous ne limitons pas leurs pouvoirs.

Le cash fait partie de ces précieux garde-fous qui limitent le pouvoir des États. Dans un monde où la vie privée est de plus en plus difficile à sauvegarder, il constitue un des rares instruments disponibles pour garantir un certain degré d'anonymat permettant de protéger nos libertés et nos biens.

Le cash et l'économie informelle : des contre-pouvoirs indispensables

En permettant de dissimuler nos transactions aux radars des bureaucrates, l'économie informelle agit comme une forme de contre-pouvoir pour échapper à une ingérence excessive des États dans nos vies. C'est une sorte de thermomètre : le signal que les citoyens cherchent à esquiver des réglementations et des prélèvements obligatoires qui grèvent leurs activités productives. Ce signal est précieux pour réguler les incitations politiques. Il indique que les gouvernements, s'ils veulent continuer à vivre à nos dépens, doivent baisser la pression fiscale et réglementaire.

L'absence de cash signifierait la mort de ce contre-pouvoir qu'est l'économie informelle. Il induirait une économie prisonnière des infrastructures bancaires centralisées. Cela donnerait aux États un pouvoir de facto absolu sur nos échanges, et donc nos vies.
"C'est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser" avertissait Montesquieu.
Le cash et l'économie informelle ne constituent pas la principale menace qui pèse sur notre sécurité. L'abus de pouvoir, en revanche, si...