Radio-Canada apprend que les employés de Service Canada, point d'accès unique vers l'administration, devront « utiliser un langage neutre au niveau du genre ». Finies les expressions comme «madame », « monsieur », « père » et « mère ». Décadence ou progrès ?

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© CHRIS WATTIE / POOL Source: AFPLe ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social Jean-Yves Duclos, à gauche
C'est une nouvelle mesure inclusive que vient d'instituer le Canada. Après avoir réécrit les paroles de son hymne (en remplaçant des termes comme « fils » par « tous ») ou instauré administrativement le genre « neutre » pour ceux (ou celles) qui le désirent, le gouvernement s'est lancé dans une nouvelle réforme sémantique.

Ainsi, Radio-Canada a obtenu copie d'une note destinée aux gestionnaires et chefs d'équipe qui doivent passer consigne aux personnels d'administration. La note précise ainsi le nouveau vocabulaire à employer. Ainsi la relation client ne devra plus débuter par « madame » ou « monsieur ». Les fonctionnaires s'adresseront aux administrés par leur nom complet ou leur demander de « quelle façon ils préfèrent que l'on s'adresse à eux ». Quant aux termes « père » et « mère », il faudra dorénavant leur préférer le simple « parent ».

Le ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social Jean-Yves Duclos, responsable de Service Canada, précise que, malgré tout, si le client le souhaite, il pourra toujours se faire appeler par « monsieur » ou « madame », le langage neutre étant, selon lui, une marque de respect.


Le service communication de Service Canada estime que ces ajustements étaient nécessaires pour « s'adapter aux réalités du XXIe siècle ».


Commentaire : Plutôt imposer une nouvelle façon d'utiliser le langage. Donc de penser, donc de définir les êtres humains.




Commentaire : Répondre aux attentes de la clientèle ? On parle clients, ici ? Consommateurs ? De quels "clients" s'agit-il ? Le langage est un miroir, il faut faire attention à ce qu'on dit et les mots qu'on utilise quand on exprime une idée.


Toutefois, des fonctionnaires, qui se sont déjà aventurés dans la pratique, ont été confrontés aux premières limites du dispositif : « Certains clients se sentent moins respectés », a fait savoir l'un d'eux sous couvert d'anonymat, dont les propos ont été relayés par Radio-Canada. « Des personnes d'un certain âge s'attendent à ce que nous soyons polis. Là, il faut les appeler par leur prénom et leur nom, et ça, ça les chicote», poursuit-il.

Et cette nouvelle langue a provoqué quelques imbroglios, selon ce fonctionnaire : « Ça nous arrive de parler à des gens et de dire : "Quel est le nom de votre parent numéro 1?" Et on a droit à des silences, les gens ne comprennent pas. »

Désormais, le service informatique de Service Canada doit aussi modifier les formulaires et les différents systèmes pour que les termes de l'ancien monde soient remplacés par ceux du monde d'un genre nouveau.