La cour de cassation de Rome a jugé que des circonstances aggravantes ne pouvaient pas être retenues contre les participants à un viol collectif car la victime avait volontairement consommé de l'alcool. Une décision qui provoque un tollé en Italie.
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Une décision jugée controversée de la cour de cassation de Rome a déclenché de vives protestations en Italie, rapporte le Guardian le 17 juillet. Devant se prononcer sur une affaire de viol collectif remontant à 2009, pour laquelle deux quinquagénaires avaient été condamnés à trois ans de prison, les juges ont statué que des circonstances aggravantes ne pouvaient être retenues à l'encontre des violeurs car la victime était, de son plein gré, sous l'emprise de l'alcool.

Le code pénal italien retient des circonstances aggravantes lorsqu'un violeur a volontairement administré un stupéfiant ou forcé la victime à boire pour faire baisser son niveau de vigilance.

Une prise d'alcool volontaire de la victime ne constitue pas une circonstance aggravante, selon les juges

Les associations féministes et la sphère politique ont vivement réagi, dénonçant un véritable retour en arrière. Alessia Rotta, du Parti démocratique (centre gauche) a déclaré : « Cette décision de la cour suprême nous ramène des décennies en arrière... C'est un verdict qui risque d'annuler des années de combat. »

En 2009, les deux hommes, qui connaissaient la victime, avaient dîné avec elle et le trio avait consommé de l'alcool. Puis les agresseurs avaient conduit la femme dans une chambre et l'avaient violée. Les deux agresseurs avaient été acquittés en première instance par le tribunal de Brescia, dans le nord de l'Italie en 2011, les propos de la victime après le viol n'ayant pas été jugés suffisamment fiables. Toutefois en cour d'appel, les deux hommes avaient été condamnés à trois ans de prison, car un certificat médical avait été produit, montrant que la victime avait tenté de se défendre durant l'assaut.

Alors que cette décision jugée rétrograde et dangereuse pour les femmes fait polémique en Italie, l'Espagne a quant à elle décidé de modifier sa législation dans un sens totalement inverse. Un scandale lié à la faiblesse des condamnations dans une affaire de viol collectif en 2016 avait provoqué des manifestations monstres. La loi espagnole statuera désormais qu'un rapport sexuel sera considéré comme un viol s'il n'y a pas « consentement explicite » de la victime. Les femmes violées n'auront plus à prouver qu'elles se sont défendues ou ont hurlé, ce qui pourrait au moment de l'acte, mettre leur vie en danger.