Récompensée pour « soixante ans de paix ». On croit rêver. Une vaste et mauvaise plaisanterie. D'abord l'Union n'a pas soixante ans. Le Traité de Rome et la création d'une Communauté économique européenne date de 1957. Traité qui n'a pas changé de nom jusqu'au 1
er déc. 2009 et l'entrée en vigueur du Traité de Lisbonne... lequel, par un tour de passe-passe, l'a rebaptisé « Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne ».
Au mieux, l'Union n'a que vingt ans et naît en 1992 à Maëstricht. Il aura fallu quarante sept ans après les invasions et les prodigieuses dévastations anglo-soviéto-américaines, pour que l'agglomérat européen que nous connaissons aujourd'hui commence à se structurer quelque peu. Mais en quoi cet « ensemble gazeux » dont se gaussait ainsi l'ex ministre socialiste des Affaires étrangères, Hubert Védrine, a-t-il contribué à la paix au cours des soixante dernières années ? À part le jury du Prix Nobel de la Paix réuni à Oslo (à Stockholm pour les autres disciplines), lequel a décidément du bran dans les yeux, vraiment qui peu gober ça ?
Sophistes et sophismesBien sûr les sophistes ne manquent pas de souligner l'extinction des conflits intra européens durant les Trente glorieuses, autrement dit les sinistres années de Guerre froide. À l'Est, l'on se tenait coi dans le
frigo collectiviste. Passons sur la révolte hongroise d'octobre 1956 et sa répression, passées par pertes et profit. À l'Ouest l'Europe - en tout cas les pays qui la composent, mais l'Europe est-elle autre chose que la somme de ses membres
1 ? - les guerres extérieures font rage. Mais extérieure ou intérieure, la guerre c'est la guerre. Après la fin des guerres dites de libération - Indochine 1945, Corée 1950, Madagascar 1947, Algérie 1954, Suez octobre 1956, Angola 1961, Mozambique 1964... pour les plus marquantes. Il n'est pas d'année sans que s'ouvre un nouveau front de guerre périphérique dans lequel l'un ou l'autre état européen ne soit peu ou prou engagé.