Si les cétacés s'échouent parfois en groupe, ce ne serait pas toujours à cause d'un « leader malade » ou des sonars militaires. La raison pourrait être céleste : cela serait aussi dû aux éruptions solaires. Explications.


Commentaire : Il était plus que temps que ce paramètre solaire soit pris en compte dans l'analyse des causes (certainement multiples) des échouages massifs de baleines - mais aussi d'autres mammifères marins, poissons et crustacés - dont nous sommes témoins ces dernières années tout autour du monde.

Et qu'en est-il des raisons avancées pour expliquer leur augmentation ? Ce que l'on sait, c'est qu'une 6e extinction est en cours... et que 11 000 espèces animales menacées dans le monde, une espèce de mammifère sur quatre, un oiseau sur huit et plus d'un amphibien sur trois étaient menacés d'extinction mondiale dès 2014... Nous, êtres humains et moins humains faisons partie intégrante de cette extinction.


Echouage baleines pilote Nouvelle-Zélande
© Sott.netFévrier 2017 - Des centaines de baleines pilotes sont mortes dans un échouage massif en Nouvelle-Zélande, le plus grand jamais vu là-bas. Malgré les efforts de la population locale, la plupart des baleines sont mortes.
Ce qu'il faut retenir
  • En se basant sur 29 échouages de cachalots survenus en l'espace de quelques semaines dans la mer du Nord, des chercheurs concluent que l'inexpérience des jeunes, essentielles victimes, serait à l'origine de ces évènements. Les perturbations magnétiques engendrées dans les hautes latitudes par les tempêtes solaires pourraient expliquer de telles erreurs de navigation.
  • En effet, si les cétacés ont bien un sens du magnétisme et s'ils utilisent bien une sorte de topographie magnétique pour se repérer, alors il est possible que les tempêtes solaires soient la cause de certains échouages. Reste à vérifier, ce que compte faire la Nasa.
les deux éruptions solaires survenues le 6 septembre 2017
© Nasa, GSFC, SDOSur cette animation, on peut voir les deux éruptions solaires survenues le 6 septembre 2017.
Dans la longue quête des causes d'échouages collectifs de cétacés, la dernière possibilité est sûrement la plus originale. Publiée dans la revue International Journal of Astrobiology, elle situe l'origine du phénomène dans le Soleil et ses colères. L'hypothèse n'est, pour l'instant, étayée par aucune preuve, seulement basée sur de bons arguments de l'équipe allemande de l'université Christian-Albrecht de Kiel. Klaus Heinrich Vanselow et ses collègues ont étudié de près une série de 29 échouages de cachalots (Physeter macrocephalus), uniquement des mâles et surtout des jeunes, survenus en mer du Nord entre fin janvier et début février 2016 sur les côtes d'Allemagne, des Pays-Bas et du Royaume-Uni.

Venus de la mer de Norvège, ces cétacés faisant route vers l'ouest auraient dû rejoindre l'Atlantique nord. Au lieu de cela, ils ont viré sur leur gauche et sont venus buter sur les côtes européennes. Les chercheurs n'indiquent pas de coïncidence précise avec une forte tempête solaire (il y a bien eu une éjection de masse coronale le 10 janvier 2016) mais s'appuient surtout sur un précédent travail de Klaus Heinrich Vanselow et Klaus Ricklefs. Publié en 2005, celui-ci montrait une corrélation statistique de 1712 à 2003 entre l'activité solaire et les échouages de cachalots.

Les anomalies magnétiques tromperaient les cétacés

Dans cette nouvelle publication, l'équipe revisite cette hypothèse à la lumière des échouages de 2016. En bombardant la Terre de particules chargées au niveau des hautes latitudes, les tempêtes solaires engendrent de belles aurores polaires mais aussi des anomalies magnétiques temporaires. Or, insistent les auteurs, les dimensions de ces anomalies sont du même ordre de grandeur - 50 à 100 kilomètres - que celles dues aux structures géologiques formant l'océan et leurs amplitudes sont voisines aussi. En un point donné, elles correspondent à un décalage apparent en latitude qui peut atteindre 460 km. Comme elles durent environ une journée (un délai durant lequel les cachalots parcourent en moyenne 100 km), ces anomalies magnétiques peuvent être une cause d'erreurs de navigation.


Le fait que les individus échoués soient tous des mâles est logique car les femelles ne viennent pas, comme eux, s'alimenter dans les hautes latitudes. En revanche, il n'y a aucune raison pour qu'il y ait surtout des jeunes. C'est que, avancent les chercheurs, ils n'ont pas encore l'habitude de ces régions et de ces bizarreries fluctuantes de leur paysage magnétique.

Bien sûr, tout cela est spéculatif. Le sens du magnétisme chez les cachalots reste une hypothèse, de même que leur utilisation d'une topographie magnétique, qui leur permettrait de reconnaître les lieux où ils se trouvent. L'idée, cependant, est plausible. À la Nasa, Antti Pulkkinen, spécialiste de la physique du Soleil, a monté une équipe pour étudier de plus près la corrélation entre les tempêtes solaires et les échouages de cétacés. On en saura sans doute plus d'ici quelque temps. Et peut-être bientôt puisque ce mois-ci est survenue une très forte éruption solaire...