Traduction copyleft de Pétrus Lombard pour Alter InfoLe grand écrivain Kurt Vonnegut a intitulé son dernier bouquin
A Man without a Country (Un homme sans pays). L'homme, c'est lui ; le pays, c'est la Zunie des Amériques. Vonnegut juge que son pays a foulé du pied ses lois et sa Constitution dans ce qu'il appelle « un coup d'État à la façon d'une mauvaise comédie de Keystone Cops [*] la plus sordide possible. » Il parlait de l'administration Bush. C'était le Vonnegut vivant encore à l'ère de l'après Bush, il ne se serait pas aperçu que son pays était de retour [? moi non plus, ndt].
[* Ndt : Les
Flics de Keystone était une série de comédies du cinéma muet avec un groupe de policiers franchement incompétents.]
Comment a disparu notre pays ? Vonnegut propose que, parmi les facteurs qui ont contribué, il a été envahi - comme par les Martiens - par des gens ayant une maladie mentale singulièrement scrogneugneu. Les gens atteints de cette maladie étaient qualifiés de psychopathes (on dit aujourd'hui trouble de la personnalité antisociale). Cette expression s'applique à des gens intelligents, sympathiques et attachante, mais dénués de conscience. Ils ne sont pas guidés par une bonne ou mauvaise raison. Ils semblent insensibles aux sentiments d'autrui, même par les élans de détresse dus à leurs actions. Outrepasser la manière convenable de traiter les gens, violer les codes de déontologie, ne provoque pas chez eux de l'anxiété, de l'angoisse faisant que les autres gens modèrent leurs impulsions les plus cupides. Si la plupart des enfants se sentent anxieux quand ils chapardent le bocal à biscuits défendus, le psychopathe se sent très bien. Il est capable de dévorer les cookies, de briser le bocal pour éliminer les preuves, et de le foutre à la poubelle. Accusé, il est capable d'affirmer avec une sincérité apparente que le bocal à biscuits a disparu depuis au moins une semaine. Il ne souffre d'aucun remords, d'aucun sentiment de culpabilité, ni de honte. Il est libre de faire n'importe quoi, quel que soit le degré de malfaisance.