© Inconnu
Pourquoi le connard est-il si irritant alors que le mal qu'il cause est souvent mineur ? Parce qu'il dénie notre désir de reconnaissance.Surfant sur la vague de l'opuscule philosophique mi-sérieux mi-drôle (ou plutôt : traitant sérieusement d'un sujet à première vue saugrenu) comme le célèbre
On Bullshit de Harry G. Frankfurt ou le récent
Art of Procrastination de John Perry, Aaron James nous livre avec
Assholes: A Theory une analyse d'un phénomène somme toute assez peu étudié : le connard (ma traduction de l'anglais "
assholes", même si celui-ci se traduit plus littéralement par "trou-du-cul" - j'espère que ce choix apparaîtra comme justifié à la lecture de ce qui suit ).
Le paradoxe du connardEn effet, loin d'être un simple terme générique à caractère fortement dépréciatif, le mot "connard" réfère à un phénomène particulier et finalement paradoxal. Contrairement à la brute, au voleur, ou encore meurtrier, le mal imposé par le connard est généralement léger, qu'il nous grille la priorité dans une file d'attente ou nous coupe la parole au milieu d'une discussion. Et pourtant, le connard suscite des réactions épidermiques d'impuissance ou de rage dont l'ampleur ne saurait s'expliquer par le mal (souvent mineur) qu'il nous inflige. Bref, le connard nous pourrit la vie. Mais comment une personne dont le comportement, bien que fâcheux, a des conséquences bénignes, peut-elle déclencher un tel outrage ? C'est là le paradoxe du connard qui constitue le point de départ de l'enquête d'Aaron James.