Les Maîtres du Monde
La réélection de Joe Biden dépend du succès de la plus importante campagne militaire menée par l'Occident depuis la Seconde Guerre mondiale, ce qui soulève la question de savoir comment les États-Unis réagiront en cas d'échec.
A rebours des médias occidentaux, nous avons fait le choix de lui donner la parole, non pas pour présenter et défendre une certaine vision du conflit, au risque de propagande - ce n'est pas et ne sera pas notre rôle - mais pour que cet autre point de vue permette de mieux éclairer toutes les facettes d'une guerre qui est aussi celle de l'information.
L'Éclaireur - Alors que la question se pose de la fin de la suprématie du dollar, vous dites que la guerre en Ukraine est non seulement la guerre du dollar mais qu'elle n'est pas la première...
Oleg Nesterenko - Je vois que vous faites allusion à mon analyse sur les guerres du dollar, publiée cela fait quelque temps. En effet, ce n'est pas la première, ni même la deuxième, mais la troisième guerre du dollar. La première, c'était la guerre contre l'Irak de Saddam Hussein. La deuxième, celle de la guerre contre la Libye de Kadhafi. Et la troisième, donc, contre Moscou sur le territoire de l'Ukraine, menée sur le territoire d'un État tiers, tout simplement parce qu'on ne peut pas mener la guerre contre les Russes directement chez eux. Et ce n'est que la guerre hybride et par procuration qui peut avoir lieu face à la Russie.
Oleg Nesterenko connait bien son sujet, lui qui, après avoir enseigné plus de dix ans en école de commerce en France, préside à Paris le Centre de commerce et d'industrie européen. Un centre de soutien et d'accompagnement africano-franco-russe, un peu à la manière des chambres de commerce et d'industrie, dont le cœur de métier est le conseil économique, mais aussi sécuritaire auprès des acteurs politiques et économiques. Ce n'est donc pas le Russe de la rue qui nous a répondu, mais un homme rompu aux affaires et à la politique internationale, et jusqu'en Afrique où il endosse parfois le costume de conseiller politique.
Oleg Nesterenko connait également bien l'Ukraine. Il a été le directeur exécutif d'un institut de recherche scientifique dans l'extrême-ouest du pays, une région pas vraiment russophile, où la mouvance ultra-nationaliste et néonazie est particulièrement active.
Ce qu'il nous dit là, décliné en trois volets, sur le passé, le présent et le futur tel qu'il le voit se dessiner, il dit le tenir de son expérience, de ses échanges et de sources parmi des hauts responsables à Moscou, mais aussi à Kiev, à Donetsk, en Crimée, au sein de l'armée russe comme dans l'armée ukrainienne.
Zbig Brzezinski, alors conseiller du président américain (1997), l'a dit sans ambages : « L'Eurasie est le plus grand continent de la planète, et l'Europe est la tête de pont indispensable de l'Amérique dans ce Heartland. Par conséquent, chaque fois que le champ d'action de l'Europe s'élargit, la sphère d'influence des États-Unis s'élargit également ». Et pour ce qui est de la domination de l'Eurasie, il a ajouté : L'Ukraine est l'État clé.
"L'utilisation d'emblème nazi par les troupes ukrainiennes- commente le NYT- risque d'alimenter la propagande russe et de diffuser des images que l'Occident a passées la moitié d'un siècle à essayer d'éliminer". Mais il ne s'agit pas seulement d'images.
En s'appuyant sur le travail d'intellectuel et de journaliste comme Georges Bernanos, Pierre Hilard, Pierre Jovanovic ou encore Thierry Thodinor, il nous démontre que nos belles démocraties libérales n'ont rien à envier à l'univers dystopique de 1984 ou du meilleur des mondes.
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Même s'il faut plaire à ses maîtres, il ne faut pas non plus taper trop fort du poing sur la table. En face, il y a quand même l'ours russe. Aussi est-il précisé qu'il ne s'agit pas d'une rupture des relations diplomatiques. « J'espère que les conditions nous permettront un jour d'avoir des relations normales et fructueuses avec la Russie, mais cela dépendra des décisions prises par le Kremlin. » En d'autres mots, « il ne tient qu'à vous ». Ou comment rejeter la faute sur l'autre.
Mardi 6 juin au matin, la destruction partielle du barrage de Kakhovka a déclenché des envois d'accusations mutuelles de la part de Kiev et de Moscou, mais un rapport produit par le Washington Post, remontant au mois de décembre 2022, apporte du crédit à la version des événements produite par le Kremlin. Cet article, paru sous le titre : Au sein de la contre-offensive ukrainienne qui a choqué Poutine et donné un nouveau tournant à la guerre, cite le major-général Andrey Kovalchuk, ex-commandant en chef de la contre-offensive de Kherson — au mois de novembre — qui avouait alors planifier ce crime de guerre :