Sous prétexte de lutte contre la « propagande » russe, le Conseil de l'UE a annoncé ce 17 mai l'interdiction de diffusion de quatre nouveaux médias, dont trois russes. Annonçant que des représailles seraient prises, la porte-parole de la diplomatie russe a dénoncé une « purge » à l'encontre de « tout point de vue alternatif aux récits occidentaux ».
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Maria Zakharova
Les sites de l'agence de presse RIA Novosti ainsi que des journaux Izvestia et de Rossiyskaya Gazeta ne pourront plus être consultés depuis le territoire européen. Telle est la décision annoncée ce 17 mai par le Conseil européen, deux jours après le feu vert des ambassadeurs des Vingt-Sept. Quatrième média interdit, le site Voice of Europe. Jusqu'a récemment basé en République tchèque, celui-ci était dans le collimateur de Prague.

« Ces médias sont sous le contrôle permanent direct ou indirect des autorités de la Fédération de Russie et ont joué un rôle essentiel dans le soutien à la guerre d'agression de la Russie contre l'Ukraine et à la déstabilisation des pays voisins », a affirmé le Conseil dans un communiqué. Voice of Europe, RIA Novosti, Izvestia et Rossiyskaya Gazeta : des médias qui « diffusent et soutiennent la propagande russe, ont été utilisés pour manipuler des informations sur l'agression militaire contre l'Ukraine », a justifié le Conseil dans un tweet.

« Nous considérons cette mesure de l'UE comme une continuation de la pratique de la censure politique, une purge totale de l'espace informationnel de tout point de vue alternatif aux récits occidentaux », a dénoncé ce 17 mai la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova.

La diplomate avait averti, le 15 mai, que des mesures de représailles seraient prises à l'encontre des médias européens en Russie si un tel interdit venait à être décrété par Bruxelles. Dans la foulée, la Commissaire européenne chargée des Valeurs et de la Transparence, Véra Jourova, avait annoncé sur X (ex-Twitter) que les ambassadeurs des Vingt-Sept s'étaient entendus pour ajouter à la liste des sanctions « quatre réseaux de propagande liés au Kremlin ».

« Un autre exemple de la dégénérescence des sociétés démocratiques » en Occident

Pour la diplomate, il s'agit d'une nouvelle « preuve » du « mépris » des Européens « à l'égard de leurs obligations internationales en matière de garantie du pluralisme des médias » ainsi qu'un nouvel « exemple » de la « dégénérescence des sociétés démocratiques » dans les pays occidentaux.

« Nous avons averti à plusieurs reprises à différents niveaux que le recours à des mesures répressives par l'Union européenne et ses États membres contre les médias russes et leurs employés ne passerait pas inaperçu », a-t-elle poursuivi. « Ignorer ces avertissements nous oblige à prendre des contre-mesures qui suivront inévitablement », a ajouté Maria Zakharova, tenant pour responsable l'UE et les chancelleries européennes ayant soutenu la mesure d'interdiction.

Fin février 2022, dans la foulée du déclenchement de l'opération russe en Ukraine, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait annoncé que les médias publics RT et Sputnik « et leurs filiales » allaient être « interdits » de diffusion au sein de l'Union, afin d'« interdire leur désinformation toxique et nuisible en Europe ».

Quelques jours plus tard, le Conseil de l'Union européenne concrétisait cette suspension « d'urgence », accusant RT et Sputnik de faire la « propagande » des autorités russes. Une première, dans la mesure où ces médias n'avaient pas violé la moindre règle de diffusion. Fin janvier 2023, RT France était contraint à la fermeture à la suite du gel de ses comptes bancaires par les autorités françaises, lui-même conséquence du neuvième paquet de sanctions ayant visé la maison-mère de RT, Ano TV Novosti.