Plantation de bananes, au Carbet, en Martinique. | AFP/PASCAL PAVANI
En principe, l'épandage aérien de pesticides est interdit en France. En principe seulement, car la circulaire du ministère de l'agriculture, publiée très discrètement le 5 mars, introduit de nombreuses exceptions. Intitulé "Liste des produits phytopharmaceutiques autorisés ou en cours d'évaluation pour les traitements par aéronefs", ce texte, "à diffusion limitée" et que Le Monde s'est procuré, fournit aux directions régionales et départementales de l'agriculture, aux directions des populations, aux services vétérinaires, la possibilité de délivrer des dérogations pour toute une série de fongicides, herbicides, insecticides destinés à traiter le maïs, le riz, la vigne et les bananiers.La circulaire risque de passer pour un feu vert et présagerait alors des conflits probables entre commanditaires de l'épandage, cultivateurs bio, apiculteurs, riverains, comme ce fut le cas dans plusieurs régions en 2011.
La loi Grenelle II du 13 juillet 2010, qui, dans son article 103, interdit la pulvérisation de ce type de produits depuis un avion, un hélicoptère ou un ULM, comporte elle-même une part d'ambiguïté puisqu'elle prévoit des dérogations. Mais restreintes: lorsque cette pratique "présente des avantages manifestes pour la santé et l'environnement par rapport à une application terrestre", lorsqu'il faut agir en urgence face à un danger qui menace les plantes, les animaux, la santé humaine, ce mode d'intervention peut se justifier "dans des conditions strictement définies par l'autorité administrative pour une durée limitée" et après avis de plusieurs commissions compétentes en matière d'environnement.