Lybian fighter
© REUTERS/Esam Omran Al-FetoriUn membre de l'Armée nationale libyenne détient son arme lors d'affrontements avec des militants islamistes dans le district de Khreibish à Benghazi, en Libye.
Lorsque l'administration Obama a dirigé une intervention militaire de l'OTAN en 2011 pour le compte des rebelles qui cherchaient à renverser le dictateur libyen Mouammar el-Kadhafi, il y avait un optimisme considérable quant au fait que cette initiative produirait un pays bien plus prospère. Bien que les responsables américains et les médias grimés en pom-pom girls, aient reconnu qu'il restait d'importants défis à relever pour une Libye post-Qadhafi, ils faisaient valoir que le résultat pourrait difficilement être pire que le statu quo oppressif. Les événements survenus au cours des six dernières années ont montré de façon spectaculaire que leurs hypothèses étaient parfaitement fausses. La Libye est maintenant un foyer de troubles et de radicalisme islamique.

Alors que le régime de Kadhafi s'étiolait, l'optimisme dans les milieux politiques et journalistiques américains était omniprésent. "Tripoli échappe à un tyran" déclarait le président Obama en août 2011. "Le peuple libyen montre que la quête universelle de dignité et de liberté est bien plus forte que la main de fer d'un dictateur." Les sénateurs John McCain et Lindsey Graham ont été tout aussi satisfaits et enthousiastes. "La fin du régime de Kadhafi est une victoire pour le peuple libyen et la cause plus vaste qui est celle de la liberté au Moyen-Orient et dans le monde", ont-ils conclu. Les deux sénateurs, ainsi que leurs collègues républicains Mark Kirk et Marco Rubio, ont lancé lors d'une visite à Tripoli "libéré" que les rebelles avaient "inspiré le monde".

Dans ses remarques concernant la capture du dictateur et sa mort effroyable en octobre, Obama avait affirmé « l'ombre sombre de la tyrannie a été levée » en Libye. Il exhortait les citoyens de ce pays à « construire une Libye inclusive, tolérante et démocratique qui soit le rempart ultime » à l'ancien oppresseur. Ivo H. Daalder, ambassadeur des États-Unis auprès de l'OTAN, et l'amiral James Stavridis étaient tout aussi enthousiastes. Décrivant l'intervention comme « un travail extraordinaire, bien fait », ils l'ont qualifiée de « victoire historique pour le peuple libyen qui, avec l'aide de l'OTAN, a transformé son pays d'un paria international en une nation qui a le potentiel de devenir un partenaire productif avec l'Occident. »


Commentaire : Quel mensonge éhonté ! Sous Kadhafi, les Libyens avaient le niveau de vie le plus élevé d'Afrique. Toutes ses politiques appuyaient et amélioraient la vie de ses citoyens. L' « intervention humanitaire » occidentale n'a apporté que de la misère en Libye.

Une grande partie des médias américains sont intervenus pour parler de l'aboutissement glorieux de l'intervention des États-Unis et de l'OTAN. Le chroniqueur du New York Times Nicholas Kristof était euphorique sur la façon dont les gens qu'il rencontrait en Libye aimaient l'Amérique. "Les Américains ne sont pas souvent des héros dans le monde arabe, mais au fur et à mesure que se déroulent des célébrations ininterrompues ici dans la capitale libyenne, je rencontre des gens ordinaires qui apprennent d'où je viens et qui répète alors avec ferveur des variantes de la même phrase : « Merci, l'Amérique » ".

Il n'y avait que quelques voix dissidentes à la fête. Le journaliste Glenn Greenwald, écrivant dans la revue Salon, disait alors sa stupéfaction et sa consternation devant le manque de réalisme, voire le scepticisme quasi inexistant des décideurs politiques.
Je suis vraiment stupéfait de la volonté omniprésente de voir ce qui s'est passé en Libye comme une sorte de grand triomphe, même si pratiquement aucune des informations nécessaires pour arriver à cette conclusion n'est encore connue, y compris: combien de civils sont morts, combien d'effusions de sang il y aura, ce qui sera nécessaire pour stabiliser ce pays et, surtout, quel type de régime remplacera (Mouammar) Kadhafi ?
L'appréhension de Greenwald s'est avérée fondée. La Libye est rapidement devenue le terrain de jeu aussi bien pour les milices et les gouvernements rivaux. Écrivant en 2012, peu de temps après la mort de l'ambassadeur des États-Unis, Christopher Stevens ainsi que des autres victimes à Benghazi, Greenwald demandait :
"Combien de temps faudra-t-il attendre avant d'entendre dire qu'une intervention militaire en Libye est (encore) nécessaire, cette fois-ci pour contrôler les extrémistes anti-américains qui sont maintenant armés et puissants du fait de la première intervention ? Les interventions militaires américaines sont les plus aptes à garantir que de futures interventions militaires américaines seront toujours nécessaires."
Un peu plus de trois ans après, les Etats-Unis ont mené une nouvelle série de frappes aériennes pour empêcher l'établissement d'une tête de pont de l'État islamique (ISIS) dans la ville côtière méditerranéenne de Syrte. L'infiltration d'ISIS devenait déjà évidente à la fin de 2014 et au début de 2015. Un des premiers signes de la présence du groupe terroriste fut la décapitation massive de vingt et un chrétiens coptes égyptiens qui avaient émigré en Libye pour trouver du travail.

Traduction : Sott