Enfant de la SociétéS


Bad Guys

France : la fin des paysans et les soldats perdus de l'agriculture industrielle

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La France fut longtemps paysanne avant d'être industrielle. Nous sommes tous des paysans de souche et ce lien ancestral permet au monde agricole de bénéficier encore aujourd'hui d'une sympathie particulière lorsqu'il engage des actions revendicatives pour attirer l'attention des pouvoirs publics. Mais, derrière la bataille engagée aujourd'hui, une nouvelle fois, par nos éleveurs, se cachent les intérêts contradictoires de deux conceptions de l'agriculture et le combat ambigu de la FNSEA et de son président Xavier Beulin. Juchés sur leurs énormes engins agricoles, le plus souvent de marques étrangères, tandis qu'ils arborent des pancartes « Achetez français », noyés dans la fumée dégagée par des monticules de pneus enflammés, les ruraux du syndicat majoritaire ne sont plus des paysans mais les représentants d'un maillon de l'agro-industrie soumis à la mondialisation et à la concurrence libre des autres produits européens. Leurs difficultés s'apparentent finalement à celles que peuvent éprouver les salariés d'autres secteurs industriels car, bien que théoriquement indépendants, ils sont, dans les faits, tenus, enfermés, dans des liens de subordination particulièrement stricts et contraignants.

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Loi sur le renseignement : le gouvernement a désormais carte blanche

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© Inconnu
Le Conseil constitutionnel a rendu, jeudi 23 juillet, une décision historique par son mépris des libertés individuelles, du respect de la vie privée et de la liberté d'expression. Les « sages » ont choisi de faire l'économie d'une analyse réelle de la proportionnalité des lois de surveillance et démontré ainsi leur volonté de ne pas enrayer le jeu politique, pour finalement endosser le rôle de chambre d'enregistrement.

Communiqué commun de l'Observatoire des Libertés et du Numérique (OLN) (1)

Pourtant, le Conseil constitutionnel avait reçu de nombreuses contributions des organisations citoyennes, via la procédure de la porte étroite, appelant à une analyse en profondeur de la loi et une censure de nombreuses dispositions, à commencer par les trop nombreuses et trop larges finalités. Bien sûr, le Conseil constitutionnel donne les limites de chacune des finalités, en renvoyant aux différents articles des différents codes (pénal et de procédure pénale, de la défense et de la sécurité intérieure). Toutefois ces finalités restent si larges que toute « atteinte à l'ordre public », comme la participation à une manifestation, peut faire l'objet d'une technique de renseignement. Ainsi, il reviendra aux services de renseignement puis à la CNCTR de définir dans l'urgence ce qui entre dans le champ des finalités, sans aucun contrôle judiciaire.

Pistol

Des scientifiques mobilisés contre l'Intelligence Artificielle militaire

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© Sony PicturesUn exemple de l'armement extraterrestre utilisé dans le film District 9, réalisé par Neil Blomkamp
Les chercheurs et personnalités du monde scientifique se mobilisent pour faire interdire la guerre automatisée.

C'est une révolution cynique que pourrait constituer celle du recours aux armes de guerre autonomes. Tandis que nos sociétés utilisent les machines pour intervenir au service de l'humain, lui offrir plus de confort et le libérer de certaines tâches fastidieuses, le secteur militaire s'intéresse à l'intelligence artificielle pour opérer des actions militaires sans intervention humaine.

Et c'est bien ce qui affole le milieu scientifique et les milliers de personnalités signataires d'une lettre ouverte intitulée "Armes automatiques : lettre ouverte des chercheurs en robotique et en intelligence artificielle". Présentée à Buenos Aires (Argentine) le 27 juillet dernier lors d'une conférence internationale portant sur l'intelligence artificielle, cette lettre se présente comme une action de prévention contre la course à l'armement automatisé au niveau mondial, c'est-à-dire l'emploi de robots tueurs lors de frappes guerrières.

Commentaire: Traduction par Gérard-Michel Thermeau de « Autonomous Weapons : an Open Letter from AI & Robotics Researchers » pour Contrepoints :

« Les armes autonomes choisissent et frappent des cibles sans intervention humaine. Elles incluent, par exemple, des quadcopters armés qui peuvent rechercher et éliminer les personnes qui répondent à certains critères prédéfinis, mais ne comprennent pas les missiles de croisière ou drones téléguidés pour lesquels les humains prennent toutes les décisions de ciblage. La technologie de l'Intelligence Artificielle (IA) a atteint un point où le déploiement de ces systèmes est, pratiquement sinon légalement, faisable non dans les décennies mais dans les années à venir et les enjeux en sont élevés : les armes autonomes ont été décrites comme la troisième révolution dans la pratique de la guerre, après la poudre et les armes nucléaires.

De nombreux arguments ont été avancés pour et contre les armes autonomes, par exemple que le remplacement des soldats humains par des machines est positif en réduisant les pertes pour celui qui les utilise, mais mauvais puisqu'il abaisse ainsi le coût d'un engagement au combat. La question clé pour l'humanité d'aujourd'hui est de savoir s'il faut se lancer dans une course mondiale aux armements IA ou l'empêcher. Si une grande puissance militaire décide de développer de l'arme IA, une course mondiale aux armements est pratiquement inévitable, et le point d'arrivée de cette trajectoire technologique est évident : les armes autonomes deviendront les kalachnikovs de demain.

Contrairement aux armes nucléaires, elles ne nécessitent pas de coûteux investissements ou des matières premières difficiles à obtenir, aussi vont-elles devenir omniprésentes et bon marché pour toutes les puissances militaires susceptibles de les produire en masse. Ce ne sera qu'une question de temps avant qu'elles n'apparaissent sur le marché noir et entre les mains de terroristes, de dictateurs souhaitant un plus grand contrôle de leur population, de seigneurs de guerre voulant perpétrer un nettoyage ethnique, etc. Les armes autonomes sont idéales pour des tâches telles que les assassinats, la déstabilisation des nations, la soumission des populations et le massacre sélectif d'un groupe ethnique particulier.

Nous pensons donc que la course aux armements militaire IA ne serait pas favorable à l'humanité. Il existe de nombreuses façons grâce auxquelles l'IA peut sécuriser les zones de combats pour les humains, en particulier les civils, sans créer de nouveaux outils pour tuer des gens.

Tout comme la plupart des chimistes et des biologistes n'ont aucun intérêt à construire des armes chimiques ou biologiques, la plupart des chercheurs en Intelligence Artificielle n'ont aucun intérêt à construire des armes IA, et ne veulent pas que d'autres discréditent leur domaine ; ce faisant, ils créent la possibilité d'un rejet massif par le public de l'IA qui bloquerait ses futurs avantages sociétaux.

En effet, les chimistes et les biologistes ont largement soutenu les accords internationaux qui ont permis d'interdire les armes chimiques et biologiques, tout comme la plupart des physiciens ont soutenu les traités interdisant les armes nucléaires spatiales et les armes à laser aveuglantes.

En résumé, nous croyons que l'IA offre un grand potentiel pour le bénéfice de l'humanité dans bien des domaines, et que nous devons avoir pour objectif de le réaliser. Le lancement d'une course aux armements IA est une mauvaise idée, et doit être empêché par une interdiction des armes offensives autonomes sans contrôle humain significatif. »


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Royaume-Uni : 3 ans et déjà considéré comme un terroriste

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Le nombre de jeunes et enfants de moins de 18 ans surveillés par le programme Channel
Le programme britannique «Channel» qui vise à repérer les populations en voie de radicalisation terroriste a reconnu avoir fiché un petit garçon de 3 ans. Des dizaines d'autres d'enfants, de moins de 12 ans, seraient sous surveillance au Royaume-Uni.

484. C'est le nombre d'adolescents et d'enfants qui seraient dans le collimateur du programme national de lutte contre le terrorisme, Channel en 2015. 84 ont moins de 12 ans. Le plus petit n'en a que 3 !

Cet enfant que les autorités britanniques soupçonnent d'être en voie de radicalisation, habite la banlieue de Londres à Tower Hamlets. Il aurait été repéré en même temps que tous les membres de sa famille. Les écoles, les services sociaux, les services de santé sont habilités à signaler des suspects auprès du programme Channel. Selon certains enquêteurs de cette cellule de lutte contre le terrorisme, un dessin avec des bombes ou des armes ou un récit relatant un attentat à la bombe, peut conduire des enseignants à signaler le comportement de tel ou tel enfant.

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La nouvelle grande transformation

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© Inconnu
L'un des rares avantages des grandes crises est qu'elles nous aident à lever le voile par lequel le système cache et dissimule ses modes d'oppression. Dans ce sens, la crise que la Grèce vit peut être source d'apprentissages. Aussi je propose de nous laisser inspirer par le long chemin parcouru par Karl Polanyi après avoir écrit « La grande transformation » (1944). Pour comprendre l'ascension du nazisme et du fascisme il est allé aux origines du libéralisme économique, situées dans l'Angleterre de David Ricardo.

Le capitalisme de libre marché, les marchés non régulés, ont disloqué les relations sociales et détruit les communautés en soumettant les individus, arrachés de leurs peuples, à la faim et l'humiliation. Le fait de clôturer les champs - commencement de ce processus - a été une révolution des riches contre les pauvres, dit Polanyi. Après la Paix de Cent Ans s'est produite la désintégration de l'économie mondiale et « l'État libéral s'est vu remplacé dans de nombreux pays par des dictatures totalitaires » (Le Pic, 1997, p. 62).

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Suppression de l'argent liquide : bientôt le cas de l'Allemagne ?

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© Martijn Barendse, licence Creative CommonsMonnaies africaines
Norbert Walter-Borjans, ministre social-démocrate des Finances de la Rhénanie du Nord-Westphalie, a exprimé le week-end dernier son souhait de voir introduire une limite maximum de 3000 euros pour les paiements en cash, sous prétexte de lutte contre le crime et la « fraude » fiscale.

Mais le terme de « résistance fiscale » ne serait-il pas plus approprié que « fraude fiscale », étant donné l'étendue du racket institutionnalisé auquel doivent se préparer les citoyens ? La meilleure solution pour inciter les gens à déclarer leurs revenus serait tout simplement de réduire suffisamment la pression fiscale pour que s'acquitter de l'impôt ne soit plus perçu comme un fardeau, mais comme la juste contrepartie des services rendus par l'État.

Rappelons que la France et l'Italie ont déjà ramené cette limite de paiement en cash à seulement 1000 euros et que le Danemark envisage l'arrêt pur et simple de l'impression des billets d'ici 2016.

Nous assistons donc à une contagion de ce phénomène à l'échelle européenne, qui pourrait rapidement mener à la mise en place par Bruxelles d'une limite universelle pour l'ensemble des pays européens.

Si nous ne réagissons pas rapidement, nous allons tout droit vers une nouvelle forme de totalitarisme économique et politique, un monde où toute activité privée sera contrôlée et taxée par le gouvernement, en lien étroit avec le cartel bancaire.

Une fois de plus, les citoyens devront payer la note pour la mauvaise gestion des deniers publics par leurs gouvernements (exemple du Bail in pour Chypre, et sans doute en Grèce), trop occupés à satisfaire les intérêts particuliers des lobbys et des corporations. Si vous souhaitez résister contre l'avènement de ce nouveau totalitarisme économique, nous vous invitons à signer la pétition qui sera adressée au gouvernement.

Handcuffs

Loi renseignement : l'illusion de l'État de droit

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Le Conseil constitutionnel vient de confirmer que tous les récits français sur l'État de droit ne relèvent que de la pure mythologie.

« Au plan des principes, le contrôle de constitutionnalité affecte donc la démocratie et tend à lui substituer une nomocratie » - Jean Gicquel

Si le professeur émérite, par l'emploi de ces termes, déplorait l'affaiblissement du légicentrisme et la soumission des pouvoirs publics à une hiérarchie normative trop restrictive, force est de constater que le Conseil constitutionnel vient de mettre un terme à ses craintes. Par une décision du 23 juillet 2015, ceux qu'on surnomme bêtement les sages ont définitivement validé la quasi-totalité des dispositions d'une loi qui constitue un véritable attentat à l'encontre de nos libertés individuelles

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Propagande climatique : mythes, peur exponentielle et réchauffement... fiscal

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Il y a quelques jours, Benoît Rittaud, professeur de mathématiques à l'université Paris XIII et habitué de nos colonnes, a donné une conférence à l'Assemblée nationale sur la peur exponentielle dans le domaine du réchauffement climatique. Elle s'inscrit dans le cadre du collectif des climato-optimistes (le nom pourrait évoluer dans les prochaines semaines), qui vise à porter la contradiction aux thèses défendues par le GIEC d'ici la COP21, pour en limiter les effets potentiellement désastreux.

Qu'est-ce que la peur exponentielle ?

Nous invitons les lecteurs qui voudraient approfondir la question à se reporter à la lecture des articles suivants (celui-ci et celui-là). Nous pouvons résumer ce concept en expliquant qu'il s'agit d'un néo-malthusianisme, fondé sur l'idée que les progrès économiques et techniques, sans cesse en accélération, devraient finir par se heurter à la réalité d'un monde aux ressources limitées, provoquant l'effondrement de la civilisation.

À travers quatre idées largement répandues sur la question climatique, Benoît Rittaud va prendre des données officielles et montrer qu'elles sont ainsi largement exagérées, voire mensongères.

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France : cette Loi Renseignement largement validée par le conseil constitutionnel

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En validant la quasi-totalité des mesures de surveillance prévues par la loi sur le renseignement votée le 25 juin dernier, le Conseil constitutionnel légalise la surveillance de masse et avalise un recul historique des droits fondamentaux. Les boîtes noires algorithmiques sont validées. Seule la surveillance internationale a été jugée non conforme à la Constitution.

Champ d'application, boîtes noires, éviction du juge, non protection du secret professionnel des avocats et autres professions protégées, ainsi que du secret des sources des journalistes, absence de toute transparence sur les abus constatés : la quasi-totalité des dispositions de la loi sur le renseignement sont déclarées conformes à la Constitution. Seule la surveillance internationale est censurée, ce qui risque paradoxalement de conforter les services de renseignement dans leurs pratiques sans aucune base légale.

Cette décision est extrêmement décevante. Les juges du Conseil constitutionnel ont décidé d'écarter sommairement les nombreux arguments soulevés dans la dizaine de mémoires transmis au Conseil constitutionnel par de nombreux acteurs de la défense des droits fondamentaux. Elle intervient alors qu'aujourd'hui encore, le comité des droits de l'Homme des Nations-Unies a publié un rapport condamnant vertement cette loi dangereuse.

À rebours de la vague de censure des législations européennes sur la surveillance, qui sont dénoncées les unes après les autres par de nombreuses juridictions, le Conseil constitutionnel a démissionné de son rôle de garant des droits et libertés. En refusant d'instaurer un contrôle effectif des services de renseignement, il consacre de fait un recul historique de la vie privée et de la liberté de communication, et contribue ainsi à saper les fondements même de la démocratie.

Ce soir, la raison d'État s'est brutalement imposée à l'État de droit.

Nous continuerons cependant le combat contre cette loi scélérate et toutes celles qui suivront partout où nous le pourrons, en particulier devant les institutions et juridictions européennes. Et puisque la France en est arrivée là, nous aiderons les citoyens à se protéger contre la surveillance de leur propre gouvernement.

Stock Down

Imagination et télévision

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De nombreuses inventions intégrant aujourd'hui notre quotidien laissent apparaître tôt ou tard leurs effets néfastes (modification de nos perceptions, introduction de matières nocives dans notre environnement, etc).

Voici l'illustration par excellence, le symbole de notre société de consommation : la télévision. A ses balbutiement dans les années 1950, la télévision a réussi à pénétrer 75% des foyers américains en seulement 7 ans, contre 14 ans pour la radio, 23 ans pour le réfrigérateur, 48 ans pour l'aspirateur, 52 ans pour l'automobile, 67 ans pour le téléphone et plusieurs siècles pour le livre, avant d'en arriver au même taux d'équipement.

Nombreux étaient les sociologues qui voyaient alors en cet objet un outil révolutionnaire qui allait offrir la culture, le savoir et réduire l'échec scolaire jusqu'à contrebalancer le poids des inégalités sociales. Il est maintenant estimé, d'après une étude récente, qu'au-delà du temps perdu devant un écran, les effets (sur l'alimentation et le cycle du sommeil entre autre) de chaque heure de télévision réduiraient d'environ 22 minutes l'espérance de vie des individus de plus de 25 ans.