OF THE
TIMES
« J'ai le droit de jouir de ton corps, dirai-je à qui me plaît, et ce droit, je l'exercerai, sans qu'aucune limite m'arrête dans le caprice des exactions que j'aie le goût d'y assouvir.»
Marquis de Sade1
« Vint enfin un temps où tout ce que les hommes avaient regardé comme inaliénable devint objet d'échange, de trafic et pouvait s'aliéner. C'est le temps où les choses mêmes qui jusqu'alors étaient communiquées, mais jamais échangées ; données mais jamais vendues ; acquises, mais jamais achetées - vertu, amour, opinion, science, conscience, etc., - où tout enfin passa dans le commerce. C'est le temps de la corruption générale, de la vénalité universelle, ou, pour parler en termes d'économie politique, le temps où toute chose, morale ou physique, étant devenue valeur vénale, est portée au marché pour être appréciée à sa plus juste valeur.» Karl Marx.2Pour Sade, l'homme a le droit de posséder autrui pour en jouir et satisfaire ses désirs ; les femmes et les enfants sont réduits à des objets, à des organes sexuels et, comme tout objet, ils sont interchangeables et, par conséquent, anonymes, sans individualité propre. Ils sont instrumentalisés pour que le dominant puisse assouvir ses fantasmes d'asservissement. « Sa société idéale réaffirmait ainsi le principe capitaliste selon lequel hommes et femmes ne sont, en dernière analyse, que des objets d'échange. Elle incorporait également et poussait jusqu'à une surprenante et nouvelle conclusion la découverte de Hobbes, qui affirmait que la destruction du paternalisme et la subordination de toutes les relations sociales aux lois du marché avaient balayé les dernières restrictions à la guerre de tous contre tous, ainsi que les illusions apaisantes qui masquaient celle-ci3. » Il en résulte que le plaisir se confond avec le viol, l'agression et le meurtre. Dans une société, qui n'a d'autre culte que l'argent, aucune limite n'est imposée à la poursuite du plaisir, à la satisfaction immédiate de n'importe quel désir. Qu'il soit pervers ou criminel n'importe guère. Car, se demande Christopher Larsh, « comment condamner le crime ou la cruauté, sinon à partir de normes ou de critères qui trouvent leurs origines dans la religion, la compassion ou dans une conception de la raison qui rejette des pratiques purement instrumentales ? Or, aucune de ces formes de pensée ou de sentiment n'a de place logique dans une société fondée sur la production de marchandises4. »